Européennes 2024 : ce qu'il faut retenir du premier débat réunissant les sept principales têtes de liste
La campagne pour les européennes 2024 a pris une nouvelle tournure. Jordan Bardella (Rassemblement national), qui avait boudé les débats du 10 avril et du 14 mars, a répondu présent, ce dimanche 5 mai, aux côtés de ses six principaux concurrents, Valérie Hayer (Renaissance), Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique), Manon Aubry (La France insoumise), Marie Toussaint (Les Écologistes), François-Xavier Bellamy (Les Républicains) et Marion Maréchal (Reconquête!), en lice pour le scrutin du 9 juin.
Autour de quatre principaux thèmes, les têtes de liste ont débattu pendant plus de deux heures lors de l'émission Le Grand Jury, coorganisée par RTL, Le Figaro, M6 et Paris Première. Retrouvez les arguments de chacun sur chacun de ces sujets.
Les enjeux de la défense européenne
L'envoi potentiel de troupes françaises en Ukraine, comme évoqué par Emmanuel Macron à plusieurs reprises, a évidemment été abordé rapidement. Pour François-Xavier Bellamy, "il faut évidemment soutenir [Kiev]", mais "avec des armes et des munitions". La candidate du camp présidentiel, Valérie Hayer, n'a pas exprimé clairement sa pensée sur ce sujet précis, mais a tout de même défendu la vision du Président en rappelant le risque d'un conflit ouvert avec la Russie.
Puis elle a détourné la discussion en pointant du doigt les positions "ambiguës" du RN avec Moscou. Elle a jugé "honteux" le "soutien" du parti d'extrême droite à la Russie, en rappelant que sa tête de liste n'avait "jamais soutenu les condamnations [du Parlement européen] contre l'emprisonnement de l'opposant russe" Alexeï Navalny, mort en prison depuis. Tour à tour, l'ensemble des candidats ont pris Jordan Bardella pour cible. Marie Toussaint l'a notamment qualifié d'"agent de l'étranger", critiquant le positionnement de Jordan Bardella au Parlement européen, qui n'a "jamais voté en faveur de se libérer du gaz russe". Ce à quoi Jordan Bardella s'est contenté d'expliquer vouloir "soutenir l'Ukraine et éviter l'escalade avec la Russie".
Au sujet du conflit entre Israël et le Hamas, une vive passe d'armes a opposé Manon Aubry à François-Xavier Bellamy. "Je suis consterné de voir que LFI capitalise sur l'apologie du terrorisme", a lancé ce dernier avant de se voir rétorquer par la tête de liste LFI : "Un mort civil dans la bande de Gaza ne vaut-il pas un mort civil en Ukraine ?"
Le défi écologique
Sur ce thème, le débat a essentiellement porté sur la crise agricole opposant les deux partis d'extrême droite aux candidates Renaissance et écologiste. Les premiers ont dénoncé l'excès de "normes et de contraintes toujours plus difficiles pour [les] agriculteurs". Les secondes ont justifié ces réglementations en mettant en avant le fait qu'ils étaient les "premières victimes du changement climatique". Valérie Hayer a d'ailleurs rappelé que la dernière renégociation de la politique agricole commune (PAC) avait, parmi ses objectifs, l'ambition "d'accompagnement [de ces acteurs] dans la transition environnementale".
Environnement : "Il faut sortir de l'austérité", assure @marietouss1, alors que @MarionMarechal dénonce "un délire écologique". #LeGrandJury #RTL pic.twitter.com/swqrD0Z6wt
— RTL France (@RTLFrance) May 5, 2024
L'immigration et la protection des frontières du continent
Manon Aubry a défendu l'accueil des migrants et dénoncé la politique "inhumaine et inefficace" de l'Union européenne face à Jordan Bardella et Marion Maréchal-Le Pen qui ont, tous deux, déclaré être favorables aux refoulements des embarcations de migrants. "Notre pays est devenu un guichet social pour l'immigration du monde entier", a déploré le candidat RN. François-Xavier Bellamy a également, sans détour, fustigé le "trop d'immigration en France".
Marie Toussaint a alors justifié une immigration économique en affirmant "qu'on a besoin de l'immigration". De son côté, Raphaël Glucksmann a appelé à mettre fin à cette "hypocrisie". "Elle crée le chaos et l'indignité pour les êtres humains", a asséné la tête de liste socialiste.
La guerre économique face à la Chine
À quelques heures de l'arrivée du président Xi Jinping, Raphaël Glucksmann, dont le dernier mandat au Parlement européen a été marqué par la défense des Ouïghours (minorité musulmane persécutée et réduite à l'esclavage par le régime chinois), a appelé à la "fermeté" vis-à-vis de la "concurrence déloyale" de la Chine. Une vision partagée par la tête de liste LR qui dénonce une "stratégie de destruction de l'économie européenne" par Pékin.
Marie Toussaint a, quant à elle, vendu un "Buy Green and European Act", une préférence européenne pour les marchés publics. L'écologiste a également défendu l'extension de la taxe carbone aux frontières de l'Europe.
La candidate de la majorité a, de son côté, justifié l'accueil du président chinois, rétorquant qu'on "a besoin aussi de la Chine sur un certain nombre de sujets comme la lutte contre le changement climatique".