La marche des fiertés interdite dans le centre-ville de cette commune, pour une raison mal comprise

La marche des fiertés interdite dans le centre-ville de cette commune, pour une raison mal comprise Le préfet de cette commune a interdit la marche des fiertés dans le centre-ville. Une décision vivement contestée par les organisateurs, qui remettent en cause les justifications avancées.

Prévue ce samedi 14 juin, la Marche des fiertés de Dijon ne pourra une nouvelle fois pas emprunter les rues du centre-ville. Comme en 2024, la préfecture de Côte-d'Or a interdit le parcours central de la "Pride 2025", invoquant des "risques de troubles à l'ordre public", selon un arrêté préfectoral relayé par Le Bien Public. La préfecture évoque une "probabilité élevée que des individus aux velléités d'actions violentes se greffent au cortège" et des "précédents troubles à l'ordre public constatés lors de la manifestation qui s'était tenue au centre-ville en juin 2023".

Elle remet aussi en question l'estimation de participation, jugée trop faible "au regard des manifestations précédentes" : là où les autorités évoquent entre 1 500 et 2 500 personnes lors des dernières éditions, les organisateurs, Solidaires 21 et Les Orageuses, en annoncent 200 cette année. La préfecture rappelle que le non-respect de l'arrêté expose à une contravention de quatrième classe, soit une amende de 135 euros.

Une décision "affligeante" selon les organisateurs

La décision a suscité l'indignation des organisateurs, qui dénonce un "folklore répressif" dans un communiqué publié sur Facebook : "Que dire, si ce n'est qu'une nouvelle fois, la préfecture use et abuse de toutes les méthodes pour disqualifier les organisatrices.teurs et valoriser sa répression future à l'aide notamment des "contraventions de la quatrième classe".

Une réunion tenue le 6 juin avait réuni la préfecture et les organisateurs. Un représentant du syndicat "n'a toutefois pas souhaité poursuivre le dialogue" selon la préfecture. De son côté, le syndicat parle d'"une supercherie de pseudo dialogue social" et assure que la décision d'interdire le parcours en centre-ville avait été annoncée dès le début de la réunion, sans dialogue. En échange, la préfecture a proposé le même parcours qu'en 2024, qui avait été refusé et contesté en référé-liberté auprès du tribunal administratif de Dijon par la CGT 21, la FSU 21, et Solidaire 21 : "Face à cette provocation, il n'y avait rien à discuter", tranche le syndicat. Il avait alors annoncé dans un communiqué du 7 juin qu'il ne négocierait pas de parcours alternatif.

Pour les militants, cette décision revient à "invisibiliser les revendications des personnes LGBTQI en autorisant un parcours en dehors du centre-ville où il n'y a personne." Une décision "affligeante" selon eux "face à la montée des discours réactionnaires et LGBTQIphobes" dans un contexte de recrudescence des violences verbales et physiques envers les minorités. 

Des justifications remises en cause

"Concernant l'arrêté en lui-même, il y a des choses à dire", affirme encore le syndicat, qui dénonce une argumentation "famélique". Il met en cause les avis défavorables transmis par la direction interdépartementale de la police nationale de la Côte-d'Or et par la Ville de Dijon, tous deux datés du 10 juin 2025 : "Ces avis sont de la poudre aux yeux d'un argumentaire famélique, car la préfecture a dès le 6 juin annoncé sa volonté d'interdire tout parcours en centre-ville."

Solidaire 21 s'étonne également de certains arguments contenus dans l'arrêté préfectoral, comme la possible " convergence " entre la Pride et un rassemblement en soutien au peuple palestinien, prévu le même jour. "En quoi cela est-il problématique ?", interroge-t-il. Il souligne aussi une incohérence concernant l'organisation d'un tournoi de basket 3x3 place de la République, dans le centre-ville, pour la Pride 2025 : "C'est pourtant bien de là que devait partir le parcours alternatif proposé par la préfecture… Où est la cohérence ?"

Enfin, l'arrêté justifie l'interdiction par une "très forte affluence au centre-ville de Dijon" le samedi après-midi, "avec notamment la présence de nombreuses familles avec enfants". Solidaires 21 rappelle que les manifestations du 8 mars et du 5 avril, également organisées un samedi par le syndicat, se sont tenues "sans encombre".

Face à la situation, le syndicat a annoncé, le 7 juin, son retrait de l'organisation de la Pride 2025 : "Nous laissons donc la préfecture se débrouiller avec une situation dont elle est l'artisane." Le syndicat assure cependant son soutien aux initiatives qui auront lieu ce samedi à Dijon autour de la Pride.