Arnaud Montebourg : "Le dingue du 3e étage"
"Charles de Gaulle de gauche", "héros romantique", "faiseur de rois", mais aussi "le dingue du troisième étage" de Bercy : la journaliste du New York Times ne manque pas d'images ou de comparaisons pour réaliser le portrait d'Arnaud Montebourg. Dans un article intitulé sobrement "Agent saboteur ?" (en français), Maureen Dowd tente d'expliquer aux Nord-Américains la ligne politique du ministre du Redressement productif, plus ou moins convaincue qu'il incarne "la tradition française du dirigisme".
Le papier est franchement flatteur pour le ministre français, mais aussi plein d'ironie et de recul sur la mission "chimérique" de celui qui croit dur comme fer à la "renaissance de l'industrie française". Pour la journaliste, Arnaud Montebourg suscite une réelle curiosité politique, avant tout parce qu'il est lui-même conscient d'avoir été "le faiseur de roi socialiste" en appelant à voter François Hollande au second tour de la primaire. "J'ai échoué la première fois, mais cela ne signifie pas que je vais échouer la seconde fois" confesse le ministre interrogé sur ses ambitions présidentielles.
Le charisme teinté d'aristocratisme et d'orgueil d'Arnaud Montebourg n'a par ailleurs pas échappé à la journaliste qui évoque son "audace de matador, qui contraste avec la fadeur de Hollande" mais aussi son plaisir d'avoir "intégré la bourgeoisie". Sur le travail qu'il réalise à Bercy, Maureen Dowd admet qu'elle a du mal à comprendre comment celui qui se déclarait le héraut de la "démondialisation" veut aujourd'hui être le premier incitateur d'investissements étrangers en France. Une contradiction qui explique en partie selon Le New York Times que le ministre soit surnommé à Bercy "le dingue du troisième étage", l'étage qu'il occupe au sein du "super-ministère".
L'article révèle en creux la leçon d'économie européenne qu'a tenté de professer le ministre français à la journaliste américaine : "En Allemagne, on travaille moins qu'en France, cela doit être connu" tente-t-il de la convaincre, assurant par ailleurs que son intervention dans l'échec du rachat de Dailymotion par Yahoo, ou encore dans les négociations sur le protectionnisme en matière de biens culturels - comme le cinéma - est dans l'intérêt de tous. "Je suis d'accord avec Romain Gary, qui a dit que le nationalisme, c'est la haine d'autres, mais que le patriotisme c'est la fierté d'être nous-mêmes" tente avec panache Arnaud Montebourg auprès de la journaliste, qui gardera de lui le souvenir du seul surnom qu'il s'attribue lui-même : "professeur d'optimisme".
EN VIDEO : En juin 2013, Arnaud Montebourg a annoncé les principales mesures de son programme de "développement de la relocalisation industrielle" pour inciter les entreprises à s'installer en France :
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