Procès Le Scouarnec : la récidive inévitable ? Une peine et une procédure bien particulières requises
Ce vendredi 23 mai, après deux heures et demie de réquisitoire, l'avocat général Stéphane Kellenberger a requis 20 ans de réclusion criminelle avec rétention de sûreté des deux tiers contre Joël Le Scouarnec jugé devant la cour criminelle départementale du Morbihan. Il est accusé, dans le cadre de son ancienne activité de chirurgien, de viols et agressions sexuelles sur 299 personnes, qui pour la plupart était mineur au moment des faits. Il avait déjà été condamné en 2020 à 15 ans de réclusion pour des viols et agressions sur des enfants. Un suivi socio-judiciaire de la durée légale maximum de 20 ans a aussi été requis ce vendredi ainsi qu'une interdiction d'exercer la médecine ou encore toute activité au contact des mineurs. L'avocat général souhaite également une interdiction de séjour pendant 10 ans en Bretagne et en Pays de la Loire, départements où ont eu lieu la majorité des crimes.
Un seul fait de viols, avec circonstances aggravantes, exposait le pédocriminel à la peine maximale de 20 ans, mais pour l'avocat général impossible d'en être autrement. Suite à un risque de récidive, il a également demandé la rétention de sûreté, mesure possible pour les criminels condamnés à au moins 15 ans de prison et dont la dangerosité est considérée comme élevée. Les experts qui ont examiné Joël Le Scouarnec ont, en effet, assuré que la détention était "la meilleure garantie" contre un nouveau passage à l'acte. En 2023, ils avaient relevé que l'individu n'avait montré "aucune compassion" pour ses victimes et présentant un "profil très inquiétant" et une "dangerosité criminologique très importante". "Même à son âge, la vigilance sera toujours de mise, il n'y aura pas de guérison en tant que telle", ont-ils prévenu.
Une privation de liberté prolongée et un autre procès ?
Si cette demande est accordée, il sera placé dans un centre socio-médico-judiciaire de sûreté après l'exécution de la peine, renouvelable chaque année. Il resterait donc privé de liberté plus longtemps. "Joël Le Scouarnec dit qu'il n'a plus aucune attirance pour les enfants, sans vérification possible. Les experts ont estimé qu'on ne pouvait se fier à ses seules paroles, et que sa dangerosité criminologique reste importante", s'est alors justifié Stéphane Kellenberger. Il faudra attendre le mercredi 28 mai pour le savoir, avec l'annonce du verdict. L'accusé disposera alors de dix jours pour faire appel de la décision.
L'affaire pourrait, par ailleurs, se poursuivre lors d'un nouveau procès. L'avocat général a mis en avant que avec tant de victimes et avec des faits s'étendant de 1989 à 2014 dans de nombreux départements, certaines pourraient ne pas avoir été identifiées pour le procès actuel. Elles n'ont pas été intégrées à cette procédure pour "des raisons stratégiques ou de droit" et "au risque de reporter" le procès, a expliqué Stéphane Kellenberger. Ainsi, "des investigations complémentaires sont en cours et pourront donner lieu à un procès", a-t-il avancé. Cela pourrait notamment concerner les aveux de l'accusé sur les abus qu'il aurait commis sur sa propre petite-fille.