Un "génome sombre" s'active dans nos cellules quand on se rend à cet endroit
Dans notre corps, nous avons des cellules souches. Elles peuvent se reproduire ou se transformer en d'autres cellules comme les cellules sanguines, cérébrales ou encore osseuses. Leur rôle est de maintenir l'équilibre du système immunitaire. Dans une récente étude publiée dans la revue Cell Stem Cell, un nouvel effet a été détecté sur ces cellules et a intrigué les chercheurs.
Ils ont examiné des cellules souches de moelle osseuse venant de patients subissant une arthroplastie de la hanche, soit une opération visant à remplacer ou à réparer les extrémités des os pour créer une nouvelle surface articulaire. Ces cellules ont été logées dans des bioréacteurs et envoyées sur la Station spatiale internationale. Grâce à une intelligence artificielle, leur état était surveillé en temps réel.
Pour bien fonctionner, les cellules souches doivent être endormies 80% du temps. Or, dans l'espace, elles se sont réveillées et se sont épuisées. Si elles s'épuisent, elles ne peuvent plus fonctionner correctement et former un système immunitaire efficace. Elles ont alors montré des signes de vieillissement accéléré et prématuré. L'absence prolongée de gravité semble perturber le cycle des cellules et le rayonnement cosmique agit comme un stress chronique. Cela pousse les cellules à puiser plus rapidement dans leur réserve, mais aussi à activer des zones habituellement silencieuses.

Elles ont, en effet, commencé à activer des sections de l'ADN caché, appelé "génome sombre". "Ce sont des rétrovirus qui ont envahi nos génomes il y a des milliers d'années et qui représentent 55% de notre ADN. Ils précipitent les cellules souches dans une spirale mortelle. Les cellules se sentent tout simplement surmenées. Elles traversent une crise. Elles vieillissent trop vite", a expliqué Catriona Jamieson, auteure principale de l'étude, citée par CNN. Ce phénomène peut aussi être observé chez des patients atteints de troubles préleucémiques.
Ces informations sont ainsi essentielles pour préserver la santé des astronautes lors de missions de longue durée. Ces résultats signifient que certaines missions pourraient affaiblir leur système immunitaire. De telles recherches peuvent cependant permettre de développer de nouvelles thérapies pour ralentir ou inverser ce vieillissement. Une récupération naturelle resterait possible en un an une fois de retour sur Terre.
Cela pourrait aussi permettre d'éclairer les processus observés chez certains patients atteints de cancers hématologiques ou de troubles immunitaires liés à l'âge. La compréhension des maladies dégénératives pourrait alors être affinée.