Cette raison fait renoncer un Français sur trois à postuler à un emploi

Cette raison fait renoncer un Français sur trois à postuler à un emploi Postuler à un emploi peut être un véritable casse-tête. D'autant plus qu'un obstacle majeur pousse un Français sur trois à renoncer à une offre d'emploi bien avant l'entretien.

Le nombre de demandeurs d'emploi a bondi de 8,7% au premier trimestre, en partie à cause de l'intégration des bénéficiaires du RSA. Mais décrocher un emploi ne se résume pas à une question de diplômes ou d'expérience. D'autres obstacles, moins visibles, entravent le parcours des candidats : lourdeurs administratives, préparation des entretiens, contraintes familiales… Et un facteur pèse de plus en plus dans la balance : les transports.

L'absence de solutions de mobilité adaptées empêche une part significative de la population de postuler à certaines offres, voire de s'y rendre une fois embauchée. RTL a révélé le 24 avril dernier, que près d'un Français sur trois a déjà renoncé à postuler à un emploi pour cette raison. Yann, 32 ans, habite Tourcoing. Sans permis de conduire – trop cher à financer – il cherche un poste depuis deux mois lorsqu'il tombe sur une opportunité à l'hôpital de Lille, en horaires de nuit. Le poste semble idéal. L'aller est faisable. Mais pour le retour ? "Le métro n'est plus accessible la nuit", a-t-il regretté pour expliquer les raisons qui l'ont poussé à refuser. Une situation loin d'être isolée.

Et parfois, posséder une voiture ne suffit pas. Sur le forum Jeuxvideo.com, un internaute raconte avoir été contacté pour un poste à Saint-Lô en Normandie, alors qu'il vit à Noyon, dans l'Oise. Quatre heures de route, aller simple. Quand il soulève la question du trajet, le recruteur suggère de loger sur place la semaine et de rentrer le week-end. "Ne vous demandez pas si c'était bien payé ou à court terme, ça ne l'était pas", s'indigne-t-il.

Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a souligné l'urgence de repenser notre système de transport. "On s'aperçoit dans notre pays que les infrastructures sont vétustes, qu'elles ont besoin de financement pour être beaucoup plus efficaces et qu'il y a une dette grise qui existe parce que nous n'investissons pas suffisamment", a-t-il commenté sur RTL. Cette "dette grise" représente le total des dépenses reportées sur les générations futures. Dans les zones rurales, 80 % des habitants dépendent de leur voiture, selon le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires. Premier émetteur de CO₂ en France, les alternatives aux transports routiers sont pourtant rares. A cette problématique se cumulent les difficultés liées au coût, à la durée des trajets, à l'accès aux transports. Résultat, 13,3 millions de Français sont en situation de précarité de mobilité.

Les jeunes ne sont pas épargnés. D'après un baromètre d'Apprentis d'Auteuil révélé par France Info en novembre 2024, 76 % des 18-25 ans ont déjà abandonné une offre d'emploi ou une formation pour des raisons liées aux transports. Manque de solution accessible et compatible avec les horaires (61 %), absence de véhicule personnel (56 %), prix de l'essence ou des transports en commun (54 % et 43 %) : la mobilité est un levier d'insertion… ou un véritable frein.