Marine Tondelier écartée de la tête des Ecologistes ? Qui pourrait la remplacer ?
Si elle fait moins de bruit que chez les Socialistes, cette élection interne revêt une importance capitale chez les Ecologistes. Les 16 000 adhérents du parti sont appelés à voter pour désigner leur chef du mercredi 16 au vendredi 18 avril 2025, avant un éventuel second tour le week-end du 26 et 27 avril prochains. Le congrès des Verts prendra alors fin et une "convention d'investiture" sera organisée dans la foulée. Sans surprise, un profil attire toute l'attention, celui de Marine Tondelier.
Elle est désormais l'incarnation du parti dans la sphère politique française. La conseillère régionale des Hauts-de-France fait figure de grande favorite à sa propre succession comme secrétaire nationale des Ecologistes. "Elle a vraiment joué un rôle d'incarnation de l'écologie politique et elle est probablement la secrétaire la plus identifiée par les Français", louait David Cormand, ancien patron du parti sur France Info, fin mars. Appel à l'unité de la gauche pour 2027, symbole de cette union lors des dernières législatives... Marine Tondelier s'est pourtant attiré les foudres de son propre parti, jusqu'à faire planer le doute sur le résultat du congrès des Verts ?
Trois concurrents chez les Verts
Si elle voulait apaiser les tensions en interne, c'est manqué. La femme de 38 ans a récemment refusé de participer à un débat réclamé par ses concurrents. "Marine Tondelier fuit le débat de fond. Toute différence de positionnement politique est perçue comme une attaque personnelle", n'a pas hésité a lancé la députée de Paris, Sandrine Rousseau, dans les colonnes de l'Express. Une position partagée par Harmonie Lecerf, adjointe chargée de l'accès aux droits et des solidarités à la mairie de Bordeaux, représentante de la ligne Sandrine Rousseau, et candidate à la direction du parti face à Marine Tondelier : "En termes d'incarnation on n'avance pas. Elle doit être plus collective", assure-t-elle chez nos confrères de Sud Ouest.
Justement, trois candidats se présenteront face à Marine Tondelier pour tenter de lui ravir sa place. D'abord, l'adjointe au maire de Bordeaux, Harmonie Lecerf. Rangée derrière Sandrine Rousseau, ex-militaire, elle prône une union de la gauche durable. Ensuite, Florent Letissier, professeur d'économie et adjoint à la mairie de Paris. Lui, défend une "une écologie de gouvernement" et juge Jean-Luc Mélenchon comme "un boulet au pied de la gauche", dans l'Express. Enfin, Karima Delli, ancienne eurodéputée. Elle reproche à Marine Tondelier un manque de clarté et "ne veut pas défendre une écologie qui passe les plats entre les partis de gauche à celui qui parle le plus fort", assurait-elle au micro de France Inter le 14 mars dernier.
"Marine Tondelier paye un manque de stratégie"
Si elle part avec une importante longueur d'avance, force est de constater, donc, que Marine Tondelier a vu ses relations se distendre nettement en interne. Dans les faits, difficile de voir comment cette dernière pourrait être battue. En revanche, l'écart pourrait être bien moins important qu'espéré. Dans le cadre du congrès des Verts, le premier des trois scrutins n'est pas franchement une réussite pour elle en recueillant "seulement" 54 % des 90 places en jeu au conseil fédéral avec un taux de participation historiquement faible de 35 %. Pour rappel, chez les Ecologistes, la majorité est fixée à 60 %.
"Tondelier paye le prix d'un manque de stratégie et d'une passivité face aux deux gros poissons, socialiste d'un côté, insoumis de l'autre", regrette un député écologistes auprès du HuffPost. Récemment, plusieurs décisions de Marine Tondelier ont eu beaucoup de mal à passer en interne. D'abord, le changement des règles de fonctionnement du parti en empêchant tout parlementaire d'occuper le poste de porte-parole. Ensuite, l'exclusion du maire de Grenoble, Eric Piolle, des boucles internes du parti pour s'être montré hostile au cumul porte-parolat/mandat d'élu.