"Quand on commet ce genre de faits, on n'est pas un père !" : un enfant de 6 ans raconte son supplice
Des menaces d'abandon ont conduit au calvaire d'un enfant de 6 ans. L'affaire a été portée devant le tribunal correctionnel de Nancy à la mi-mars et doit être jugée le 12 mai. Il est reproché à Khairadine M. d'avoir fait subir à son fils, aujourd'hui âgé de 7 ans, des violences ayant entraîné une incapacité supérieure à huit jours en octobre dernier lors du soir d'Halloween, rapporte Le Parisien.
Dans la soirée du 31 octobre 2024, le petit garçon a été pris en charge au CHU de Bradois : l'enfant présentait un visage tuméfié, un œil au beurre noir, trois plaies au crâne, dont une laissant apparaître l'os, et une plaie importante au talon qui ne s'est toujours pas consolidé plusieurs mois après les faits. L'état du petit garçon a nécessité une hospitalisation de trois semaines à la suite de laquelle il est rentré chez lui en fauteuil roulant.
Que s'est-il passé pour qu'un enfant présente autant de blessures ? La méthode éducative de son père semble avoir tourné au drame. Le jour des faits, le petit garçon, dont les parents se sont séparés durant la grossesse, est laissé à la charge de son père. Ce dernier, mécontent du comportement de son fils au centre aéré, l'a réprimandé avec plusieurs méthodes peu conventionnelles. L'homme de 44 ans a d'abord emmené l'enfant chez les gendarmes pour lui faire la morale, avant de le conduire en voiture sur un chemin isolé pour faire mine de l'abandonner. "Je vais t'abandonner dans un cimetière plein de monstres et de zombies", aurait-il lancé à son fils selon les propos de l'enfant au tribunal rapportés par Le Parisien.
C'est sur un chemin désert de la commune de Liverdun, située dans l'agglomération nancéenne, que le père de famille a mis ses menaces à exécution. "Pars !" aurait-il dit à son fils qui a raconté durant l'audience s'être "accroché à la portière" de la voiture pour ne pas rester seul au milieu de nulle part. Le petit garçon a ainsi été traîné sur plus d'une centaine de mètres par la voiture conduite par son père, sans que ce dernier ne remarque sa présence. L'enfant a fini par lâcher prise roulant dans le chemin et finissant blessé sur la chaussée.
"Votre fils aurait pu être tué"
Lors du procès, Khairadine M. a déroulé une autre version des faits et exprimé des remords. Il a expliqué s'être "retrouvé sur ce chemin par erreur" en revenant du domicile d'une des tantes de son fils : "J'étais embourbé, l'enfant pleurait, je l'ai fait sortir pour me concentrer sur ma manœuvre". Une justification qui n'a pas convaincu le président : "Vous refusez de regarder les choses en face, vous louvoyez, mais ce soir-là, votre fils aurait pu être tué, projeté contre un arbre !"
Si l'avocate de la partie civile Me Marianne Waeckerlé a entendu les remords du père de famille, elle a rappelé le caractère violent de ses actes : "Certes, Monsieur n'a pas souhaité ces conséquences, mais même si Maël n'avait pas eu 7 agrafes sur le crâne, le simple fait d'avoir voulu lui faire peur en le laissant seul sur ce chemin, dans la nuit noire, c'est déjà une violence en soi". "Quand on commet ce genre de faits, on n'est pas un père !" a renchérit la substitut du procureur Natacha Collot. D'autant que ces violences ne seraient pas les premières selon le ministère public qui a estimé que certaines blessures de l'enfant "ne peuvent pas venir du simple fait d'avoir été traîné" et proviennent de "violences antérieures".
Le ministère public s'est appuyé sur les déclarations faites par le petit garçon à des médecins durant sa visite médicale. L'enfant aurait évoqué des coups de ceinture, de claquettes et des douches froides reçues après qu'il ait fait pipi au lit. Sa mère a indiqué de son côté que ce n'était pas la première fois que son ancien conjoint menaçait l'enfant de l'abandonner en forêt. Des éléments qui n'ont pas entrainé l'ouverture d'une enquête par le parquet.
Le retrait de l'autorité parentale a été requis contre Khairadine M. en plus de trois ans d'emprisonnement dont deux assortis d'un sursis. L'avocat du prévenu a, pour sa part, demandé à ce que l'affaire soit requalifiée et jugée pour "atteinte involontaire". Le petit garçon, encore "traumatisé" selon sa mère, faits des cauchemars la nuit et peine à dormir seul.