Les dessous du pacte Sarkozy - Lagarde

Les dessous du pacte Sarkozy - Lagarde Qui sera tête de liste ? Faut-il faire candidature unique partout ? L'alliance entre l'UDI et le parti de Nicolas Sarkozy est conditionnée à des tractations parfois saugrenues. Entre ambitions personnelles et stratégies partisanes, les enjeux pour les régionales 2015 sont importants pour la droite et le centre.

Après la très bonne opération de l'UDI lors des élections départementales, le parti de Jean-Christophe Lagarde doit à nouveau définir quelle sera la nature de l'alliance nouée avec l'UMP - ou Les Républicains - pour les élections régionales 2015. Le patron du parti centriste voulait initialement trois candidats de son camp installés comme têtes de liste communes en Métropole, mais sur sept régions que l'UMP estime "gagnables", cette ambition a semblé démesurée à Nicolas Sarkozy. On se dirige donc vers un accord laissant davantage de marges de manoeuvre à l'UMP. L'UDI n'aura la possibilité d'investir officiellement que deux têtes de liste : Philippe Vigier dans la région Cente-Val-de-Loire, et Hervé Morin, pour la grande région Normandie. Pour Jean-Christophe Lagarde, propulser son ancien rival à la présidence de son parti à la tête d'un conseil régional est une aubaine, car l'ancien ministre aura moins d'appétit sur l'appareil de l'UDI. Pour Nicolas Sarkozy, investir Hervé Morin pourrait le conduire à l'inviter ensuite à se présenter à la primaire de 2016, lui qui souhaite absolument un candidat centriste lors de cet exercice et une droite unie lors du premier tour de la présidentielle 2017.

EN VIDEO - Mi-avril, Hervé Morin indiquait dans #DirectPolitique qu'en Normandie "rien n'est fait, on discute de façon très apaisée".

"Hervé Morin - Régionales en Normandie : "Rien n'est fait, on discute de façon très apaisée""

Deux têtes de liste en Métropole, deux territoires d'Outre-Mer, et basta. C'est ce qu'affirme Le Point, qui ajoute que le député UDI François Sauvadet pourrait rejoindre la formation de la droite républicaine pour être adoubé tête de liste en Bourgogne-Franche-Comté. Mais ça ne suffira peut-être pas, l'élu devrait sûrement avoir d'avantage d'arguments à faire valoir s'il veut se lancer dans la course pour le conseil régional. Le Point révélait cette confidence de plusieurs élus UMP à François Sauvadet, en février : "Il faut que tu offres la tête de Chantal Jouanno à Nicolas Sarkozy". Et ce casus belli pourrait bien tourner à l'avantage du centriste. Car si les tractations se font souvent au dépens d'ambitions personnelles, elles révèlent aussi les rapports de force entre les partis politiques et ses dirigeants.

Accord et bras de fer

En coulisse, les patrons de l'UDI et de l'UMP font monter la pression. L'entourage de Jean-Christophe Lagarde, contacté par Linternaute.com, dit vouloir "mettre fin aux rumeurs savamment entretenues". L'UDI "souhaite l'union la plus large possible, mais il ne peut pas y avoir d'accord global entre l'UDI et l'UMP pour les élections régionales si l'UDI ne conduit pas les listes en Bourgogne-Franche-Comté, dans le Centre et en Normandie". Une manière de faire monter les enchères.

Mardi 19 mai, en bureau politique de l'UMP, rapporte Geoffroy Le Jeune du journal Valeurs Actuelles sur Sud Radio, Nicolas Sarkozy a pourtant expliqué devant les siens qu'il posait trois conditions à une alliance : le patron de la droite exige un accord national, le retrait de la candidature de Chantal Jouanno en Île-de-France et que l'UDI s'engage à participer à la primaire de la droite. Jean-Christophe Lagarde a toujours assuré dans les médias et auprès des militants que ce dernier point serait tranché par les adhérents eux-mêmes. S'il y renonce, c'est sa crédibilité qui en serait affectée. Quant au sacrifice de Chantal Jouanno, l'UDI semble davantage en mesure de s'y résoudre en lâcher du lest, d'autant que la candidature du président de l'Assemblée nationale a changé la donne. "Face à Bartolone la question de l’union dès le premier tour se pose davantage que si notre adversaire avait été Huchon" a glissé Jean-Christophe Lagarde dans Le Monde jeudi 21 mai. Il y a quelques semaines, ce dernier assurait que la candidature de la sénatrice était "non-négociable".

EN VIDEO - Autre sujet de conflit, l'investiture pour la région Rhône-Alpes-Auvergne, où l'UMP a installé en tête de liste Laurent Wauquiez. Jean-Christophe Lagarde assurait le 17 février dans #DirectPolitique qu'il assumerait "ses désaccords politiques". Mais le patron de l'UDI s'est finalement fait une raison :

"JC Lagarde : "Je veux une région Rhône-Alpes-Auvergne qui soit tournée vers l'Europe""