La Chine va nous en envoyer des millions de tonnes cette année, pourquoi cet "or liquide" est-il si important ?
La Chine, premier exportateur mondial, se tourne vers l'Europe pour écouler ce produit courant. Cela tombe bien, les pays de l'UE en ont particulièrement besoin...
Encore difficilement collecté, trié et recyclé, un produit courant est peu à peu devenu un ingrédient précieux et convoité pour fabriquer les carburants verts du futur. La Chine l'a bien compris, elle qui s'est hissée au rang de premier exportateur mondial de cet "or liquide". Mais ce business est menacé ! Son premier client, les États-Unis, a mis des batons dans les roues aux entreprises du secteur. Le pays impose désormais des droits de douane prohibitifs de 125% sur les importations de ce produit : l'huile de cuisson usagée !
Face à ce coup dur, les négociants chinois n'ont pas le choix : ils doivent trouver de nouveaux débouchés pour écouler leurs stocks. Ceux-ci sont particulièrement importants : près de 3 millions de tonnes ont été exportées l'an dernier, pour une valeur de 2,64 milliards de dollars selon Reuters.
Bonne nouvelle pour l'Europe ? C'est bien vers l'Union Européenne qu'ils se tournent désormais en priorité ! "Une partie des exportations sera redirigée vers l'UE", a expliqué Richard Dickinson, directeur commercial d'Amarus Trading, un grand négociant d'huiles usagées basé à Shanghai. L'Europe pourrait même rapidement devenir la première destination d'au moins la moitié des exportations chinoises selon plusieurs acteurs du secteur.

La raison est simple, l'Europe mise gros sur les biocarburants pour verdir son transport aérien. Depuis cette année, les compagnies aériennes doivent incorporer au moins 2% de carburant durable (SAF) dans les réservoirs de leurs avions. Un taux appelé à grimper jusqu'à 85% d'ici 2050, d'après la feuille de route de la Commission européenne.
Or ces fameux "SAF", fabriqués à partir d'huiles usagées ou d'autres déchets organiques, sont encore rares et chers à produire. L'Europe doit donc s'approvisionner à l'étranger pour tenir ses engagements. De nouvelles usines de biocarburants doivent voir le jour prochainement en Europe comme en Asie pour répondre à la demande.
La manne chinoise tombe donc à pic, d'autant que le pays semble être l'eldorado de ce produit. Selon des experts cités par l'Express en 2024, au moins 3 millions de tonnes d'huile sont récupérées chaque année en Chine, principalement dans les restaurants, par exemple par le biais des célèbres recettes de wok ou dans les usines de nouilles sautées. A l'inverse, la France n'en récupérerait que 100 000 tonnes d'huiles par an.
Attention toutefois, cette opportunité en or pourrait pourtant être de courte durée. La Chine elle-même a de plus en plus besoin de ses huiles usagées pour alimenter son propre secteur aérien. Résultat, les exportations chinoises pourraient chuter de 20 à 40% dans les prochains mois par rapport à 2024, alors même que de nouvelles usines entrent en service. La guerre de l'huile de friture est lancée !