Conclave des retraites : sans accord, Bayrou promet de "trancher"
Après un premier bilan dressé par le Premier ministre, le conclave des retraites n'a toujours pas abouti à un accord. Lors de sa conférence de presse du jeudi 26 juin, François Bayrou a invité les partenaires sociaux à prolonger les négociations ayant déjà mené à des progrès "impressionnants" selon lui. Une invitation déjà déclinée par la CFDT. "Nous ne voulons pas de nouvelles séances de négociations", a déclaré la patronne du premier syndicat français, Marylise Léon, le 27 juin. Le syndicaliste estime que les blocages restants concernent "deux éléments extrêmement importants et structurants des discussions", mais elle refuse de revoir sa position sur ces deux désaccords à savoir : la réparation pour la pénibilité du travail et le financement de certains changements à la réforme des retraites.
François Bayrou a effectivement indiqué en conférence de presse que si le conclave avait abattu un "travail remarquablement utile", il restait deux points d'achoppement sur des sujets dont la résolution est toutefois "à portée de main" selon lui". Le premier sujet est donc la recherche de réparation pour la pénibilité du travail pour laquelle les syndicats souhaitent ouvrir des droits à des départs anticipés pour les salariés exposés, mais le patronat préfère traiter le sujet au cas par cas sur reconnaissance médicale. L'autre point de désaccord porte sur le "financement de ces changements" approuvés ou non. Des accords ont été trouvés à hauteur de 500 millions chacun, l'un pour la pénibilité dans le cadre des accidents du travail et des maladies professionnelles et l'autre pour la rationalisation possible du cumul emploi retraite. "Mais il n'y a également pas encore un accord trouvé pour boucler les mesures de financement des mesures de justice et de retour à l'équilibre, estimées à 400 millions d'euros" a détaillé François Bayrou.
"On tranchera" sur les retraites, promet Bayrou
Face à ce premier refus à la poursuite des négociations, le Premier ministre a prévenu en marge d'un déplacement à Briançon le vendredi 27 juin : si les partenaires sociaux "considèrent que ce n'est plus leur heure", "on tranchera". "Nous avons montré que la démocratie sociale pouvait défricher le chemin. Au bout du chemin, le gouvernement prendra sa décision", a encore ajouté François Bayrou qui assurait déjà la veille que ce texte sur les retraites sera soumis au vote du Parlement lors de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026 à l'automne prochain.
Une décision qui répond aux exigences des oppositions réclamant l'examen du texte par les députés et les sénateurs. Elle pourrait aussi préserver le Premier ministre de la censure, car la menace a été brandie par la gauche après l'échec du conclave. Le PS a d'ailleurs déposé une motion de censure et l'a maintenu après la conférence de presse de François Bayrou. Toutes les forces de gauche pourraient soutenir la censure, mais le texte aurait peu de chance d'aboutir sans le soutien du RN, à moins d'un revirement. Quant au chef du gouvernement, il "n'imagine pas" que le PS, "parti de Jacques Delors et Michel Rocard", en fasse un "objet de censure".
Pas d'accord, mais plusieurs avancées sur les retraites
Le chef du gouvernement a été forcé de reconnaître que malgré les consultations supplémentaires, le conclave "n'a pas débouché sur un accord immédiat". Il a toutefois insisté longuement que le "travail remarquablement utile" et s'est dit "impressionné par les progrès qui ont été faits". Le Premier ministre a assuré que les syndicats et le patronat ont accepté de ne pas revenir sur le recul de l'âge de départ à 64 ans, contre 62 ans anciennement. Un point qui a de quoi surprendre au regard de l'opposition unanime des syndicats à cette mesure en 2023. La CGT est encore fermement opposée à cette idée, mais a été écartée du conclave après avoir elle-même quitté la table au début des négociations. François Bayrou a énuméré les sujets sur lesquels tous les participants au conclave sur les retraites se sont accordés :
- Le retour de l'équilibre à l'horizon 2030 pour assurer la sauvegarde de notre système par répartition ;
- La non-remise en cause des conditions d'âge fixées par la loi de 2023 et le recul de l'âge de départ de 62 à 64 ans :
- L'amélioration de la condition des personnes face à l'âge d'annulation de la décote pour diminuer l'âge de départ à la retraite à taux plein à 66,5 ans ;
- L'amélioration des droits à la retraite des femmes ayant eu des enfants en leur permettant de calculer leur droit sur les 23 ou 24 meilleures années selon le nombre d'enfants au lieu des 25 meilleures années ;
- La meilleure prise en compte de la pénibilité du travail avec la réintégration de trois critères de pénibilité ergonomique en plus des autres.
17:04 - "Pas de nouvelle négociation" pour la CFDT
La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, rejette la proposition de François Bayrou de reprise des négociations : "Nous ne voulons pas de nouvelles séances de négociation" alors que "le conclave est terminé depuis lundi".
"Si à un moment, le gouvernement veut trouver une voie d'équilibre, il faut qu'il comprenne que, pour mon organisation, il n'y a pas de voie de passage sans la réparation sur la pénibilité, avec le dispositif qu'on a proposé", a-t-elle précisé.
Le Premier ministre a répondu dans les heures qui ont suivi que le gouvernement tranchera.
16:38 - Bayrou invite à la négociation, mais promet de "trancher"
Au lendemain de l'invitation lancée par François Bayrou aux syndicats pour reprendre les négociations sur les retraites jusqu'à la mi-juillet, la CFDT qui est le 1er syndicat français a décliné la proposition estimant que le conclave était terminé. En réponse, le Premier ministre a assuré lors d'une visite à Briançon que si les partenaires sociaux "considèrent que ce n'est plus leur heure", la gouvernement "tranchera". "Nous avons montré que la démocratie sociale pouvait défricher le chemin. Au bout du chemin, le gouvernement prendra sa décision", a-t-il ajouté le Premier ministre précisant que le Parlement votera ce texte lors du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2026, en octobre prochain.