Elle est trop bavarde, c'est en fait ce qu'il lui reproche souvent. Et c'est vrai que les femmes sont bien plus loquaces que leurs homologues masculins. Elles prononcent, en moyenne, 20 000 mots par jour alors que les hommes, eux, n'en disent que 7 000. Pendant des années, on a trouvé de (faux) prétextes biologiques pour normaliser cette différence. Qu'en disent les neurosciences aujourd'hui ?
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| L'aire de Broca est la zone cérébrale dédiée au langage. © L'Internaute |
La science de la rumeur
La rumeur court depuis les années 70 que les femmes sont bien plus douées que les hommes pour les tâches verbales. Langage plus précoce, plus développé, plus nuancé, ce qui n'était qu'un simple constat de fait a été traqué par les neurobiologistes. Et voilà qu'en 1995, la preuve en est soi-disant faite. En effet, une certaine Sally Shawith, de la très réputée université de Yale, montre dans une de ses études que, si les femmes ont le sens de la parole, c'est parce que leurs deux hémisphères cérébraux sont activés au cours de cet exercice. Alors que seul l'hémisphère gauche, où se loge l'aire de Broca, la zone dite du langage, est sollicité chez les hommes.
Pour résumer, le langage chez les femmes demande l'utilisation du cerveau entier et chez l'homme juste le cerveau gauche.
Etonnant. Le cerveau est clairement latéralisé. En gros, le côté gauche gère la motricité du côté droit du corps et inversement. Qu'il existe des zones spécifiques au langage, d'accord. Mais pourquoi, selon le sexe, ces fonctions se déplacent alors que le cerveau est le même ?
Le cerveau hors de cause ?
Donc au sortir des années 90, l'explication donnée est que la femme active ses deux hémisphères cérébraux pendant une activité linguiste. Et cette compétence est due, selon la croyance, à des hormones féminines : les strogènes. Un peu court comme explication
Du coup, les scientifiques s'acharnent à vérifier l'hypothèse bancale. Déjà en s'aidant des progrès de l'imagerie cérébrale et surtout en effectuant des études sur des échantillons plus significatifs.
En 2004, une très grosse étude, publiée dans la revue américaine Brain (vol.127) fait enfin le point : aucune différence significative n'est observée.
Les femmes ne font pas plus appel à leurs deux hémisphères lors des activités de parole, leur cerveau fonctionne exactement comme celui des hommes.
Mesdames, ne vous réjouissez pas trop vite. Le constat de base est toujours d'actualité : les femmes sont bien plus bavardes que les hommes. Simplement, cette spécificité n'est pas due à une différence de fonctionnement cérébral. Il ne s'agit pas d'une différence biologique. L'explication est sans doute à trouver du côté de l'apprentissage. Les petites filles passent plus de temps à papoter dans les cours d'école qu'à se défier physiquement. En quelques sortes, les femmes sont davantage sollicitées, et surtout plus tôt, pour l'acte de paroles.
En savoir plus Le langage, privilège de l'Homme ?
