A Paris, quels enseignements des régionales 2015 après les attentats ?
[Mis à jour 6 décembre 2015 à 19h25] Les citoyens de Paris, ville meurtrie par les attentats du 13 novembre dernier, auront-ils pris en compte ces événements dramatiques dans leur vote lors de ces élections régionales 2015 ? Pour le moment, aucun chiffre définitif n'a évidemment été diffusé. Seule certitude : la participation à 17h s'élevait à 33,38% dans la capitale. Un chiffre en deça des chiffres nationaux : 40,01%. Dans le 15e arrondissement de Paris, on notait notamment une très faible participation ; une surprise car c'est un arrondissement qui vote beaucoup traditionnellement. Des mesures de sécurité renforcées ont été prises ce dimanche dans les bureaux de vote pour garantir la sécurité des citoyens dans la capitale. Les dernières estimations et informations sont à suivre sur notre live spécial Résultats des régionales à Paris.
La campagne, peu suivie par les Français, n'a pas vraiment permis aux candidats engagés dans cette élection régionale de présenter comme il aurait fallu, à tous les électeurs, les enjeux - importants - du scrutin. Pour autant, le vote de ce dimanche s'inscrit dans un contexte qui pourrait donner une nouvelle dimension au renouvellement des conseils régionaux, ne serait-ce que par un possible effet de mobilisation des abstentionnistes. Attention toutefois aux conclusions hâtives sur les "bouleversements" un temps annoncés que pourraient opérer les attentats de Paris sur les résultats des élections régionales. La perception de l'importance de ce vote a sans doute été modifiée dans l'opinion publique, ne serait-ce que pour la charge symbolique dont est investi l'exercice démocratique depuis le 13 novembre. Et certes, ces derniers mois, les instituts de sondages ont montré que l'abstention était quelque peu plus forte au sein des sympathisants de gauche, mais faut-il en déduire que les candidats socialistes tireront profit d'un sursaut démocratique dans les urnes ?
Il y quelques semaines, avant les événements tragiques de Paris, les observateurs et les sondeurs prédisaient un niveau d'abstention historique pour ce scrutin régional. Ce soir, la bonne surprise pourrait être le niveau de la participation. Mais l'émotion générée par les attentats ne suffira pas à convertir tous ceux qui refusent de se rendre aux urnes en fervents militants. L'effet pourrait donc être assez limité dans un contexte abstentionniste bien installé depuis 2012. Si une majorité de Français a salué la bonne attitude et la bonne réaction de François Hollande, tous ceux qui souhaitaient, avant le 13 novembre, sanctionner sa politique, ne changeront pas d'avis. Mais la posture sécuritaire du gouvernement et des socialistes ces dernières semaines ont marqué les esprits, c'est un fait.
Il est encore trop tôt, par ailleurs, pour savoir si les électeurs de gauche préfèrent, dans ces circonstances, "voter utile" et faire bloc derrière la candidature socialiste. D'aucuns ont décrit la droite républicaine prise en étau entre une gauche qui affiche son autorité face aux événements, et le Front national, de plus en plus décomplexé sur les thématiques de la sécurité et de l'immigration. Cela pourrait constituer l'effet le plus significatif sur ce scrutin : si l'opposition incarnée par le parti de Nicolas Sarkozy perd du terrain dans ces élections régionales, alors que ce scrutin intermédiaire lui était très favorable après la victoire des départementales, cela changerait beaucoup de choses dans la représentation des rapports de forces à 18 mois de l'élection présidentielle.
Crédit vignette - J. Brinon - Sipa