Résultat de Julien Odoul aux régionales : le grand déçu du 1er tour

Résultat de Julien Odoul aux régionales : le grand déçu du 1er tour Le candidat du Rassemblement national en Bourgogne-Franche-Comté, Julien Odoul crée la déception pour son parti. Il est devancé par Marie-Guite Dufay, candidate sortante PS et obtient seulement 17,41% des voix.

Les résultats du ministère de l'Intérieur sont désormais définitifs en Côte d'Or, Marie-Guite Dufay (LDVG) "creuse l'écart" à 29,99% des voix. La candidate sortante du PS est suivie de Gilles Platret (LLR) à 17,41%. Julien Odoul (LRN) obtient 16,19% des suffrages exprimés. La montée de la gauche crée la surprise ce dimanche 20 juin. Le candidat du Rassemblement national était favori des sondages pour ces élections régionales, il y a encore quelques jours. "Le gouvernement n'a rien fait pour rendre lisible cette élection" a-t-il déclaré sur BFMTV en ajoutant qu'il invite "les électeurs LR" à le rejoindre au deuxième tour". Tout semble encore jouable pour le gran déçu de cette soirée électorale.

Julien Odoul fait partie de ces politiques au parcours en dents de scie, il a côtoyé les bancs de différentes familles politiques depuis ses débuts en 2006. A l'époque, il rejoint le PS pour soutenir la candidature de Laurent Fabius aux primaires de la gauche et le quitte un an plus en 2007. Il ne revient en politique qu'au bout de deux ans en adhérant au parti du Nouveau Centre et entame son chemin progressif vers la droite, dont il se rapproche davantage en 2012 en troquant le NC pour l'Union des démocrates et indépendants (UDI). L'année 2014 marque la rencontre entre le politique et Marine Le Pen et le passage de Julien Odoul dans les rangs de Front national. C'est sous l'étiquette du parti lepéniste qu'il obtient son premier mandat électoral au sein du Conseil régional de Bourgogne-France-Comté et y prend la tête du groupe RN en 2017 lors du départ de sa prédécesseure, Sophie Montel. Cette année, le conseiller sortant se présente pour présider le même conseil.

La tête de liste du Rassemblement national a dû essuyer les coups pendant sa campagne entre des vidéos rejaillies du passé, les accusations portant sur un emploi fictif, ses commentaires sur le suicide d'un agriculteur et le désamour de ses propres colistiers. Julien Odoul a systématiquement trouvé une réponse à ce qu'on lui reprochait et se montrait confiant quant à l'impact que ces affaires pouvaient avoir sur les intentions de vote. La Bourgogne-Franche-Comté est une région sur laquelle le parti de Marine Le Pen mise beaucoup.

Faire de la sécurité une compétence régionale

Comme ses homologues dans d'autres région, le candidat du RN mise en premier lieu sur la sécurité comme l'indique le nom de sa liste : " Pour une région qui vous protège". Un sujet qu'il aborde à chacune de ses interventions, son projet est de faire de la sécurité une compétence de la Région. " La région a déjà les moyens pour agir contre les violences et l'insécurité : police régionale des transports, soutien à l'équipement des polices municipales, vidéo-protection des lycées, fonds de soutien aux victimes et aux femmes battues… nous le ferons ! ", explique-t-il dans son programme. Le candidat va jusqu'à combiner l'idée de développement et d'aides financières à la politique sécuritaire en défendant l'instauration de subventions " sécu-conditionnées ". L'autre grand point sur lequel la tête de liste fait entendre son avis concerne la question de l'éolien. Le candidat y est fermement opposé, il promet de ne plus en construire mais également de faire en sorte de retirer celles déjà installées : " Elles défigurent nos paysages et sont un danger pour la biodiversité : je prononcerai un moratoire sur leur installation et nous engagerons un démantèlement des éoliennes déjà installées en soutenant des recours ". Sur le volet environnemental, le candidat souhaite passer pas un référendum régional pour valider la politique à adopter. Julien Odoul mise sur le rééquilibrage du territoire pour redonner des perspectives à la ruralité et pour permettre un accès à la santé dans toute la région.

Quel résultats aux régionales ?

Attention, un sondage ne donne qu'une indication sur l'opinion à un instant T, tout peut changer. Les différentes polémiques ne semblaient pas tâcher les scores du candidat lepéniste dans les sondages. Le dernier en date publié le 9 juin et réalisé par Ipsos Sopra Steria pour France 3 créditait Julien Odoul de 28% des suffrages le hissant à la première place. Gilles Platret et Marie-Guite Dufay arrivaient en suivant avec 21% des intentions de vote et Denis Thuriot pour La République en Marche faisait office de quatrième homme pour le second tour. L'écologiste, Stéphanie Modde, et Claire Rocher de Lutte Ouvrière étaient données avec des scores de 8 et 2% 

Pour le deuxième tour les sondages donnaient l'avantage à la socialiste et présidente sortant, l'enquête Ipsos lui prêtait 32% des voix contre 29% pour le frontiste. Le républicain, Gilles Platret terminait troisième avec 21% et Denis Thuriot fermait la marche sur un score de 18%.

Un candidat peu soutenu par ses colistiers

Si Marine Le Pen est bien derrière sa tête de liste en Bourgogne-Franche-Comté, ce n'est pas le cas de tous les élus du groupe RN dans la région. La première marque de désamour a été initiée par Franck Gaillard, conseiller régional sortant et colistier de Julien Odoul mais nommé en neuvième position, soit à une place inéligible en cas de défaite. Visiblement irrité par la décision du candidat, l'élu a ouvertement appelé les électeurs - y compris ceux du RN - à ne pas voter pour la liste du parti et à s'abstenir. "Nous avons eu un différend avec Julien Odoul pendant le mandat. Il prône les élus locaux de terrain. Mais il m'a mis à une place non-éligible en cas de défaite. J'estime avoir toute ma place au sein du conseil régional même en cas de défaite pour l'implantation locale. [...] Je pense que c'est une grosse erreur politique de ne pas mettre les locaux en avant de la scène. Monsieur Odoul s'est pris pour un chef parisien en faisant une liste comme il voulait" expliquait Franck Gaillard au France 3, le 31 mai. D'autres conseillers partageaient cet avis, mais ce boycott non dissimulé venu de l'intérieur ne semblait pas inquiéter Julien Odoul qui a balayé ses critiques d'un revers de la main : "Je n'ai pas envie de réagir. Je n'ai pas de temps à perdre avec cela. Je me concentre sur la campagne". Une semaine plus tard, trois autres ex-conseillers ont porté un nouveau coup contre le représentant du RN. Ils l'ont accusé d'employer une collaboratrice de façon fictive dans une lettre adressée au procureur de la République de Dijon. Selon Le Monde, les signataires indiquent ne jamais avoir croisé la jeune femme en question dans les bureaux et notent un "décalage de deux mois entre sa date d'embauche et sa prise de fonctions".

Une plaisanterie de mauvais goût ?

Le vendredi 4 juin, Libération a retranscrit les remarques d'élus, dont Julien Odoul, sur les suicides d'agriculteurs lors d'une réunion interne du parti en 2019. La rédaction, en possession d'un enregistrement sonore où certains passages sont difficilement audibles, explique qu'alors que le suicide d'un éleveur est au centre de la conversation, la tête de liste intervient pour demander : "Est-ce que la corde est française ?", avant que des rires ne se fassent entendre. L'intéressé a d'abord dit "ne pas se souvenir de l'échange" mais s'est plus tard défendu de parler d'un "loup" et non de l'éleveur. Il appuie son explication sur la phrase de Jacques Ricciardetti qui précédait sa plaisanterie mais à moitié inaudible : " … de l'agriculteur qui se pend au faîtage de son hangar. Doit-il y avoir une trace ? S'est-il pissé dessus ?" Marine Le Pen a elle-même repris cette défense le 6 juin sur la plateau du Grand Jury de RTL. "Vous ne pouvez pas faire autrement que de voir qu'il ne parle pas du tout du suicide des agriculteurs. Il parle du loup, des défenseurs du loup. (…) C'est très grave d'utiliser ce type de méthode" a-t-elle souligné avant de dénoncer un "déversement (…) de boules puantes " et de " manipulations (…) indignes".

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