Les perles du discours de Kadhafi

Alors que la Libye est ébranlée par la contestation, Mouammar Kadhafi a prononcé un discours pour le moins confus, où les menaces de répression sanglante ont cotoyé les pires aberrations... Florilège.

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Mouammar Kadhafi © Union européenne, 2011

Pendant une heure et demie le 22 février 2011, Mouammar Kadhafi s'est exprimé depuis sa résidence familiale à la télévision d'Etat. Le dictateur, qui dirige la Libye d'une main de fer depuis plus de 41 ans, a tenté de s'accrocher au pouvoir en menaçant les manifestants d'un véritable bain de sang et en appelant ses partisans à se mobiliser en sa faveur. Depuis dix jours, le pays vit un soulèvement historique et le régime n'hésite pas à envoyer les blindés voire l'aviation pour bombarder les insurgés.

Tandis que les morts se comptent par centaines dans le pays, le "Guide de la révolution" libyenne, parlant de lui à la troisième personne, a multiplié les dénis, les approximations, les promesses de "boucherie", et les déclarations insensées. Voici quelques unes des phrases choc de cette allocution.

"Mouammar Kadhafi ne se retirera pas comme l'ont fait d'autres présidents."
 

"La révolution est un sacrifice à vie jusqu'à la fin."
 

"C'est nous qui avons créé ce pays."
 

"Nous avons défié les Etats-Unis, toutes les puissances nucléaires dans le monde. Nous avons vaincu tout le monde."
 

"Je suis au dessus des postes des chefs d'État, je suis un révolutionnaire, je suis un Bédouin"
 

"Je vais mourir en martyr."
 

"Je conduis l'Afrique, l'Amérique du Sud, le monde..."
 

"Mouammar Kadhafi n'est pas un être normal contre qui on peut mener des manifestations."
 

"Ils sont en train de manipuler vos enfants en les armant, en les droguant."
 

"Je suis du côté de la volonté du peuple."
 

"Les jeunes ont été drogués et isolés par leur famille."
 

"Nous n'avons pas encore utilisé la force. On le fera s'il le faut."
(NDLR : au moment où il s'exprimait, on dénombrait déjà plusieurs centaines de victimes.)

 

"Quand on aura besoin d'utiliser la force, j'en donnerai l'ordre."
 

"Si j'étais président, j'aurais démissionné. Mais je n'ai pas de titre, je n'ai que moi-même et mon fusil."
 

"Moi je n'ai peur de rien. [...] Moi je suis quelqu'un qui arrive à faire face."
 

"C'est moi qui ai créé Benghazi. Vous êtes en train de détruire cette ville."
(NDLR : La ville de Benghazi, fief de l'opposition, serait aux mains des insurgés.)

 

"Tous ceux qui sont derrière une guerre civile doivent être condamnés à mort, ainsi que ceux qui touchent à l'indépendance du pays."
 

"Il s'agit d'une révolution populaire. [...] Je suis à la tête de cette révolution populaire."
 

"On aurait pu utiliser des chars et des avions. On va commencer ce travail cette nuit."
 

"Je n'ai pas d'argent, tout ce que je veux c'est las prospérité de la Libye."
 

"Moi-même, quand j'étais jeune, j'ai participé à des manifestations pacifiques, je n'ai rien cassé."
 

"Nous avions le pétrole, le bonheur, et maintenant nous sommes en train de brûler notre pays."

Au lendemain de cette allocution, la communauté internationale a durci le ton. Nicolas Sarkozy a notamment demandé l'adoption rapide de "sanctions concrètes" de l'Union européenne contre le régime du colonel Kadhafi.