Des millions de royalties et une fortune colossale : les héritiers de Charles Aznavour ont profité d'une belle astuce fiscale
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Des millions de royalties et une fortune colossale : les héritiers de Charles Aznavour ont profité d'une belle astuce fiscale

Cent ans après sa naissance et six ans après sa mort, Charles Aznavour est encore bankable. Et ce n'est pas pour déplaire à ses héritiers qui gèrent un véritable empire...

Des shows un peu partout en France, dont un concert événement diffusé sur France 3 fin 2024, un film consacré à sa vie avec un Tahar Rahim époustouflant dans le rôle principal, des rues et des places rebaptisées dans plusieurs villes, un Grand échiquier spécial qui lui est consacré sur France 2 ce jeudi 29 mai 2025... Alors que Charles Aznavour aurait 100 ans et qu'il a quitté la scène en octobre 2018, il est encore au coeur de nombreux projets et hommages. Avec quelques millions d'euros à la clé en billetterie, cachets, droits de diffusion, ou publicité.

Mais c'est sans doute les droits d'auteurs qui impressionnent le plus quand on sait que les oeuvres de la légende de la chanson, qui était à la fois auteur et compositeur, sont encore massivement diffusées à la télévision comme à la radio. Anecdote parmi d'autres sur ce succès toujours phénoménal : Charles Aznavour est aujourd'hui l'artiste français le plus samplé du monde, comme le rappelait Radio France il y a peu.

Sa musique et sa voix ont été reprises récemment par les DJ à l'affiche des cérémonies des JO l'été dernier, mais aussi par Bad Bunny, rappeur portoricain aujourd'hui le plus streamé sur la planète. Avant, ce sont des artistes tels que Passy ou même Dr Dre, dans "What's The Difference" en 1999, qui reprenaient le fond sonore de "Parce que tu crois" et d'autres monuments de la chanson. De son vivant, Aznavour l'assurait : "les rappeurs et les slameurs écrivent merveilleusement notre langue". Et ils le lui rendent donc bien...

La rappeur Bad Bunny a sorti "Monaco" en octobre 2023, basé sur un sample de "Hier encore". © Alberto E. Tamargo/Sipa USA/SIPA (publiée le 10/10/2024)

10 millions d'euros de royalties par an

Radio France a estimé fin 2023 que Bad Bunny devrait reverser 50% des droits d'édition aux héritiers de Charles Aznavour, Mischa Aznavour, sa soeur Katia, son frère Nicolas et leur demi-soeur Seda, qui gèrent tous les quatre l'énorme patrimoine laissé par la star. Au total, les royalties (sommes versées à ses ayants droits à chaque fois qu'un morceau d'Aznavour est diffusé) représenteraient  plus de 10 millions d'euros par an.

Dans Gala, Mischa Aznavour se confiait alors sur ce sujet sensible, assurant que "tout se décide en commun" avec ses frère et sœurs et "en bonne entente, pour que les projets n'interfèrent pas les uns avec les autres". Il faut dire que l'héritage a été bien préparé par la légende de la chanson. "Mon père avait tout organisé avant son départ. Il souhaitait qu'on n'ait aucun souci", expliquait encore Mischa Aznavour.

De la Suisse au Luxembourg, une fortune très bien gérée

Comme le révélaient Mediapart et le quotidien belge Le Soir en 2018, Charles Aznavour a effectivement pensé à tout. Résidant en Suisse, connue pour sa fiscalité accommodante, le chanteur avait créé dès 2007 une société au Luxembourg, baptisée Abricot SA, chargée de la gestion de ses droits d'auteur. Une façon d'échapper au Fisc selon le site d'investigation. Unique actionnaire au départ, il en transférera la propriété à ses héritiers Seda et Nicolas Aznavour en 2016 et à son épouse Ulla. Une façon de bénéficier du droit luxembourgeois et d'éviter les droits de succession sur un patrimoine global estimé en mai dernier dans la presse à 145 millions d'euros.

Quelques semaines avant sa mort, Charles Aznavour assurait dans Sept à Huit qu'il ne voulait pas que ses héritiers "se battent pour une cuillère ou une fourchette", ce qui n'a pas empêché quelques vexations. "Pour vous donner une idée, on avait une forêt à Montfort-l'Amaury, que j'adorais. Je voulais qu'il me la laisse, mais il ne voulait rien entendre. Il disait : 'Ce n'est pas constructible, je vais la vendre, tu ne vas pas savoir quoi en faire...'", a aussi confié Mischa Aznavour.

La famille Aznavour a aussi dû gérer la vente de la propriété du chanteur à Mouriès, en Provence : "Cela a été près de trente ans de la vie de mon père, mais ce n'est pas un endroit qu'on a trop connu. En même temps, j'aurais bien gardé Mouriès pour y faire le musée Aznavour. Parce que, Erevan, c'est un peu comme la tombe de Johnny à Saint-Barth : c'est trop loin pour les fans", a reconnu l'héritier.