Sur les marchés financiers, touché n’est pas nécessairement coulé !

Il n’est pas indispensable de réussir toutes ses opérations financières pour faire fructifier son capital initial. Les traders peuvent même se permettre d’échouer sur la moitié de celles-ci grâce à une stratégie de gestion du risque pertinente.

Lorsqu’un jeune trader – par l’expérience – se lance sur les marchés financiers, il cherche la stratégie optimale pour devenir un as du trading : où investir et quand vendre. C’est généralement pour cette raison que ses premières expériences en la matière sont des échecs. Il se pose la mauvaise question. Le problème n’est pas de savoir quelle stratégie est la meilleure ou quels sont les achats et ventes à effectuer, mais en premier lieu de se fixer un niveau de risque de pertes maximal et acceptable.
Pourtant la majorité des traders comme lui concentrent leur attention dans la bonne direction. Tous supposent qu’ils pourront être plus forts que le marché et réaliser des profits de manière exponentielle. Cela se produit effectivement mais précède une chute vertigineuse des gains engendrés. Ce qui les entraîne alors dans une dynamique négative : soit ils abandonnent, soit ils perdent confiance en leur capacité de générer des bénéfices à long terme.

Ces novices des marchés se demandent tous quel est le facteur clé de succès qui permet à des pointures telles que Warren Buffet ou Jim Rogers de dominer les marchés depuis de nombreuses années. Pour la plupart d’entre nous, cette quête incessante du facteur "miracle" se termine au mieux en frustration, au pire au désespoir. Comment se fait-il que des experts comme Warren Buffet, admettant lui-même que ses stratégies d’investissement comportent de nombreuses failles, puissent s’enrichir toujours plus au fil des ans ? La réponse est beaucoup plus simple qu’elle ne parait : il faut que les gains soient supérieurs aux pertes !


Cette réponse peut sembler triviale, mais elle ne l’est pas. Combien de fois avez-vous accumulé une série gains grâce à une approche rigoureuse, mais réduite à néant suite à une mauvaise décision ? A présent, inversez la situation ! Pourquoi ne pas se permettre d’effectuer une série de mauvaises opérations, si elles sont compensées par un coup suffisamment performant pour générer une somme positive ?
Pour cela, il ne faut pas se focaliser sur sa stratégie d’investissement, mais avant tout penser stratégie de gestion du risque. C’est de cette manière que réfléchissent tous les plus grands traders. Ainsi, lorsqu’ils échouent sur une opération, ils perdent peu alors que quelques bonnes décisions leur apportent l’assurance d’un bénéfice dans la durée.

L'expérience du Wall-Street Journal
Il y a plusieurs années, Burton Malkiel, professeur d’université, demanda à ses étudiants pourquoi des investisseurs connaissent le succès et pourquoi la majorité d’entre eux suivent généralement les mêmes stratégies. Sa théorie était simple : sur une période donnée, si vous choisissez des actions au hasard, vous obtiendrez à peu près les mêmes performances qu’un trader « expert ». Et, au fil du temps, cet expert – qui  s’appuie sur une connaissance aiguisée et des théories complexes –  ne réalisera pas plus de 50% d’opérations rentables. En substance, Malkiel démontra que, sur le long terme, un trader expert et un trader non professionnel ont les mêmes chances – environ 50/50 – de réaliser des opérations rentables.

Sans surprise, cette théorie fut accueillie avec beaucoup d’étonnement et quelque doute sur sa véracité, malgré l’attrait qu’elle suscitait toutefois. En 1988, le Wall Street Journal décide de la mettre à l’épreuve. Pendant 14 ans, la rédaction anima une rubrique dans laquelle ses journalistes étaient invités à sélectionner des actions au hasard et à confronter leurs performances à celles d’un panel composé de 100 traders experts. A la fin de cette période de 14 ans, aucun résultat concluant ne put être établi. Même si un léger avantage fut accordé aux traders experts. Un très léger avantage…

Quel comportement adopter sur les marchés ?
Dans la pratique, ce processus est beaucoup plus simple. Avant de se décider sur sa première opération, il faut d’abord réfléchir à la perte acceptable, et la multiplier par un facteur supérieur à 5. Si après cette première opération, la marge est suffisante pour continuer de négocier sur les marchés, alors le niveau de risque acceptable est bon. Il faudra appliquer ce montant, à chaque opération suivante, ni plus ni moins.


Prenons l’exemple d’une mise de 100€ par opération. Cela signifie que la perte maximum acceptable est fixée à 100€ pour chacune d’entre elles. Une fois cela établi, il faut réfléchir à comment optimiser votre ratio Risque/Gain. Il correspond au gain obtenu par rapport au montant risqué ; plus il est élevé, plus rentable aura été l’opération. En risquant 100€ mais en en gagnant 1 000, le ratio est de 10/1, soit un gain de 10€ à chaque euro risqué. En extrapolant cet exemple, en se positionnant sur 5 opérations mais en n’en remportant qu’une, la perte sera de 400€ mais 1 000€ auront été gagnés sur celle rentable.


Maintenir le ratio Risque/Gain à 10/1 est, cependant, très difficile, car les opportunités sont rares et espacées dans le temps, ce qui reviendrait à trader à une fréquence très faible. Généralement, les traders professionnels utilisent ce ratio à un niveau 3/1, ce qui signifie que pour 1€ risqué, ils peuvent en gagner 3. Soit un gain potentiel de 300€ pour 100€ risqués. Sur 10 opérations où seules 5 ont été rentables contre 5 perdantes, le solde final est de 1 000€ de gain, soit un profit très confortable. Bien évidemment il est nécessaire d’avoir une stratégie d’investissement pertinente mais il faut également prendre en compte le fait qu’une stratégie de gestion du risque pose les bases de la réussite sur les marchés.


J’ai moi-même testé cette théorie avec mon compte personnel sur une plateforme de trading et pu conforter mes propos selon lesquels ne pas gagner à chaque trade n’est pas synonyme de perte sur la durée. Sur trois mois, j’ai enregistré un bénéfice de 49,2% et sur les six derniers mois, sur les 87 opérations que j’ai négociées, 42,5% ont été rentables.
Il n’y a pas de facteurs « miracle » grâce auxquels il est possible de s’enrichir sur les marchés financiers. Cependant, en veillant à adopter une stratégie de management du risque, vous optimisez vos chances de réaliser des gains.