Les mots de Joël Le Scouarnec, la voix tremblante, pour ses victimes décédées

Les mots de Joël Le Scouarnec, la voix tremblante, pour ses victimes décédées L'ancien chirurgien s'est exprimé sur ses victimes décédées, lors de sa dernière audience ce mardi 20 mai.

Ce mardi 20 mai, Joel Le Scouarnec s'exprimait pour la dernière fois avant le verdict attendu le 28 mai. Au cours de l'audience, la présidente de la cour criminelle du Morbihan a interrogé l'ex chirurgien : "Vous est-il arrivé de penser parfois à certaines des victimes ?" L'ancien chirurgien, accusé de 299 viols et agressions sexuelles, principalement sur des mineurs, a répondu : "C'est la souffrance des victimes dont j'ai pris la mesure. J'ai dévasté leur vie. Je vois encore certaines personnes qui m'ont particulièrement bouleversé. J'ai souvenir d'une personne fragile, petite, j'ai souvenir d'une personne effondrée. Je ne sais plus leur nom."

Il a également partagé le souvenir de deux de ses victimes décédées, de jeunes hommes dont les photos avaient été projetées au cours d'audiences précédentes, selon France Inter. "(Ils) sont morts : j'en suis responsable", a-t-il lâché à la barre, la voix tremblante. L'un est Mathis Vinet, décédé d'une overdose en 2021, un suicide présumé selon ses proches. L'autre homme a été retrouvé pendu en 2020.

"Oui, je me sens responsable de la souffrance des victimes de mes actes", a affirmé l'accusé d'une voix lente et posée. Depuis le début du procès le 24 février, Joël Le Scouarnec est resté impassible, livrant des propos courts et répétitifs, comme le rapporte France Bleu. Les parties civiles l'ont souvent accusé d'exprimer des regrets mécaniquement, sans sincérité. Il a tenté de s'en expliquer : "C'est parce qu'il y a une répétition, mais mon ressenti est toujours le même. Je ne sais pas comment faire pour tenter de réparer le mal que j'ai fait."

"C'est une perpétuité qu'il faudrait prononcer"

Le 20 mars dernier, l'ancien chirurgien a reconnu l'ensemble des faits pour lesquels il est jugé, ainsi que d'autres, aujourd'hui prescrits ou faisant l'objet d'une nouvelle procédure. Parmi eux : des violences sexuelles sur sa petite-fille, révélées en pleine audience. Il a indiqué ne plus pouvoir se regarder "de la même façon". Tout ce qu'il voit, c'est "un pédocriminel et un violeur d'enfant".

Les psychologues chargés de le diagnostiquer ont estimé qu'un risque de récidive ne peut être écarté. "Pour moi, tout ceci n'est plus possible, mais personne ne peut présager de ce qu'il sera", a admis l'homme de 74 ans. Lorsque la présidente lui a demandé s'il imagine une vie hors de prison, lui qui purge déjà 15 ans de réclusion pour des viols sur mineurs jugés en 2020 à Saintes (Charente-Maritime) et risque jusqu'à 20 ans, il a répondu : "Non, non." Avant d'ajouter : "Mais si on considère que l'homme que je suis aujourd'hui est le même que celui que j'ai été, c'est une perpétuité qu'il faudrait prononcer."