La FNSEA cible l'Ukraine dans la crise agricole : "Ce n'est pas tenable"

La FNSEA cible l'Ukraine dans la crise agricole : "Ce n'est pas tenable" Face aux manifestations des agriculteurs et à la crise que traverse le secteur agricole, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a affirmé son hostilité aux importations trop nombreuses provenant d'Ukraine ce lundi 29 janvier.

Alors que les manifestations des agriculteurs se poursuivent en France et que de nombreux axes routiers demeurent bloqués malgré les annonces du Premier ministre Gabriel Attal vendredi dernier, la FNSEA a tenu à prendre la parole ce lundi 29 janvier. Par l'intermédiaire de son président, Arnaud Rousseau, le premier syndicat agricole a notamment ciblé le gouvernement français et l'Ukraine. "Je voudrais que le Premier ministre affirme qu'on change de logiciel. Qu'on passe d'une vision de l'agriculture qui est décroissante à Bruxelles à une vision dans laquelle, on réaffirme que produire pour nourrir, ça a du sens en France et partout ailleurs". a-t-il indiqué ce mardi sur RTL.

"L'Ukraine est un vrai sujet agricole"

Arnaud Rousseau a martelé l'importance de la dimension européenne dans les revendications des agriculteurs. "Nous avons besoin de continuer à exporter, il ne s'agit pas de se replier sur soi. Mais nous demandons de la réciprocité pour ce que nous importons. Un éleveur de volailles breton ne comprend pas pourquoi son bâtiment sera concerné par une directive sur les émissions industrielles, alors que ses concurrents ukrainiens peuvent accueillir un million de poulets en même temps" indiquait-il ce lundi, dans une interview accordée à Ouest France.

L'homme fort de la FNSEA regrette notamment le manque de traçabilité des produits étrangers. "L'Ukraine est un vrai sujet agricole. Si c'est pour ouvrir les ports européens pour permettre aux Ukrainiens d'écouler leurs marchandises, cela ne nous pose pas de problèmes. Si c'est pour accueillir une marchandise qui vient détruire la valeur de nos productions européennes alors qu'elle est produite dans des standards qui ne sont pas les nôtres, ce n'est pas tenable" regrette-t-il au micro de RTL. "Il s'importait avant la guerre, 20 000 tonnes de sucre en Europe, il s'en importe en ce moment 700 000 tonnes". Un constat qui, selon lui, n'est pas pérenne pour la production sucrière en Europe.

Des blocages "jusqu'à ce qu'on obtienne des réponses"

En revanche, Arnaud Rousseau a réafirmé sa volonté de "soutenir les Ukrainiens, et que c'est normal que des ports européens soient ouverts à leurs productions agricoles pour qu'elles puissent transiter vers d'autres pays" dans les colonnes de Ouest France. Toutefois, "l'Europe ne peut être le réceptacle de toute cette production. Il faut des règles d'engagement, avec des volumes qui peuvent entrer sur notre marché, des quotas. D'autant, qu'en Ukraine, de nombreuses molécules interdites chez nous sont encore largement utilisées" conclut-il.

La question hautement inflammable des importations ukrainiennes pourrait désormais conduire les syndicats et les agriculteurs à appeler à une poursuite des opérations de blocage en cours. Du moins, "jusqu'à ce qu'on obtienne des réponses aux questions qu'on a posées" affirme Arnaud Rousseau sur RTL. Jeudi, des chefs d'État se réuniront à Bruxelles pour traiter, entre autres, du rôle de l'Union européenne sur l'agriculture.