Guéant : d'où provient l'argent suspect ? Explications

Guéant : d'où provient l'argent suspect ? Explications Outre une vente de tableaux suspecte, l'ancien ministre de l'Intérieur avance avoir bénéficié de primes en liquide. Quelles sommes auraient ainsi été perçues ? Retour sur ce que l'on peut désormais qualifier d'"affaire Guéant".

Claude Guéant n'a pas fini d'entendre parler de ses dépenses et de ses transferts d'argent. Certains versements sur son compte et certaines dépenses en liquide font l'objet de toutes les attentions. Fin février 2013, lors de perquisitions liées aux soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, un versement de 500 000 euros sur le compte de Claude Guéant a été découvert par les enquêteurs. Un versement effectué depuis un compte en Malaisie. Une somme que l'intéressé tente ces jours-ci de justifier avec une vente de tableaux signés Andries van Eertvelt. Le hic dans cette défense : Claude Guéant, qui ne se rappelait pas au départ du nom du peintre, n'a pas demandé de certificat d'exportation pour ces œuvres d'art. Des pièces pourtant obligatoires. Autre hic : la société Artprice, spécialisée dans l'évaluation de ce type d'objets d'art, estime que la valeur des tableaux en question serait plutôt de 15 000 euros.

Mais le versement d'un demi-million sur le compte de Claude Guéant n'a pas été la seule découverte des policiers de la Division nationale d'investigations financières et fiscales (DNIFF) durant leurs perquisitions : ils ont également dégoté des factures payées en liquide. Pour justifier ces sommes, l'ancien ministre de l'Intérieur avance qu'il a bénéficié de primes "non-déclarées de toute éternité (...) avec la tolérance des services fiscaux", alors qu'il était place Beauvau. Pour une somme qu'il estime entre 20 000 et 25 000 euros. Pourtant, les primes de cabinet ont été supprimées à partir de 2002. Mais Claude Guéant a expliqué qu'elles avaient perduré jusqu'en 2006, avec un système spécifique au ministère de l'Intérieur. Il parle, pour désigner ces sommes, de "frais de police". Soit de "frais d'enquête et de surveillance", qui sont notamment utilisés pour rémunérer des informateurs... Mais ces primes sont "depuis plusieurs années référencées et traçables", selon le syndicat Unsa-Police, qui se dit "surpris par le versement de primes ou d'indemnités qui ne seraient pas clairement référencées et auraient donc pu être versées sans aucun contrôle et de manière occulte".

Guéant : une nouvelle affaire ?

Pour l'Intérieur, "l'usage légitime des frais de police, officiellement dénommés 'frais d'enquête et de surveillance', doit être strictement contrôlé". Manuel Valls a diligenté une enquête contre son prédécesseur place Beauvau afin de faire la lumière sur cet argent liquide. Précisant sa démarche : "à la suite des déclarations publiques jetant le doute sur le bon usage de ces fonds au cours de la dernière décennie, j'ai, à la demande du Premier ministre, ordonné une enquête administrative, confiée à l'inspection générale de l'administration et à l'inspection générale de la police nationale". Un premier rapport d'étape devrait être rendu sous huit jours, tandis que le rapport complet est attendu d'ici un mois.

Ces sommes, argent liquide et versement sur son compte de 500 000 euros, viendraient-elles de Libye pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 ? Claude Guéant s'élève contre ces soupçons : "Jamais je n'ai vu l'argent libyen circuler, ni pour la campagne ni pour quiconque, et je n'en ai même jamais entendu parler, cela doit être clair", a-t-il ainsi martelé sur Canal +.

EN VIDEO – Le 17 mai 2012, il y a près d'un an, Manuel Valls avait pris la succession de Claude Guéant, au ministère de l'Intérieur.

"Claude Guéant - Manuel Valls, la passation de pouvoirs"