Nathalie Kosciusko-Morizet et Roselyne Bachelot : peut-on critiquer la "droitisation" de l'UMP ?

Nathalie Kosciusko-Morizet et Roselyne Bachelot : peut-on critiquer la "droitisation" de l'UMP ? L'une s'en prend à la ligne politique de Patrick Buisson, le conseiller de Nicolas Sarkozy pendant la campagne. L'autre entend faire l'inventaire du quinquennat pour tirer les leçons des échecs électoraux.

L'UMP va-t-elle faire son examen de conscience ? Les langues commencent en tout cas à se délier depuis quelques jours au sein de l'ancienne majorité. "A trop courir derrière le Front national, on le crédibilise" avait lâché François Baroin sur les ondes de RTL. Dans les colonnes du Monde daté du 18 juin, c'est Alain Juppé qui avait déclaré regretter "quand on entend certains de nos amis affirmer qu'ils se reconnaissent dans les valeurs du Front national". "Nous devons clarifier nos positions" avait affirmé l'ancien ministre des Affaires Etrangères.

Cette "clarification" peut-elle passer par un bilan critique des cinq dernières années ? Oui, à en croire Roselyne Bachelot qui s'en prend, dans un livre paru cette semaine, à la stratégie adoptée par Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle. Dans une interview accordée au Journal du dimanche, l'ex-ministre est très explicite : "On a perdu la présidentielle et les législatives. On a laissé une centaine de nos compagnons sur le terrain, on va passer au milieu des cadavres en chantonnant ? La lucidité est toujours douloureuse. Mais celui qui ne pratiquera pas la lucidité, bâtira la construction sur du sable".

Jean-François Copé et d'autres cadres de l'UMP - Christian Estrosi, Brice Hortefeux entre autres - se sont dits surpris de cette remise en question au sein même de sa famille politique. Valérie Rosso-Debord, qui incarne la nouvelle garde a déposé ce twitt : "Pourquoi être restée ministre si longtemps elle avait le droit de démissionner".

A quelques semaines du prochain congrès du parti, l'UMP semble encore un peu assommée par les récentes défaites électorales. Le "ni-ni" - ni PS ni FN - prôné par le secrétaire général Jean-François Copé n'est pas réellement du goût de tous. L'ancienne porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet a rouvert la brèche dimanche sur Canal+ en attaquant fermement la ligne du conseiller Patrick Buisson, considérant que son objectif "n'était pas de faire gagner Nicolas Sarkozy mais de faire gagner Charles Maurras". Si la "droitisation" a peut-être entraîné la récente défaite de l'UMP, elle pourrait bien encore provoquer quelques débats douloureux et laisser des traces durables dans le parti.