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BIOLOGIE
 
Mai 2006

Fortifier le système immunitaire

A priori, cela paraît impossible. Comment en effet trouver un vaccin anti-cancer puisque l'ennemi vient de l'intérieur et ne peut donc pas être reconnu comme étranger par l'organisme?

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Lors d'un vaccin "normal", on injecte des molécules appelées antigènes contre lesquelles le corps doit "apprendre" à se défendre. Facile donc de vacciner contre un virus ou une bactérie : ces microbes comportent des substances inconnues des cellules, facilement reconnues comme étrangères. Mais les cellules cancéreuses ?

Comment détruire de manière spécifique les cellules cancéreuses d'un patient en stimulant ses propres défenses immunitaires ? Les débuts de l'immunothérapie dans le traitement des cancers ont été difficiles, car on ne connaissait pas de substances à effet spécifique sur les cellules cancéreuses. Depuis, on a identifié, dans les cellules cancéreuses, des protéines, les antigènes, capables de déclencher une réaction de défense. Biologistes et médecins cherchent donc à les utiliser en guise de vaccins.

Plusieurs types de "vaccins"

Depuis les années 80, on connaît des substances appelées interleukines. Elles agissent en stimulant des lymphocytes, variétés de globules blancs qui peuvent reconnaître et détruire les cellules cancéreuses. Depuis 1987, l'interleukine 2 est utilisée, de façon encourageante, contre les cancers du rein et dans certains cancers des ganglions.

L'injection d'anticorps spécifiques peut aider le système immunitaire à se débarasser de cellules cancéreuses. Mais cela ne lui apprend pas à se défendre seul. © L'Internaute

 

Autre solution, injecter des anticorps. Ils sont normalement produits par les lymphocytes B (globules blancs) quand ils sont alertés de la présence d'un antigène. Mais l'industrie pharmaceutique sait également les produire. Elle sait notamment fabriquer des anticorps dits monoclonaux, qui ne reconnaissent qu'un seul antigène.

Certains de ces "vaccins" sont autorisés dans le traitement de certains cancers. Ce n'est pas vraiment une vaccination puisque qu'on n'apprend pas à l'organisme comment se défendre. Mais ça fonctionne.

Par exemple, certains cancers du sein surexpriment l'antigène HER2. Il suffit alors d'injecter anticorps anti HER2 (le médicament s'appelle trastuzumab) pour que les cellules cancéreuses soient détruites par le système immuniatire. Le cetuximab, lui, se lie spécifiquement à EGFR, facteur de croissance impliqué dans les cancers du côlon et du poumon.

"Pour réussir à vacciner contre le cancer, il faudrait passer à une immunothérapie active"

Les résultats d'études cliniques sont très encourageants. Mais il s'agit d'immunothérapies passives : les anticorps ont une action temporaire, sans effet mémoire. Pour réussir réellement à vacciner contre le cancer, il faudrait passer à une immunothérapie active : trouver un "vrai" vaccin qui mobilise des cellules tueuses (lymphocytes T) spécifiquement programmées pour agir contre la tumeur ou ses métastases.

A quand les vaccins actifs ?

L'idée est donc de stimuler le système immunitaire du patient et particulièrement certains globules blancs, ses lymphocytes T pour qu'ils reconnaissent et détruisent les cellules malignes.

Les cellules de certains cancers comme les mélanomes expriment différents antigènes, cibles du système immunitaire, dont l'un (baptisé NA 17) de façon quasi systématique. Pourquoi ne pas créer un vaccin utilisant cet antigène comme molécule de reconnaissance ? Il serait ensuite injecté dans l'organisme grâce à un vecteur comme un virus sans danger, afin que le système de défense apprenne à reconnaître et à détruire les cellules qui expriment cet antigène. Un premier essai clinique a eu lieu, un second est lancé.

Régulièrement, des découvertes de nouveaux antigènes spécifiques offrent de nouveaux candidats à la vaccinothérapie. La protéine MAGE-3 est ainsi exprimée dans 74 % des mélanomes métastatiques et dans 47 % des cancers du poumon. Un futur vaccin ?

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