La plus ancienne momie du monde n'est pas égyptienne

La plus ancienne momie du monde n'est pas égyptienne Les premières momies ne dateraient pas du temps des Égyptiens, mais seraient plus anciennes. Le processus de momification serait complètement différent.

Les momies égyptiennes ne sont pas les plus anciennes. C'est ce que démontre une étude parue en septembre dans la revue PNAS. La forme la plus ancienne de momie serait bien plus vielle et résulterait d'une technique bien différente. C'est il y a 10 000 ans, en Asie du Sud-Est, que les plus anciennes momies humaines connues au monde ont été créées, selon l'étude, qui porte sur des dizaines de tombes anciennes qui ont été découvertes non pas en Égypte mais en Chine, aux Philippines, au Laos, en Thaïlande, en Malaisie et en Indonésie.

Au sein de ses tombes, les chercheurs ont retrouvé de nombreux squelettes en position fœtale qui avaient subi un long processus de séchage à la fumée avant d'être inhumés. En effet, la technique de momification consistait ici à sécher lentement par la fumée à basse température. Selon Hsiao-chun Hung, chercheur principal à l'Université nationale australienne et auteur principal de l'étude, "fumer véhiculait probablement des significations spirituelles, religieuses ou culturelles qui allaient bien au-delà du simple ralentissement du déclin", explique-t-il dans un courriel adressé à Live Science.

Sarcophage égyptien avec momie, Musée égyptien de Turin, Italie © 123rf

Les chercheurs ont été intrigués par le grand nombre de sépultures en Chine et en Asie du Sud-Est datant de 4 000 à 12 000 ans. Autre élément qui les a étonnés, les squelettes "hyperfléchis", donc contorsionnés dans des positions accroupies anormales. Ils en ont alors déduit que lors de la décomposition du corps, celui-ci était probablement ligoté pour que bras et jambes puissent être mobilisés au-delà des limites naturelles.

Un indice a permis aux chercheurs de suggérer une sorte de traitement rituel du corps incluant le feu et la fumée. En effet, ils ont trouvés des traces de brûlures sur les squelettes et non dans les tombes dans de nombreuses sépultures de l'Asie du Sud-Est antique. Afin de savoir si les os avaient été exposés à la chaleur, les chercheurs ont utilisé la diffraction des rayons X, une technique non destructive permettant d'étudier la microstructure interne d'un matériau, et la spectroscopie infrarouge.

Résultat : de nombreux squelettes présentaient des traces de chauffage de faible intensité et une décoloration due à la suie, plutôt que des signes de combustion directe comme lors d'une crémation. Ils en ont conclu qu'une pratique funéraire particulière, consistant à fumer le corps, était probablement répandue dans les communautés pré-agricoles du sud de la Chine et d'Asie du Sud-Est, ont écrit les chercheurs.

Encore aujourd'hui, cette pratique persisterait dans certaines régions d'Asie du Sud-Est selon les chercheurs. En 2019, ils sont justement allés en Papouasie afin d'observer les peuples Dani et Pumo momifier leurs ancêtres. Ils ont conclu que dans l'Antiquité, les individus étaient bien ligotés après leur mort et fumés pendant de longues périodes à basse température. Le procédé de séchage d'un cadavre par la fumée pourrait même remonter aux débuts de l'expansion d'Homo sapiens d'Afrique vers l'Asie du Sud-Est, et potentiellement il y a 42 000 ans.