François Klein "Le plus rude c'était au Kirghizistan et en Mongolie, là où on a eu les plus belles expériences aussi"

Le voyage a duré 10 mois. Partis de Lyon, ils ont rejoint l'Espagne pour ensuite traverser l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie. Deuxième étape : la Turquie, la Géorgie, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Chine, la Mongolie et la Russie... 


 L'Internaute Magazine : Vous avez traversé les pays arabes en pleine révolution. Comment s'est passée la traversée ? Pas trop d'appréhension ?

François Klein : Je suis issu d'une famille très sécuritaire où il faut calculer tous les risques... Effectivement il y a eu beaucoup d'angoisse quant au départ mais nous avons rassuré notre entourage en leur affirmant que nous serions prudents. Nous n'avons donc pas forcément été partout. Nous avons vécu au jour le jour pour voir comment les choses se passaient. Nous nous sommes renseignés sur les risques éventuels avec la révolution arabe, mais aussi sur tous les phénomènes météorologiques car il y a toujours plusieurs menaces. Au final, si on prend en compte tous les dangers, après on ne part plus !

joie à notre arrivée au caire !
Joie à notre arrivée au Caire ! © François Klein et Matthieu Delaunay

 L'Internaute Magazine : Comment trouviez-vous de quoi vous hébergez ou vous nourrir ?

François Klein : On ne cherchait pas forcément à être hébergés, on allait à la rencontre des populations locales juste pour faire des photos, pour parler avec eux. Parfois les portes s'ouvraient spontanément : on nous offrait un thé puis un dîner et à coucher. Les trois quarts du temps, on dormait à la belle étoile et on mangeait des soupes de nouilles. Il faut dire que l'on a traversé beaucoup de déserts... On a fait un tour à vélo aussi pour éviter les villes car se faire héberger gracieusement dans une ville est très difficile...


 L'Internaute Magazine : Vous n'étiez pourtant pas très équipés...

François Klein : On portait 35 kilos chacun, 45 kilos quand on traversait les déserts pour être en autonomie complète avec de l'eau et de la nourriture. Autrement on achetait au fur et à mesure car on trouvait des épiceries partout. Nous avions été justement très étonnés de trouver autant d'épiceries, tout comme d'arriver à se connecter à Internet un peu partout ! C'est vraiment bluffant de voir comme tout le monde est aujourd'hui équipé, il n'existe plus vraiment d'endroits où l'on vit en autarcie. 


 L'Internaute Magazine : Dans quel pays parcouru avez-vous rencontré le plus de difficultés ?

François Klein : On a été agressés au couteau en Algérie parce qu'ils nous avaient pris pour des espions ou des journalistes. On s'est fait supprimer toutes nos photos. Mais les moments les plus difficiles que l'on a connu, ce sont les deux accidents de Matthieu : le premier accident s'est produit au tout début du périple, dans la ville française de Cerbère à la frontière espagnole. Matthieu est tombé la tête la première sur un muret et s'est fracturé la mâchoire en trois. On est reparti directement après son hospitalisation à Perpignan. Le moment le plus dur, ça a vraiment été quand il a fallu repartir juste après cet accident. Le scénario s'est répété en fin de voyage sur les bords du lac Baïkal en Russie où Matthieu a connu une chute qui aurait pu être mortelle. On nous a emmenés à l'hôpital d'Irkoutz où on a rencontré pas mal d'incompréhensions et un mauvais diagnostic. On a alors été rapatriés une première fois sur Moscou et enfin il a été rapatrié en France le 5 octobre 2011 tandis que moi, j'ai continué le périple tout seul dans les pays baltes.

assoiffés dans le désert du taklamakan, nous sommes accueillis dans un chantier
Assoiffés dans le désert du Taklamakan, nous sommes accueillis dans un chantier pour y partager une pastèque puis un bon repas. © François Klein et Matthieu Delaunay

 L'Internaute Magazine : Les chemins devaient être souvent impraticables à vélo, notamment dans les déserts...

François Klein : Le plus rude c'était au Kirghizistan et en Mongolie, là où on a eu les plus belles expériences aussi. Parfois, il y a du sable et il faut pousser le vélo, parfois il n'y a pas de pistes et il faut prendre la boussole pour se repérer... En Chine, on a fait du vélo sur l'autoroute parce que c'est permis. Il y avait des stations-services partout pour nous donner à boire et nous ravitailler. Au final, le plus dur a été la chaleur et le paysage très monotone (montagne sur la gauche et désert sur la droite pendant des kilomètres). Le climat a été le plus insupportable, avec le soleil qui tape sur la tête en permanence : on a connu de très grosses chaleurs en Chine, dans le désert du Taklamakan, où la température est montée à 52 degrés. On n'a pas eu très froid au final durant notre tour du monde, mais plutôt très chaud, notamment dans ce désert et aux abords de la mer Morte.