La fortune colossale que coûte la sécurité du Louvre (et qui n'est pas suffisante)

La fortune colossale que coûte la sécurité du Louvre (et qui n'est pas suffisante) Le budget nécessaire pour assurer le fonctionnement et la sécurité du musée du Louvre est impressionnant. Pourtant, le rocambolesque cambriolage du 19 octobre laisse à penser que cela n'est pas suffisant.

La sécurité du musée du Louvre sous le feu des critiques après le rocambolesque cambriolage de ce dimanche 19 octobre. Des bijoux d'une valeur inestimable ont été dérobés et un pré-rapport de la Cour des comptes vient sévèrement épingler le musée le pus visité au monde. Il pointe des retards "considérables" et "persistants" dans la mise aux normes des installations techniques du musée. Le rapport complet sera publié en novembre prochain, mais Le Figaro et France Info en dévoilent certains passages.

On y apprend par exemple que dans le secteur Denon, où se trouve la Galerie d'Apollon, cambriolée, mais aussi la Joconde, un tiers des salles ne dispose d'aucune caméra de surveillance. Dans le secteur Richelieu, les trois-quarts des salles ne sont pas surveillées par un système vidéo. En cinq ans, seulement 138 caméras supplémentaires ont été installées dans le musée.

Dans son rapport, la Cour des comptes déplore également un "manque de volonté de la direction". Malgré un budget annuel de fonctionnement de 323 millions d'euros, "les montants engagés sont de faible ampleur au regard des besoins estimés" et "une tendance à faire du lancement des travaux une variable d'ajustement budgétaire" est pointée du doigt.

"Du fait du report persistant du schéma directeur de modernisation des équipements de sûreté, l'équipement en caméras n'est réalisé pour l'essentiel que dans le cadre des chantiers de réaménagement de salles", note la Cour des comptes. Dans les faits, la hausse des caméras n'est donc visible que dans certaines salles comme le Hall Napoléon. Ces espaces d'expositions temporaires sont couverts à 100 % aujourd'hui, au détriment d'autres parties du musée.

De plus, les travaux d'entretien et de mises aux normes du palais ont pris du retard malgré la multiplication des avaries, signalées depuis l'arrivée de Laurence des Cars, présidente du musée du Louvre en 2021. Depuis 2001, cinq schémas directeurs relatifs au renouvellement des équipements techniques et électriques, à la sécurité incendie, à la sûreté ainsi qu'à l'accessibilité des espaces du musée ont été lancés. La durée extrêmement longue des études est aussi critiquée, retardant la mise en place des améliorations nécessaires.

Le rapport note aussi que le musée dispose de ressources propres abondantes "qu'il devrait mobiliser de façon prioritaire pour réaliser ces travaux urgents", un constat qui prend tout son sens après le spectaculaire cambriolage du dimanche 19 octobre. Aussi, dans un communiqué, le syndicat SUD Culture Solidaires a pointé du doigt ce dimanche "la destruction des emplois dédiés à la sécurité" au Louvre, alors que la fréquentation du musée ne cesse de croître.

Les ressources propres du Louvre se sont élevées à 180 millions d'euros en 2023, quasiment 60% de son budget total de fonctionnement (323 millions d'euros, pour rappel). L'établissement paraît donc en capacité de réaliser les travaux nécessaires à la sécurité des lieux. "Des mesures de sécurisation sont intégrées dans le nouveau grand projet du musée du Louvre", a assuré ce dimanche la ministre de la Culture, Rachida Dati. Si le coût total est estimé à presque 800 millions d'euros sur dix ans, la part allouée à la sécurité pourrait être rediscutée après l'épisode regrettable de ce mois d'octobre 2025.