Conclave des retraites : Bayrou lance une nouvelle idée, la CGT se moque
Après quatre mois de discussions intenses, le "conclave" des retraites s'est terminé par un constat d'"échec", annoncé par les partenaires sociaux lundi 23 juin au soir. Syndicats et patronat n'ont pas réussi à trouver un terrain d'entente afin d'apporter des "améliorations" à la réforme des retraites de 2023, qui a repoussé l'âge l'égal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Mais François Bayrou refuse de se résigner "si près du but". Le Premier ministre a annoncé qu'il allait recevoir de nouveau les partenaires sociaux dès la matinée du 24 juin. Le but ? Trouver une "voie de passage". "Je peux naturellement comprendre qu'on constate un échec lorsqu'on est sur des positions radicalement différentes ou opposées. Mais je ne peux pas accepter sans réagir qu'on se satisfasse d'échouer si près du but", affirme-t-il ce matin.
François Bayrou considère que "notre devoir est de ne pas baisser les bras et de tout faire pour permettre de dépasser un tel blocage." "C'est pourquoi j'ai décidé d'inviter les organisations [de salariés et patronales] qui ont travaillé ensemble durant ces quatre mois à me rencontrer dès ce matin pour rechercher une voie de passage dans l'intérêt de notre pays", explique-t-il. Il affirme avoir déjà échangé lundi soir avec la plupart des organisations concernées et espère une reprise du dialogue.
La CGT "sent que ce matin c'est 'panique à bord' à Matignon"
"On sent que ce matin, c'est panique à bord à Matignon", a taclé Sophie Binet sur RMC. La secrétaire générale de la CGT accuse le Premier ministre de chercher avant tout à "prolonger son bail", tout ça dans "l'improvisation la plus totale".
La CGT, qui avait quitté la table des négociations dès la mi-mars, a assuré qu'elle participera à la réunion, à condition d'y être invitée. "Bien sûr" que la CGT sera présente, "pour porter la voix des millions de salariés qui n'en peuvent plus de cette réforme et pour redire qu'il n'y a pas d'autre voie que l'abrogation de la réforme", a affirmé Sophie Binet à la radio.
Mais la syndicaliste a prévenu : "La question des retraites, ça ne peut pas être un sujet de manœuvres comme veut le faire aujourd'hui le Premier ministre." Elle a fustigé la gestion des négociations par François Bayrou : "Il n'a rien fait pour que les discussions puissent être conclusives, au contraire, il nous a mis des bâtons dans les roues en disant que les discussions ne pouvaient pas porter sur l'abrogation des 64 ans alors que c'était le principal sujet. Il essaie de jouer les prolongations pour se maintenir au pouvoir", a ajouté la syndicaliste assurant également vouloir "taper du poing sur la table face au patronat qui se croit tout permis".
François Bayrou a affirmé, pourtant, que des points d'entente existaient entre les partenaires sociaux, notamment sur le calcul des droits à la retraite des mères de famille, la décote autour de 66,5 ans, ou encore la réintégration de critères de pénibilité. Mais pour la CGT, ces avancées sont largement insuffisantes : "La question centrale, c'est l'abrogation des 64 ans et la seconde c'est 'qui paie'? Le patronat a refusé de passer à la caisse en imposant que ce soit les retraités qui soient mis à contribution", a insisté Sophie Binet.
La CFDT et la CPME seront présents
L'agenda des rencontres n'a pas encore été communiqué par Matignon, mais les modalités sont connues : les trois syndicats de salariés, CFDT, CFTC et CFE-CGC, seront reçus ensemble, tout comme les représentants du patronat, Medef et CPME, selon les services du Premier ministre.
Marylise Léon, numéro un de la CFDT, a confirmé sa participation ce mardi 24 juin à la matinal de TF1. Elle a toutefois précisé ne pas "être en négociation avec le premier ministre", tout en pointant "les lourdes responsabilités" du patronat dans l'échec des négociations.
La CPME, deuxième organisation patronale, sera "bien évidemment" présente à la réunion convoquée par François Bayrou sur les retraites, "avec la volonté de trouver un accord", selon son président, Amir Reza-Tofighi. "On sera au rendez-vous, pour qu'on puisse aider à trouver une voie de passage", a-t-il précisé sur BFM Business.