Ces directives poussent les enseignants à arrêter les tests de maths chronométrés, pour réduire "l'anxiété" des enfants
Du nouveau dans le système éducatif américain ? Le Département de l'Éducation de l'État de New York promeut de nouvelles directives, et plus particulièrement en mathématiques. Depuis mai dernier, une recommandation a été formulée auprès des enseignants : cesser de donner des quiz chronométrés à l'école, car cela stresse les élèves. Il est désormais préférable, selon les nouvelles directives établies par des chercheurs de l'Université du Michigan, à l'origine du projet, de laisser les élèves trouver leurs propres méthodes de calcul. Une idée qui est loin de faire l'unanimité outre-Atlantique.
"Si les enseignants écoutent les conseils du ministère de l'Éducation de l'État, leurs élèves auront inévitablement de moins bons résultats", lance Benjamin Solomon, professeur à l'Université d'État de New York à Albany, dans les colonnes du New York Post. Excédé, ce dernier a envoyé une lettre à la commissaire à l'éducation en exigeant une "rétractation" pure et dure des directives récemment publiées. "Si les enseignants commencent à suivre ces conseils à la lettre, nous sommes fichus", fustige-t-il. 200 universitaires en mathématiques ont signé cette lettre.

Le professeur Solomon juge qu'aucune recherche définitive n'établit clairement que les tests chronométrés provoquent de l'anxiété. Selon lui, "les enfants doivent connaître leurs bases mathématiques par cœur". S'il trouve l'idée plutôt "bonne" à la base, il regrette que les méthodes présentées dans les notes de synthèse de New York minimisent l'importance cruciale de maîtriser et d'exécuter couramment ou automatiquement toutes les compétences fondamentales qui permettent d'atteindre des performances mathématiques avancées au primaire et au secondaire", toujours auprès du média américain.
Dans sa lettre, signée par des dizaines d'universitaires du pays, il défend aussi l'enseignement explicite, "plus efficace" selon lui que l'apprentissage dit "d'exploration", défendu par l'État de New York, prenant en compte des objets, entre autres, pour apprendre les mathématiques de manière plus ludique. Benjamin Solomon n'est pas le seul à dénoncer les conseils du Département de l'Éducation de l'État de New York envoyés aux enseignants.
Selon Danyela Souza Egorov, vice-présidente du Conseil d'éducation communautaire du district 2 de Manhattan, "ils ne sont pas scientifiques et promeuvent des idées néfastes auprès de nos enseignants". Elle estime qu'un "meilleur processus de sélection des fournisseurs de programmes scolaires" devrait d'abord être mis en place, avant d'envisager de nouvelles réformes de l'enseignement en mathématiques. Selon toute vraisemblance, ce projet initié par des chercheurs de l'Université du Michigan souhaitant "promouvoir l'équité et la justice sociale" devrait rencontrer bien des obstacles.