Un gouvernement LR - macronistes ? Est-ce vraiment possible ?

Un gouvernement LR - macronistes ? Est-ce vraiment possible ? Toujours en quête d'un Premier ministre "consensuel", la gauche cède du terrain aux Républicains. Emmanuel Macron pourrait opter pour un gouvernement de coalition Renaissance-LR.

Alors que la gauche tarde à dévoiler le nom d'un éventuel Premier ministre et à en faire la proposition à Emmanuel Macron, un autre scénario pourrait se mettre en place. En effet, au centre et à droite, plusieurs personnalités plaident pour un accord entre Les Républicains et Renaissance, le parti présidentiel, une alliance qui pourrait être la clé d'une nouvelle majorité à l'Assemblée nationale.

Selon l'institut de sondage Elabe, 231 députés Ensemble (alliance du camp Macron), LR, Divers droite ou UDI ont été élus au Parlement ce dimanche 7 juillet après les élections législatives anticipées. De quoi constituer une nouvelle majorité relative. Attention, aucune majorité absolue n'est envisageable, même dans le cadre d'une alliance entre les macronistes et LR. Voilà pourquoi, si l'opposition le souhaite, la moindre motion de censure pourrait tout faire voler en éclats.

"Nous tendons la main aux Républicains"

Quel sera le rôle des LR dans les jours à venir ? Avec une soixantaine de députés à l'Assemblée, la droite a sauvé les meubles lors des dernières législatives, au moins au niveau local. Selon une enquête Ipsos - Talan, 70 % des électeurs de gauche se sont reportés sur le candidat LR dans le cadre d'un duel LR-RN, et près de 80 % des électeurs macronistes. De quoi redonner un peu de poids à une formation politique malade. "LR est mort" disait même Aurélien Pradié, ancien numéro 2 des LR et qui a claqué la porte du parti le 26 juin dernier, en rupture totale avec la décision d'Eric Ciotti de se rallier au RN.

De quoi gouverner avec Renaissance ? "Le pays est à droite. On doit gouverner à droite. Et ne pas avoir de coalition avec La France insoumise et le Nouveau Front populaire" indiquait Gérald Darmanin auprès de BFMTV. "Nous tendons la main aux Républicains. Je le dis depuis deux ans, je souhaite qu'on travaille avec eux" lançait de son côté Benjamin Haddad, député Ensemble et ancien secrétaire national de l'UMP, toujours au micro de BFMTV. Cette option apparaît comme possible sur le papier, mais si un accord était trouvé, le futur gouvernement pourrait toutefois tomber par une motion de censure si elle venait à être votée par le Nouveau Front populaire (182 députés) et le Rassemblement national et alliés (147 députés). Réunis (329 députés), les deux groupes formeraient un ensemble plus important que la nouvelle alliance majoritaire de l'Assemblée nationale, à savoir Renaissance et LR avec 231 élus.

Pour rappel, majoritaires au Sénat, Les Républicains ont pu, par le passé, servir de véritables alliés pour la Macronie sur certains textes, sans qu'il ne soit jamais vraiment question d'un accord entre les deux parties. De quoi crédibiliser encore un peu plus, une éventuelle alliance entre les deux dans ce contexte inédit que vit le pays.

Edouard Philippe emballé, certains ténors LR grincent des dents

Un ralliement aux macronistes mettrait en minorité le Nouveau Front populaire. Xavier Bertrand, le président du Conseil régional des Hauts-de-France, s'est dit favorable à "un gouvernement provisoire de la République". Inversement, Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs de droite, a estimé sur le réseau social X dimanche soir que "seule la droite libre et indépendante" était en mesure de proposer "une véritable alternative pour redresser le pays". Invité sur TF1 mardi soir, l'ex-Premier ministre, Édouard Philippe, est revenu sur les résultats des législatives et les soubresauts que connaît la politique française ces dernières semaines. Dénonçant une dissolution de l'Assemblée nationale "mal préparée" par Emmanuel Macron, le patron d'Horizons a estimé qu'aujourd'hui, le pays est "très difficilement gouvernable" et a plus que jamais besoin de "stabilité". Dans ce contexte, Édouard Philippe a défendu l'idée d'une coalition allant "de LR à Renaissance".

Une position qui n'est visiblement pas partagée par tous chez LR. Au Figaro, un ténor du parti assurait ce mardi encore : "Nous l'avons redit en réunion de groupe, ce matin : nous refusons toute coalition. Arithmétiquement, cela n'a pas de sens car, avec les macronistes, nous serions 200-220 à l'Assemblée. Et politiquement, nous ne tenons à gouverner ni avec la macronie, ni avec la gauche." Qui plus est, selon lui, "céder à la coalition" reviendrait à "donner le monopole de l'opposition à Marine Le Pen".

Un Premier ministre LR : le vrai consensus à droite

En revanche, tous sont d'accord sur une chose, le Premier ministre doit faire partie des Républicains. Pour Xavier Bertrand, le nouveau gouvernement serait dirigé par un Premier ministre issu de LR pour "plus de sécurité et moins de migration", afin de "mettre un coup d'arrêt au Nouveau Front populaire, que Mélenchon prétend victorieux". 

Dans les colonnes du Figaro, mardi soir, l'ex-patron des députés Les Républicains Olivier Marleix a confié croire, "à titre personnel, que le président Macron devrait nommer un Premier ministre issu des Républicains", reprenant une idée également avancée par Xavier Bertrand sur France 2. Et Olivier Marleix de préciser les conditions de cette nomination : "Je ne parle pas de débauchage individuel, mais d'un Premier ministre capable de composer une majorité incluant ceux qui se réclament de la droite, du centre et des valeurs républicaines." Alors, qui ? Pas de nom précis évoqué par Olivier Marleix, qui a préféré insister sur ce point : "Ce serait un choix du président de la République, mais qui ne peut choisir qu'un dirigeant des LR validé par notre groupe".

Reçu mardi soir à l'Élysée par Emmanuel Macron, le patron du Sénat Gérard Larcher pourrait-il finalement être nommé à Matignon ? Interrogé par Le Figaro, un poids lourd de la droite sénatoriale a rapidement évacué l'idée. "J'exclus l'hypothèse Larcher à Matignon car on a impérativement besoin d'un pôle de stabilité au Sénat, c'est de l'ordre de l'intérêt national", affirme-t-il. Au Sénat, une autre voix a confirmé ces propos. Pour elle, Gérard Larcher était mardi soir à l'Élysée avant tout pour "écouter ce que [voulait] lui dire le président, et lui rappeler sans doute la position du groupe au Sénat", à savoir : "pas de coalition".