Cahuzac à la télévision : démission, peur, détresse... Ce qu'il a dit sur BFM

Cahuzac à la télévision : démission, peur, détresse... Ce qu'il a dit sur BFM L'ancien ministre du Budget s'est exprimé pour la première fois à la télévision, sur BFMTV. Voici ce que Jérôme Cahuzac a dit.

La chaîne BFM TV a diffusé à partir de 18 heures ce mardi 16 avril une interview exclusive de l'ancien ministre du Budget qui est resté muet dans les médias depuis ses aveux. Depuis que l'affaire Cahuzac a été confirmée, et avec elle le compte en Suisse de l'ancien ministre, l'incertitude subsistait notamment sur son envie de revenir à l'Assemblée nationale. Voici ce qu'il a déclaré sur BFM et sur RMC.

Sur son retour à l'Assemblée :

"Une décision doit être prise" avec "des conséquences non négligeables"

"Il m'a fallu du temps pour prendre cette décision, écouter les uns et les autres"

"Peut-être ai-je eu besoin de ce temps pour mesure l'ampleur et la gravité de la faute morale que j'ai commise"

"J'estime que la gravité de cette faute ne me permet pas de rester parlementaire et j'ai décidé de démissionner de mon mandat"

Un retour politique : "Cela me parait infiniment peu probable de revenir en politique"

"Je vous le dis avec beaucoup de tristesse"

Sur les réactions au gouvernement :

"Les réactions ont été très violentes, incontestablement il y a eu un acharnement"

La déclaration de Jean-Marc Ayrault "est très dure"

Indemnités de ministre : "J'ai confié à mon avocat le soin de régler cette question juridique"

"Le président de la République n'a pas tenté de me parler" (depuis l'affaire)

"J'ai demandé pardon"

"C'est à ceux à qui j'ai demandé pardon de décider de me l'accorder ou pas"

"Comme tout citoyen, car je deviens un simple citoyen, je lui souhaite de tout cœur bonne chance"

"J'ignore ce qu'était le degré de connaissance du président de la République et de Jean-Marc Ayrault"

"Ce que je sais, c'est que je ne leur ai pas dit la vérité"

"Cahuzac assure avoir menti à Hollande, Ayrault et Moscovici"

Sur son mensonge :

"Ce que j'ai fait ne correspondait pas à ce que ma morale me commandait de faire"

"J'avais une part d'ombre, elle est aujourd'hui en pleine lumière"

"Cette part d'ombre, j'ai décidé de la réduire toutes ces années, de la repousser"

"Une part d'ombre est parfois plus douloureuse qu'un cailloux dans une chaussure"

"Après avoir cherché comment faire, je n'ai jamais trouvé de solution"

"La levée de l'anonymat, je ne pouvais m'y résoudre, à tort, mais pour des raisons que chacun peut comprendre"

"Je me suis menti à moi-même pendant des années"

Ministre du Budget : "J'aurais dû refuser ce poste au lieu de l'accepter"

Le compte en Suisse : "Je l'ai tellement occulté, que je me mens à moi-même"

"Je l'ai tellement occulté que je l'ai oublié"

"Si on n'admet pas ça, on ne peut pas comprendre"

Sur son compte en Suisse :

"J'ai commis une folle bêtise, une folle erreur, il y a plus de 20 ans"

Ouverture du compte : "Il y a 20 ans, [Péninque] n'était pas proche de Marine Le Pen"

"Je l'ai connu lors de rencontres sportives"

"Tout ce que j'ai pu dire ou faire a toujours été en totale contradiction avec le FN"

"C'est d'abord pour des raisons familiales que je rencontre Philippe Péninque"

"600 000 euros oui", c'est vrai. "Le reste non"

"Les sommes que vous venez d'évoquer n'ont aucune réalité"

"C'est la justice qui me permettra de vous démontrer que ce que je dis désormais est la vérité"

D'où vient l'argent ? "De mon travail"

"Ce compte n'a jamais servi à financer de campagne du Parti socialiste"

Sur ses aveux :

"J'ai pris la décision 15 jours avant"

Après les révélations de Mediapart : "Je me consume littéralement de l'intérieur"

"Cette contradiction interne, je ne la supportais plus"

Au moment d'avouer : "Je renonce à tout recours, notamment en Suisse"

"Je n'ai pas à dire comment les choses se passent avec les juges"

Procès, épreuve : "Oui j'ai peur"

"La prison est une possibilité, un risque"

"La justice française aura tous les documents"

Sur son moral :

Mediapart : "Les méthodes me semblent contestables"

"Vos confrères ont contribué à dévaster ma vie"

"Mais c'est à moi que j'en veux"

"Je suis le seul responsable"

"Je comprends la colère"

"J'espère que viendra le moment ou le jugement sera moins dur"

"Il faut bien que je me raccroche à quelques espérances, sinon, à quoi bon"

"Il y a tant de raisons d'être triste et d'éprouver la détresse qui est la mienne"

"Tous les amis que j'avais avant sont restés"

"Ces amis ont eu des jugements très durs"

"Il me reste à être digne de cette amitié", "de l'effort qu'ils font pour conserver cette amitié"

Suicide : "Dans les jours très noirs, il est finalement assez banal de se poser des questions assez fondamentales"

"Je crois qu'il y a une nécessité de me relever"

Député du Lot-et-Garonne

Parmi les principales déclarations de Jérôme Cahuzac, sa démission de son poste à l'Assemblée. Avant d'être ministre, Jérôme Cahuzac a été député de la 3e circonscription du Lot-et-Garonne, réélu en 2012, et a présidé la prestigieuse Commission des finances du Palais Bourbon. Depuis une réforme adoptée lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy, les parlementaires peuvent reprendre automatiquement leur siège de député s'ils perdent leur poste au gouvernement sous un délai d'un mois. Aucune sanction judiciaire n'ayant encore été prononcée contre Jérôme Cahuzac, il pouvait, de fait, revenir siéger parmi les élus, et ce malgré le scandale.

Il semble bien qu'il ait décidé d'y renoncer, comme l'avait déjà annoncé son "ami" le député PS Dominique Lefebvre.

Une interview enregistrée "dans les conditions du direct"

L'interview de Jérôme Cahuzac a été enregistrée par BFM TV dans la matinée du 16 avril "dans les conditions du direct". La chaîne a insisté sur le fait que les questions n'avaient pas été négociées à l'avance. A l'arrivée : un document d'une demi-heure qui revient sur l'affaire, mais aussi sur la provenance de l'argent de Cahuzac et sur la réaction de François Hollande et des membres du gouvernement, avant, pendant et après les aveux du ministre. La chaîne a précisé cependant que plusieurs questions ne trouvent pas de réponses, Cahuzac état tenu par "le secret de l'instruction".

EN VIDEO - Jean-Marc Ayrault a estimé le 12 avril qu'un retour à l'Assemblée nationale de Jérôme Cahuzac, mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, serait "d'une indécence terrible".

"Ayrault : le retour de Cahuzac à l'Assemblée serait d'une "indécence terrible""