Ces activités développées pour les jeunes par les Frères musulmans pour les embrigader
La présence du mouvement des Frères islamistes en France inquiète le gouvernement. Au point que le président de la République a demandé un rapport sur la mouvance frériste et l'islamisme politique, lequel conclut à une propagation du mouvement. "Cet entrisme islamiste est une menace pour la République et notre cohésion nationale", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, le mardi 20 mai après la fuite d'une version déclassifiée du rapport dans Le Figaro.
Si le rapport fait état du nombre de personnes proches des Frères musulmans en France, il précise aussi les stratégies utilisées par le groupe pour étendre son influence et accroître le nombre d'adeptes. Certaines manœuvres datent des années 1990 et sont bien connues, elles s'organisent autour de mosquées où les imams sont eux-mêmes adeptes de la mouvance frériste ou avec des offres de cours d'éducation coranique. Mais le groupe a cherché à développer son influence dans d'autres cercles, à commencer par le "secteur éducatif [qui] apparaît comme la priorité de la branche française des Frères musulmans", écrit le rapport. Ses auteurs ont compté "21 établissements identifiés comme liés à la mouvance 'frériste' (18 directement et 3 réputés proches)" pour un total de 4 200 élèves accueillis dans ces écoles, selon des chiffres de 2023.
Ce n'est pas une surprise de voir les Frères musulmans miser sur la jeunesse pour gonfler leurs rangs. Ils sont d'ailleurs au-delà du cadre scolaire et ont investi les réseaux sociaux avec des influenceurs qui "sont souvent une première porte d'entrée dans la découverte de l'islam et sont devenus le lien entre les idéologies islamistes et les jeunes francophones européens". Une vingtaine d'influenceurs ayant un impact significatif a été identifiée et ces nouveaux prédicateurs, "formés par les premiers cadres religieux de la mouvance et (..) sujets d'une hybridation avec le salafisme, permettent une large diffusion de l'islamisme.
Commerces, sports, assos, emplois... Tout un "écosystème" frériste
En misant sur l'éducation et les réseaux sociaux, les Frères musulmans se donnent les moyens de pénétrer la psyché des jeunes qu'ils visent pour en faire des adeptes fidèles. Mais le groupe souhaite jouer de son influence dans tous les aspects de la vie quotidienne en mettant au point "d'encadrer la vie du musulman de sa naissance à sa mort". Pour cela, il met sur pied des "écosystèmes au plan local" qui incluent toutes les sphères dans lesquelles les personnes sont susceptibles d'évoluer avec toujours comme point de départ une mosquée acquise à la mouvance frériste.
L'objectif est d'installer des "commerces communautaires" qui peuvent être variés, mais aussi des activités sportives qui s'adresse encore une fois à la jeunesse. "Les voyages, le développement personnel, l'aide à l'emploi ou les sites de rencontres font partie de l'éventail des activités développées", détaille le rapport au sujet des champs d'action investis par les Frères musulmans. Multiplier les cercles d'influence permet au groupe d'augmenter son périmètre de prosélytisme, mais aussi de confiner les adeptes dans une communauté où l'idéologie islamiste est prégnante, voire majoritaire. A ces diverses activités, peut s'ajouter le travail d'associations caritatives islamistes. Une trentaine d'organisations de ce type ont été identifiées à l'échelle nationale par les auteurs du rapport, dont 16 dirigées par des salafistes et 4 proches de la mouvance frériste.
Les Frères musulmans choisissent avec soin les endroits dans lesquels ils déploient ces écosystèmes : "dans des quartiers à majorité musulmane généralement paupérisés, le plus souvent territoire d'intervention prioritaire de la politique de la ville", souligne le rapport. Dans ces endroits, le groupe "répond à des besoins de la population" et peut de fait plus facilement jouer de son influence et embrigader des adeptes. La méthode des Frères musulmans s'étend sur l'ensemble du pays, mais le mouvement est plus prégnant dans certaines régions comme "Rhône-Alpes, le Grand Est, en Île-de-France, dans le Nord et dans les Bouches-du-Rhône".