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Jacques Tardi, le polar dessiné

Jacques Tardi a marqué les esprits avec la série "Adèle Blanc-Sec" et avec les albums consacrés à la première guerre mondiale. Il a toujours su s'entourer des auteurs qu'il aime, ceux d'une littérature populaire.

Naissance d'Adèle et de Nestor

Jacques Tardi est né en 1946, ses premières années vécues dans l'Allemagne de l'après-guerre marquent son parcours. Il étudie les beaux-arts à Lyon, puis les Arts décoratifs à Paris, et fait ses débuts dans le journal BD "Pilote". En 1972, Tardi travaille avec Christin, ils publient ensemble "Rumeurs sur le Rouergue" en 1976 chez Futuropolis.
La même année Tardi entre chez Casterman, maison d'édition à laquelle il restera fidèle pendant presque 30 ans. La série des "Extraordinaires aventures d'Adèle Blanc-Sec" connaît un vif succès. Le neuvième album, "Le mystère des profondeurs", paraît en 1998. Il adapte aussi les écrits de Léo Malet, dans la série des "Nestor Burma", un détective flegmatique. En 1982 paraît "Brouillard au pont de Tolbiac" qui sera suivi de "120, Rue de la gare" en 1988, "Casse pipe à la Nation" en 1996 et enfin "Une gueule de bois en plomb".

Le choix des auteurs

Jacques Tardi a ses auteurs préférés : il adapte polars et romans policiers, souvent dans un Paris détaillé. Il travaille en collaboration avec Jean-Patrick Manchette qui écrit le scénario de "Griffu" en 1982, avec Didier Daeninckx en 1997 sur la réalisation de "La Der des Ders". Pour "La débauche", il écrit avec Daniel Pennac, dont les couvertures de romans seront par la suite souvent illustrées par Tardi. La création sera fructueuse aussi avec Jean Vautrin, dont il adapte "Le cri du Peuple".
Mais Tardi est aussi et surtout hanté par la guerre de 14-18, dont les récits de son grand-père tourmentaient ses rêves. C'est l'oeuvre de Louis Ferdinand Céline qui le marque très fortement. Il illustre "Voyage au bout de la nuit" en 1988, puis "Casse-pipe" en 1989, et enfin "Mort à crédi"t en 1991. La guerre de 14-18, sujet qu'il fouille tout au long de sa carrière, est restituée dans toute son horreur avec l'ouvrage C'était la guerre des tranchées.

Georges Gerfaut, un cadre décadré

En 2005, Tardi revient avec "Le petit bleu de la côte ouest", qu'il a adapté du roman noir d'Yves Manchette. La BD prend pour thème le "malaise des cadres", un sujet d'actualité dans les années 1970. Mais il ne s'agit pas d'histoire, plutôt d'un arrière fond, d'un trait du personnage. Tardi a conservé le texte de Manchette, un choix qu'il n'avait pas fait pour "Le cri du peuple" et "Nestor Burma", séries pour lesquelles il avait réécrit les textes de Jean Vautrin et Léo Malet. Pour Tardi, "le texte de Manchette est sec, raide, sans fioritures. Il n'y a rien de spectaculaire dans son écriture", et donc rien à changer pour coller aux cases. Certains passages n'attendaient plus que d'être illustrés, comme celui de l'énumération des objets du coffre des tueurs.
Avec cet album, Tardi renoue avec son goût pour le polar. Il dessine un héros qui se trouve là par hasard, peu concerné par les choses qui lui arrivent : il surmonte les dangers presque malgré lui. Un cadre un peu décadré, dont on ne révélera pas la fin de l'aventure, mais il faut savoir que Tardi "préfère les histoires qui se terminent en eau de boudin".

 
L'oeuvre de Tardi chez Casterman

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