Copé-Fillon : accords secrets, tractations, colères... Le contenu de leurs conversations révélé

Copé-Fillon : accords secrets, tractations, colères... Le contenu de leurs conversations révélé Le Canard Enchaîné dévoile aujourd'hui la teneur des entretiens ultra-confidentiels entre François Fillon et Jean-François Copé pour trouver une issue à la crise de l'UMP. Croustillant.

[Mis à jour le 12 décembre 2012, à 18h08] La cinquième rencontre entre Jean-François Copé et François Fillon dans la crise qui les oppose depuis 4 semaines à l'UMP a eu lieu ce mardi, à l'Assemblée nationale. L'échange a duré un peu plus d'une demi-heure et n'a pas permis de débloquer la situation. Quand François Fillon prône des élections avant l'été, laissant entendre qu'il pourrait ne pas être candidat, Jean-François Copé s'accroche à son poste. Pour lui, aucun vote ne peut être organisé avant 2014, le parti devant désormais se focaliser sur la campagne des municipales. Si cette succession d'entretiens a lieu généralement à huis-clos, cela n'empêche pas les médias de révéler le contenu des entretiens par bribes. Ainsi, ce mercredi, le Canard Enchaîné en dit plus sur les échanges houleux des deux "duellistes".

Pour l'hebdomadaire satirique, les deux ennemis de l'UMP sont d'accord sur une chose : le fait qu'ils sont dans une "impasse". Aucun ne souhaite céder de terrain et tous les deux restent persuadés d'avoir été "volés" lors de l'élection calamiteuse du 18 novembre dernier pour la présidence de l'UMP. Du coup, selon le Canard, il ne resterait plus à Jean-François Copé et à François Fillon qu'à parler de "l'accessoire". D'abord, si nouveau vote il y a, ce dernier serait organisé par un autre organisme que le parti. François Fillon aurait déjà obtenu un devis de la Poste pour qu'elle prenne éventuellement en charge la logistique du scrutin. Il serait aussi beaucoup question d'argent lors des discussions Copé-Fillon. Les deux protagonistes ont convenu d'un partage équitable du butin parlementaire de l'UMP. La dotation de 47 000 euros et la réserve parlementaire de 130 000 euros, versées par l'Assemblée à chaque député, seront bien reversées par les élus aux finances de l'UMP, alors que Copé pouvait encore craindre le contraire en novembre. En revanche, le pactole sera ensuite réparti équitablement entre les deux camps, le RUMP de François Fillon en récupérant la moitié. Autre point d'accord entre les deux hommes : ne pas céder à la pression de Nicolas Sarkozy. Ce dernier leur a fixé un "ultimatum" la semaine dernière pour mettre fin à la crise. Un ultimatum que les deux ont, de concert, superbement ignoré. Les démarches de Nicolas Sarkozy feraient d'ailleurs bien rire Copé et Fillon, tous les deux en pleine émancipation vis-à-vis de l'ancien "patron" de la droite. Il serait même, selon la presse, l'un de seuls motifs de détente lors de ces conversations tendues.

Mais il y a aussi des points de friction : lors des tractations, Jean-François Copé aurait proposé à François Fillon la présidence du groupe parlementaire de l'UMP à l'Assemblée, en lieu et place de Christian Jacob. Une offre que l'ancien Premier ministre aurait refusée. La présidence d'un "intergroupe parlementaire" regroupant UMP et RUMP est aussi évoquée par le Canard Enchainé.

Les entretiens ont failli virer au clash quand la question judiciaire a été posée. Alors que François Fillon menace depuis plusieurs jours de porter plainte au civil pour les fraudes qui l'auraient privé de la victoire, Jean-François Copé a menacé d'en faire autant, mais au pénal cette fois. Selon le Canard Enchaîné, l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy se serait alors "fâché tout rouge" jouant la surenchère à son tour et menaçant de poursuivre Copé pour un certain nombre de "délits". La réconcialisation semble donc encore bien loin.

Le 18 novembre dernier, François Fillon et Jean-François Copé étaient arrivés au coude à coude à l'issue du vote des militants UMP pour élire leur président. Pendant que les deux adversaires proclamaient chacun de leur côté leur victoire, pointant des fraudes du camp adverse, une crise larvée s'installait dans le parti. Le 19 novembre, la commission électorale de l'UMP (Cocoe), chargée de recompter les bulletins, donnait Jean-François Copé vainqueur avec 98 voix d'avance sur son rival. Ce dernier devenait, de fait, président de l'UMP. Mais depuis, l'entourage de François Fillon conteste ce nouveau verdict, révélant que des votes ont été oubliés dans le comptage. La Cocoe reconnaitra dans un communiqué son erreur : trois circonscriptions d'outre-mer n'ont pas été "prises en compte". Depuis, François Fillon exige un nouveau vote, ce que refuse Jean-François Copé, certain de sa légitimité. Ce qui a poussé l'ancien Premier ministre a créer son propre groupe à l'Assemblée, le "Rassemblement UMP" (RUMP). Malgré les médiations d'Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy, aucune issue n'a jusqu'à présent été trouvée pour résoudre la crise.

EN VIDEO - Au lendemain d'un cinquième rendez-vous non concluant avec François Fillon, le président proclamé de l'UMP Jean-François Copé a indiqué mercredi 12 décembre qu'il ferait "un certain nombre d'annonces" début janvier.

"Copé mise sur la trêve des confiseurs pour "apaiser les esprits""