Vol au Louvre : tous les suspects interpellés, l'espoir de trouver les bijoux intacts se renforce
Les quatre membres présumés commando ayant cambriolé le Louvre le 19 octobre 2025 ont été retrouvés et mis en examen. Si deux premiers coups de filets avaient permis de mettre la main sur trois suspects fin octobre, il a fallu une troisième série d'interpellations survenue le 25 novembre pour arrêter tous les suspects du "casse du siècle". Ayed G. et Abdoulaye N. ont été les premiers arrêtés et sont suspectés d'avoir pénétré la galerie Apollon du Louvre pour voler plusieurs bijoux de la Couronne française. Slimane K. est le troisième suspect soupçonné d’avoir piloté l’un des deux scooters utilisés pour le casse. Quant au quatrième suspect, il est suspecté d'avoir pris la fuite avec le butin de 88 millions d'euros à bord d'un utilitaire blanc après le braquage. Il est la meilleure piste des enquêteurs pour retrouver les traces des bijoux volés.
Les quatre individus ont été mis en examen pour "vol en bande organisée" et "association de malfaiteurs". Ils sont tous originaires ou domiciliés à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et trois d'entre eux se connaissent bien.
Si deux des trois premiers individus interpellés ont reconnu lors de leur garde à vue avoir participé au vol du Louvre, ils ont également avoir agi sur les ordres d'un commanditaire qui n'a pas toujours pas été identifié à ce jour. L'un d'eux a précisé aux enquêteurs que quelques jours avant le braquage, deux hommes "à l’accent slave" lui auraient proposé un contrat pour un cambriolage sans préciser qu'il s'agissait du musée du Louvre pour la somme de 15 000 euros rapporte Le Parisien. Les enquêteurs envisagent encore toutes les pistes, notamment celle d'un vol commandité par un collectionneur d'art, appuyée par une information envoyée à l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) mais non recoupée, et celle d'un donneur d'ordres issu de la criminalité organisée.
Les bijoux du Louvre peuvent-ils encore être retrouvés ?
Le fait que le cambriolage du Louvre ait été commandité donne de l'espoir quant aux chances de remettre la main sur les bijoux volés, en particulier si un collectionneur d'art se trouve derrière la manoeuvre. Un tel commanditaire aurait peu d'intérêt à dépiécier les bijoux de la Couronne que ce soit pour les ajouter à une collection personnelle ou pour les vendre à un autre collectionneur peu scrupuleux. En revanche, si le vol a été pensé par un réseau de criminalité organisée traditionnel dans l'objectif de revendre les bijoux, les chances de retrouver les joyaux de la Couronne se réduisent. "Le seul moyen d'écouler et de blanchir ces pièces serait effectivement, ce qui est pour nous le cauchemar absolu, de dépecer les objets, de les dessertir, de retailler les diamants", expliquait Me Alex Giquello, président de Drouot auprès de France Info. Le spécialiste ajoutait toutefois qu'un tel chantier "nécessite des complicités qui, à mon avis, vont hésiter à se mêler à cette opération".
Les enquêteurs cherchent déjà à remonter la trace des bijoux qui, pour l'heure, s'arrête avec la perte de vue de l'utilitaire blanc dans lequel le quatrième suspect a pris la fuite. Ils espèrent obtenir plus d'informations sur le parcours des bijoux avec l'interpellation du quatrième suspect qui semble être une des dernières personnes à les avoir vus.
Qui sont les suspects du vol au Louvre ?
L'enquête a permis de mettre en évidence des liens entre les quatre suspects membres du commando. Ayed G. est un Algérien de 34 ans vivant en France depuis 2010 qui a été arrêté à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle alors qu’il s’apprêtait à quitter la France pour son pays, sans billet retour. Il est le cousin maternelle d'un autre suspect, Slimane K. Abdoulaye N. est une star des réseaux sociaux connu sous le nom de "Doudou Cross Bitume", une légende du motocross bien connue par les adeptes pour ses vidéos sur YouTube et Dailymotion publiées à la fin des années 2000. L'homme a eu un parcours haché marqué par plusieurs tentatives d'insertion dans la société avec divers petits boulots et un passage en prison après une condamnation à trois ans de réclusion criminelle pour la braquage d'une bijouterie à Barbès en 2015. Cet ancien livreur de 39 ans est aussi connu des services de police pour des vols aggravés commis en 2008 et en 2014. Il se trouve actuellement sous contrôle judiciaire pour un autre vol aggravé datant de 2019, pour lequel il doit être jugé en novembre au tribunal correctionnel de Bobigny.
Le troisième suspect interpellé est le fameux Slimane K.. Originaire de Seine-Saint-Denis, il est lui aussi déjà connu de la justice. Son casier judiciaire, atteste d'une "délinquance polymorphe", porte mention de onze condamnations et fait état de faits relevant de la délinquance routière, de violence, ainsi que d’une dizaine de vols aggravés. Lui et Abdoulaye N. se connaissent de longue date et ont déjà menée des coups ensemble.
Quant au quatrième suspect, un homme de 38 ans, il est également "connu des services de police et serait en lien avec les trois autres hommes déjà mis en examen et écroués dans le cadre du dossier, tous originaires ou domiciliés à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis)", écrit Le Parisien. Avec lui, trois autres personnes issues de son entourage ont été interpellées le 25 novembre en Mayenne, mais ces dernières ont été relâchées.
Le "semi-professionalisme" des suspects
Le jeudi 23 octobre, plus de 150 prélèvements de traces ADN, papillaires et autres ont été réalisés sur les lieux du vol de bijoux, indiquait la procureure de la République de Paris Laure Beccuau, auprès de Ouest-France. Des traces pauvres, mais ayant permis de remonter jusqu'au suspect. La présence de ces traces et le fait que les malfaiteurs ont laissé certains indices supplémentaires aux enquêteurs traduisent une certaine inexpérience. "Il y a une espèce de précipitation à partir du moment où les alarmes sonnent. On sent qu'ils sont stressés, ils descendent trop vite les échelles, ils perdent des bijoux, etc. Effectivement, déjà, ça en disait long sur le semi-professionnalisme de ces individus", indique Frédéric Ploquin, auteur d’Insécurité, stop à la descente aux enfers, au micro de France info. Ce qui met du plomb dans l'aile de la piste selon laquelle le cambriolage aurait été effectué par des professionnels chevronnés.
Les suspects apparaissent plus comme des petits mains recrutées par un réseau ne souhaitant pas être identifiés. Toutefois, l'enquête a révélé une certaine préparation au casse du Louvre. Le Parisien révèle que les policiers ont "identifié une flotte de téléphones occultes, dites « de guerre »" qui a permis à réaliser des repérages près du Louvre, à coordonner le casse, le plan de fuite et différends points de rendez-vous. Le vol de la nacelle organisé le 2 octobre dans la ville de Louvre (Val-d'Oise) plusieurs semaines avant le casse traduit aussi une certaine préparation.
Un dispositif de sécurité inadapté et insuffisant au Louvre
Selon un rapport de la Cour des comptes, des retards "considérables" et "persistants" dans la mise aux normes des installations techniques du musée du Louvre sont pointés du doigt. Dans le secteur Denon - où se trouve la Galerie d’Apollon - un tiers des salles ne dispose d’aucune caméra de surveillance. "Les montants engagés sont de faible ampleur au regard des besoins estimés" et "une tendance à faire du lancement des travaux une variable d’ajustement budgétaire" est dénoncée. Malgré un budget annuel de fonctionnement de 323 000 000 euros, la sécurité n'a pas été suffisante pour mettre à mal les malfrats. Ce rapport cité par France info, précise que dans un autre secteur du musée, le Richelieu, "les trois-quarts des salles sont dépourvus d’équipement de vidéosurveillance".
"Il y a quelques caméras périmétriques, mais qui sont vieillissantes (...), le parc est très insuffisant, ne couvre pas l’ensemble des façades du Louvre, et malheureusement du côté de la galerie d’Apollon" où a eu lieu le vol, "la seule caméra est posée en direction de l’ouest et donc ne couvrait pas le balcon concerné par l’effraction", a déclaré Laurence des Cars, la présidente-directrice du musée, auditionnée au Sénat le mercredi 22 octobre 2025. La ministre de la Culture Rachida Dati a promis sur TF1 la mise en place de dispositifs anti-intrusion "avant la fin de l'année". "Ça fait plus de 20 ans que les risques intrusion et vol ont été structurellement sous-estimés" au Louvre, désormais, des "mesures d'urgence" s'imposent.
Dans la matinée du dimanche 19 octobre 2025, un "commando de quatre personnes" a cambriolé le musée du Louvre. Le braquage s'était déroulé en seulement sept minutes et n'a fait aucun blessé, selon les précisions du ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez. Les malfaiteurs "ont dérobé des bijoux qui ont une vraie valeur patrimoniale, une valeur patrimoniale inestimable" pour la France a ajouté le ministre. Depuis le butin a tout de même été estimé à 88 millions d'euros.
Les cambrioleurs sont passés par une fenêtre du Louvre située sur le quai François Mitterrand, à l'opposé de la célèbre entrée avec la pyramide. Il "ont amené la nacelle au pied de la fenêtre, avant de forcer" la vitre du musée du Louvre à l'aide d'une disqueuses a fait savoir la procureure de la République de Paris Laure Beccuau s'appuyant sur les images de vidéoprotection du musée et de la Ville de Paris. Les malfaiteurs ont pris la fuite avec le butin à bord de plusieurs scooters Tmax, mais ils ont laissé derrière eux plusieurs éléments pouvant être clés.
Alors que le vol s’est déroulé en seulement quelques minutes, la fuite des braqueurs a pu être filmée par un témoin de la scène. Sur une vidéo qui dure une trentaine de secondes et que Le Parisien relate, on peut ainsi y voir les voleurs sortir du musée du Louvre en utilisant le monte-charge qu’ils avaient utilisé auparavant pour s’introduire dans le bâtiment. Les deux hommes, habillés tout de noir, portent un gilet jaune pour l’un, et un casque de moto pour le second. Paraissant visiblement calmes sur les images, les deux individus montent sur un scooter afin de prendre la fuite après avoir tenté de mettre le feu au monte-charge, sans y parvenir.
Les malfaiteurs ont laissé derrière eux plusieurs éléments ayant été utilisés pour le casse a rapporté le Parisien : un casque de moto et un gant, mais aussi des traces ADN. Autant d'indices qui ont permis de retrouver et d'interpeller les cambrioleurs. D'autres éléments devant servir au voSectionl et à la destruction des traces ont également été retrouvés, a indiqué TF1 Info : deux disqueuses, un chalumeau, une couverture, un talkie-walkie ou encore un bidon d'essence. Les malfaiteurs avaient a priori en tête d'incendier la nacelle leur ayant permis de pénétrer le Louvre.
Quels sont les bijoux volés au Louvre ?
Au total, huit biens ont été dérobés et deux autres ont été retrouvés dans la galerie Apollon qui abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne de France, avait annoncé le ministère de la Culture. La couronne de l'impératrice Eugénie avait été retrouvée à proximité du musée parisien après avoir été "assez endommagée par l’extraction de la vitrine". Si la couronne peut être restaurée et exposée, la présidente-directrice du musée du Louvre, Laurence des Cars a expliqué que la restauration prendra "un peu de temps", mais que ce "sera un très beau symbole de la renaissance du Louvre". "Les pièces les plus importantes, les diamants et les émeraudes, sont intactes. Il manque toutefois quelques petites pièces de diamants et un aigle d’or sur les huit qui étaient présents sur la couronne", a-t-elle précisé au micro de France Info. Un deuxième bijou a, lui, été retrouvé dans la salle où a eu lieu l'effraction.
Parmi les huit objets volés, ont été répertoriés : le diadème de la parure de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, un collier de la parure de saphirs de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, une boucle d'oreille issue d'une paire de la parure de saphirs de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, un collier en émeraudes de la parure de Marie-Louise, une paire de boucles d'oreilles en émeraudes de la parure de Marie-Louise, une broche dite broche reliquaire, un grand nœud de corsage de l'impératrice Eugénie et un diadème de l'impératrice Eugénie.