Des expériences lancées pour réduire l'intensité du soleil, des scientifiques inquiets
Le réchauffement climatique continue de progresser et inquiète les scientifiques. De nouvelles solutions sont donc constamment recherchées. Et s'il était possible de limiter la réflexion de la lumière du soleil sur la Terre ? C'est ce que tente de savoir l'Agence de Recherche Avancée et d'Invention (ARIA), soutenue par le gouvernement britannique avec un budget de 56,8 millions de livres sterling, soit plus de 66 millions d'euros. Elle va superviser plusieurs expériences visant à bloquer partiellement les rayons du soleil. Ce type de recherches s'appelle de la géo-ingénierie, science qui regroupe l'ensemble des techniques qui ont pour but de manipuler et modifier le climat et l'environnement de la Terre.
Deux méthodes sont proposées : la pulvérisation de particules de sel marin pour augmenter la réflectivité des nuages ou la libération de particules microscopiques dans la stratosphère afin de dévier l'énergie solaire. Les scientifiques ont observé que les nuages au-dessus des routes maritimes étaient de plus en plus brillants, la pollution venant des navires les a rendus plus réfléchissants de la lumière du soleil.
Si ces expériences sont fructueuses, elles pourraient être réellement mises en place dans une dizaine d'années et permettraient de réduire temporairement les températures en surface et donc de limiter les dégâts du réchauffement climatique. Ainsi, un sursis serait gagné pour réduire les émissions de carbone mondiales.

Cependant, ces méthodes sont controversées. Certains spécialistes craignent des répercussions telles que la modification du régime pluviométrique ou une perturbation globale des conditions météorologiques, provoquant de graves sécheresses ou des cyclones dévastateurs. Cette idée qui inspire de l'inquiétude est même comparée par certains au fait de "soigner un cancer avec de l'aspirine", rapporte The Guardian.
Le professeur Mark Symes, qui dirige le programme d'Aria, justifie l'utilisation de la géo-ingénierie solaire par la menace de plus en plus proche de points de bascule écologiques, qui une fois franchis seront irréversibles. Il s'agit notamment de l'effondrement de courants océaniques ou de calottes glaciaires. "La triste vérité est que notre trajectoire actuelle de réchauffement rend un certain nombre de ces événements nettement possibles au cours du prochain siècle", a-t-il avancé. De plus, ces tests seront limités, réversibles et sans substances nocives par mesure de sécurité. Le but est avant tout de constituer une base de réflexion.