Cumul : qui s'accroche à son mandat ?
Dans les prochains mois, une loi sur le non-cumul des mandats devrait être adoptée : un mandat parlementaire ne devrait plus être compatible avec un mandat exécutif local. Mais les socialistes s'étaient engagés à arrêter de cumuler, sans attendre l'adoption de cette loi. Durant les campagnes pour les élections sénatoriales et législatives, des candidats socialistes avaient pris l'engagement de se conformer au texte adopté par les militants socialistes en 2009. Selon ce texte, les parlementaires devraient quitter leur mandat dans l'exécutif local dans les trois mois après leur élection à l'Assemblée ou au Sénat.
Mais les "cumulards" font aujourd'hui la sourde oreille et n'ont décidément pas envie de devancer la loi, au grand dam de Martine Aubry, qui les rappelle aujourd'hui à l'ordre. Lors de l'université d'été du PS qui s'est achevée il y a quelques jours à la Rochelle, la patronne du parti a fait applaudir la future loi sur le non-cumul par les militants. Ce qui n'a pas été du goût de certains politiques présents. Le Canard Enchaîné du 29 août dévoile ces propos de Martine Aubry : "Vous auriez vu la tête de Collomb (sénateur-maire de Lyon, NDLR) pendant que je parlais, il n'avait vraiment pas l'air content !", aurait-elle confié à ses proches. Et mardi 28 août, la chef du PS a également publié une lettre ouverte aux parlementaires de son bord politique, les enjoignant à "démissionner au plus tard en septembre" des mandats exécutifs locaux. Une prise de position qui n'est apparemment pas du goût de tout le monde, les élus cumulant plusieurs mandats traînant aujourd'hui des pieds pour mettre en œuvre les engagements pris au moment de leurs investitures.
Gérard Collomb, maire et sénateur socialiste de Lyon, n'est pas le seul à faire la grimace. François Rebsamen, président du groupe PS au Sénat, voudrait ainsi "que les sénateurs qui représentent les collectivités locales puissent garder leur mandat local". Sur RMC, cet élu a donc clairement pris position contre l'application de la règle du non-cumul. Et, à Paris notamment, plusieurs parlementaires préfèrent attendre la loi. C'est le cas de Jean-Marie Le Guen (en photo ci-dessus), député socialiste et adjoint au maire de la capitale, qui se déclare pourtant "favorable au non-cumul des mandats" tout en estimant dans les colonnes du Parisien que "pour l'instant, il n'est pas opportun de démissionner de [son] poste d'adjoint à la mairie de Paris." Une position qui aurait reçu le soutien du maire Bertrand Delanoë.
Aujourd'hui, dans la seule Assemblée nationale, les trois quarts des députés disposent de plus d'un mandat, selon le journal Le Monde. 33 d'entre eux (dont 14 socialistes) cumulent quatre mandats. Et pour l'instant, aucun n'a encore démissionné de ses fonctions.
EN VIDEO – A la Rochelle, Martine Aubry a clos dimanche 26 août l'université d'été 2012 du PS.