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BIOLOGIE
 
Mai 2006

Gripper le fonctionnement des cellules malignes

La chirurgie et l'irradiation sont efficaces lorsque les cancers sont limités à une région de l'organisme. La chimiothérapie et l'hormonothérapie permettent de s'attaquer aux cellules disséminées.

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On les appelle antimitotiques, cytostatiques, ou cytotoxiques. Actuellement, plus de cinquante médicaments différents sont utilisés pour altérer le fonctionnement des cellules cancéreuses. Et notamment, leur multiplication.

Agir sur les divisions

Car ces cellules malades passent leur temps à se diviser, sans écouter les signaux envoyés par le corps, qui contrôle normalement les divisions. Certains médicaments, donc, agissent sélectivement sur les cellules en division. Une chance : les cellules cancéreuses le sont en permanence. Une contrainte : ce ne sont pas les seules à se multiplier.

Par exemple, les cellules qui fabriquent les globules blancs, dans la moelle des os, ou celles qui produisent les cheveux, sont elles aussi des productrices de cellules. Or, les traitements chimiques ne font pas la différence. D'où une sensibilité accrue aux infections et une perte de cheveux pour les patients qui subissent une chimiothérapie.

Une cellule cancéreuse passe son temps à se multiplier. Les chimiothérapies agissent sur certaines étapes de cette reproduction . © L'Internaute

Que sont ces médicaments ? Des produits à actions différentes sur le cycle cellulaire, la mitose, et notamment sur la synthèse d'ADN. On les nomme agents alkylants, anti-métabolites, alcaloïdes végétaux, inhibiteurs de la topoisomérase, et antibiotiques antitumoraux.

Avec eux, moins de divisions

Comparons l'ADN à une échelle. Lors du cycle cellulaire, cette échelle se scinde en deux. Puis chaque partie (ou brin d'ADN) sert d'ébauche à la reconstitution d'une nouvelle échelle complète. Eh bien les agents alkylants (cisplatine, chloroambucil) ajoutent un groupe chimique dans cette échelle qu'est l'ADN, liant ainsi deux barreaux entre eux. Par conséquent, les deux brins d'ADN ne peuvent plus se séparer : la cellule ne peut plus fabriquer d'ADN, ni se diviser.

Les anti-métabolites empêchent à la cellule de fabriquer certaines bases azotées, c'est-à-dire de nouveaux barreaux d'échelle. Lorsque la cellule cherche à répliquer son ADN, elle ne trouve pas les matériaux nécessaire et ne peut donc pas se diviser. Citons par exemple, le 5-fluoro-uracile (5FU) qui inhibe la synthèse de thymine (une base).

Les alcaloïdes, dérivés de végétaux, bloquent la division cellulaire en empêchant modifiant et désorganisant le squelette de la cellule. Par exemple, le taxane, issu de l'if, rend la cellule incapable de répartir correctement ses chromosomes dans ces cellules filles. Elles ne seront pas viables.

Enfin, les inhibiteurs de la topoisomérase (irinotécan, amsacrine). Les topoisomérases sont des enzymes essentielles qui maintiennent l'ADN enroulé sur lui-même. L'inhibition de ces molécules gène à la fois la transcription et la réplication de l'ADN en dérangeant le super enroulement de l'ADN.

Il existe aussi beaucoup d'antibiotiques antitumoraux différents. Certains se lient à l'ADN en s'accrochant à 2 barreaux adjacents et en les empêchant de se séparer par exemple.

Dans les 20 dernières années, des progrès très importants dans le traitement des cancers ont été obtenus grâce à la chimiothérapie, plus particulièrement dans la maladie de Hodgkin, les leucémies aiguës, les tumeurs de l'enfant, les tumeurs des os, les cancers du testicule… De nouveaux médicaments apparaissent régulièrement, permettant de mieux traiter de nombreux cancers et la liste est loin d'être close.

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