Roms : des enfants forcés à voler par un système mafieux
Des enfants "formés dès le plus jeune âge uniquement pour le vol, ils n'ont jamais connu d'autre école que celle-là" : voilà comment parle Grégory Weil, substitut du procureur en charge du dossier, des fils et fils des 27 membres de trois familles roms jugées par le tribunal correctionnel de Nancy. Les prévenus comparaissent pour "association de malfaiteurs" et "complicité" dans une centaine de vols commis par leurs enfants. Le procès, entamé lundi 30 septembre, devrait durer 2 semaines.
Alors que le démantèlement de camps roms a suscité de vives polémiques et de vraies tensions au sein du gouvernement, ce procès risque d'être très observé et bénéficier d'un éclairage médiatique tout particulier. L'avocat de la défense, Me Robinet, s'est attristé de ce que le procès "s'inscrive dans un contexte, une atmosphère qui contribue à une forme de rejet" à l'égard des Roms. Me Alain Behr a quant à lui espérait qu'"il n'y aura pas de stigmatisation judiciaire comme il y a actuellement une stigmatisation politique" à l'encontre des Roms.
Des enfants de 11 ans pour un trafic lucratif
Les suspects encourent 10 ans d'emprisonnement. Dans le détail, on leur reproche d'avoir mis en place une "organisation pyramidale, bien rodée", avec des "équipes à tiroir" composées d'enfants "en service" dès l'âge de 11 ans. Chaque famille aurait été dirigée par des "commanditaires", les enfants amenés sur les lieux des cambriolages par des "intermédiaires", en France, en Allemagne et en Belgique. Une fois les vols effectués, des receleurs revendaient les bijoux récupérés à des sociétés commerciales. L'enquête a également permis d'établir que la tête du réseau présumée est une femme de 66 ans. C'est elle qui aurait mis en place la logistique des vols auprès des trois familles.
Selon les enquêteurs chargés de l'affaire, les suspects jugés à Nancy entretenaient un train de vie des plus luxueux, notamment en Croatie. Le substitut du procureur a révélé que la perquisition menée sur commission rogatoire internationale avait mis au jour, dans la ville de Slavonski-Brod, des résidences "de grande qualité, parfois tout en marbre".