"Nous perdrons" : alors que la guerre des drones menace l'Europe, l'armée française a un énorme problème
Alors que la Russie poursuit son incursion dans plusieurs pays européens par l'intermédiaire de drones, le Kremlin et la Biélorussie ont désormais entamé leurs plus importants exercices militaires conjoints depuis l'invasion de l'Ukraine, accentuant encore un peu plus la pression sur les Etats membres de l'Otan. Après le récent déploiement de drones russes dans les cieux polonais, estonien, norvégien et danois, la crainte d'un débordement de la guerre en Ukraine existe et illustre, dans le même temps, certaines lacunes dans les capacités de défense et de dissuasion de l'alliance occidentale face à l'armée de Vladimir Poutine.
Lors d'une conférence navale à Paris tenue il y a quelques mois, l'amiral français Pierre Vandier - chargé d'identifier les besoins opérationnels de l'Otan et à la tête du Commandement allié Transformation - avait déjà averti que l'Alliance serait de plus en plus confrontée à un "problème de prix au tir" face à l'émergence de la guerre des drones. "Si nous tirons des missiles à un million de dollars sur des cibles à 10 000 dollars, un jour, nous perdrons", mettait-il en garde.

Récemment, l'Otan a mobilisé une force multinationale composée "d'avions de combat F-35 et F-16, d'hélicoptères Mi-24, Mi-17 et Black Hawk, ainsi que de systèmes de défense Patriot", rappelle France 24, pour affronter moins de 20 drones russes en polystyrène coûtant environ 10 000 dollars pièce. En réalité, l'Alliance n'a "abattu que trois drones". Pourtant, le secrétaire général de l'Alliance, Mark Rutte, s'est félicité de l'opération.
"Nos défenses aériennes ont été activées et ont assuré avec succès la défense du territoire de l'Otan, comme prévu", déclarait-il. "En réalité, les analystes militaires estiment que ce n'était pas une bonne chose pour l'Otan", révèle un journaliste de France 24. "Le fait qu'elle ait dû utiliser des avions de chasse pour abattre des drones inquiète quelque peu la capacité de l'Otan à faire face à de telles incursions sur son flanc oriental", explique-t-il.
Pour Phillips P. O'Brien, professeur d'études stratégiques à l'Université de St Andrews, en Ecosse, l'incursion de drones en Pologne - par exemple - est extrêmement étonnante. Dans sa newsletter Substack, il assure que les drones auraient dû être identifiés comme des menaces potentielles bien avant leur entrée en Pologne depuis la Biélorussie. "Les Etats membres de l'Otan, même ceux qui sont en première ligne, ne se sont manifestement pas préparés à une guerre du type de celle qui se déroule actuellement", conclut-il. Des déclarations inquiétantes que ce soit pour l'Otan ou l'armée française.