Friedrich Merz, probable futur chancelier, met en garde la France et l'Europe sur un danger à venir
Friedrich Merz est en route pour succéder à Angela Merkel, après avoir été mis sur la touche par l'ex-chancelière dans les années 2000. Arrivé en tête des élections fédérales avec près de 29% des voix ce dimanche 23 février, le leader de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) a tout l'air de prendre sa revanche. L'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) réalise quant à elle une percée historique en obtenant 20% des suffrages, soit le double d'il y a quatre ans. À l'inverse, le Parti social-démocrate (SPD) s'effondre avec 16% des voix.
Cette défaite du chancelier est un regain d'espoir pour Friedrich Merz, en passe de devenir le chef de gouvernement le plus américanophile de l'histoire allemande, selon Politico. Avec une centaine d'allers-retours aux États-Unis et une fervente admiration pour l'ancien président américain Ronald Reagan, le patron de l'alliance CDU/CSU a de quoi tisser des relations enthousiastes avec les Etats-Unis.
Mais c'était sans compter sur l'élection du populiste Donald Trump et de l'intervention de J.D Vance lors de la conférence de Munich sur la sécurité, le 14 février. Invité sur place, le vice-président américain a accusé les démocraties européennes d'étouffer la liberté d'expression et la liberté religieuse. À ses yeux, la plus grande menace qui plane sur le Vieux Continent n'est "ni la Russie ni la Chine", mais "le renoncement de l'Europe à certaines de ses valeurs les plus fondamentales".
Le "signal d'alarme" de Merz
Sans surprise, ce discours n'a pas beaucoup plu à Friedrich Merz, en pleine désillusion face à son Amérique chérie. "Nous assistons vraiment à un changement d'ère", a-t-il répondu une fois sur scène. "Si nous n'entendons pas le signal d'alarme maintenant, il pourrait être trop tard pour l'ensemble de l'Union européenne", a-t-il prévenu.
Ce dimanche, après sa victoire aux élections législatives allemandes, le probable futur chancelier a enfoncé le clou en affichant comme "priorité absolue" le renforcement de la défense européenne afin que le Vieux continent atteigne "progressivement l'indépendance vis-à-vis des États-Unis". À la télévision ARD, il a même évoqué "une capacité de défense européenne autonome" comme alternative à "l'Otan dans sa forme actuelle".
"Je n'aurais pas cru devoir dire quelque chose comme ça", a concédé le patron de la droite allemande façonnée par la doctrine atlantiste. "Mais après les déclarations de la semaine dernière de Donald Trump, il est clair que les Américains, du moins cette partie des Américains, ce gouvernement, sont largement indifférents au sort de l'Europe", a-t-il déploré.
Considérant la bifurcation de Merz, le discours du vice président américain a sans aucun doute provoqué une onde de choc - désirée ou non - sur les élites de la défense et de la diplomatie réunies chaque année dans la capitale bavaroise. Avant lui, seul Vladimir Poutine avait été responsable d'un tel niveau de sidération. Invité pour la première fois à Munich en 2007, il avait tenus des propos virulents sur les États-Unis, qu'il accusait de vouloir instaurer un ordre unipolaire.