Lubiana dévoile "Beloved" : "Un album qui fait du bien"

Lubiana dévoile "Beloved" : "Un album qui fait du bien" INTERVIEW LUBIANA. La chanteuse belgo-camerounaise Lubiana publie ce vendredi 10 septembre son premier album, "Beloved".

"Bien aimée", Beloved, Lubiana. Trois traductions qui lui vont si bien. La jeune chanteuse belgo-camerounaise Lubiana publie ce vendredi 10 septembre son premier album, justement baptisé donc, Beloved. Treize morceaux pour une ode à l'amour au sens large : l'amour de soi et l'amour des autres, le tout porté par les singles Mamy Nianga et Self Love. "Avec cet album, j'avais envie d'un retour à l'amour (…) au fond, on cherche tous la même chose : être aimé et s'aimer. C'est ça que j'ai voulu évoquer avec Beloved. C'est un album qui donne confiance, qui fait du bien, qui apaise, qui encourage les gens à s'écouter, à suivre leurs rêves, à être un peu plus dans la paix intérieure et dans l'harmonie", nous confie l'artiste de 27 ans, qui enchante par sa voix et ses notes de kora, cette harpe africaine traditionnellement jouée par des hommes, les griots.

Lubiana est l'une des rares femmes à jouer de la kora. Et certainement la seule à l'intégrer dans les sonorités pop qui font l'album Beloved. "La kora, elle m'a choisie. Elle est d'abord venue en rêve, je ne connaissais pas cet instrument et je me suis vue en jouer. Ça m'obsédait", se souvient la chanteuse, née à Bruxelles d'une mère belge et d'un père camerounais. Avec sa kora, Lubiana met en musique son métissage et mélange les sonorités magiques de son instrument aux notes pop et électro de la musique occidentale. On danse sur Truth ou Feelling Low, on s'évade sur Diarabi, comme on rêve sur le puissant et bien nommé morceau Self Love.

Un premier album en dix ans

Après avoir vu son instrument en rêve, puis l'avoir découvert à Majorque, Lubiana commence à en jouer et obtient la bénédictions des plus grands joueurs de kora, comme Toumani Diabaté ou Ablaye Cissoko. "Mon intention, elle n'est pas de dérober ou de voler quoi que ce soit et je sais que la kora m'a choisie, c'est ce qu'ils m'ont dit. Ablaye Cissoko m'a dit que la kora avait le son de mon âme, donc il fallait que je garde ma bonté", souligne la jeune femme, repérée à 17 ans dans The Voice Belgique.

Pour ce premier album, il aura fallu dix ans à Lubiana, qui avait sorti un EP en plein confinement en 2020. "J'ai vraiment commencé à me lancer dans la musique à peu près à la même période, en septembre 2011. Qu'il sorte maintenant, c'est une sorte de signe. Dix ans, c'est énorme, c'est plus du tiers de ma vie, dix ans à suivre mon rêve et à ne rien lâcher, à me trouver, à apprendre à m'aimer, à me reconnecter à moi, à mon métissage… Je suis très fière de cet album", résume la chanteuse.

Lubiana et Mamy Nianga

Deuxième single de l'album après Self Love, le morceau Mamy Nianga confirme Lubiana aux yeux du grand public. Son titre, formule camerounaise qui désigne quelqu'un de coquet, "c'est un peu la version française de 'sapé comme jamais'", s'amuse la chanteuse, surnommée ainsi, adolescente, par son père. "Je ne pouvais pas sortir sans avoir lissé mes cheveux, je voulais ressembler à ce que je voyais autour de moi. Au Cameroun, on m'appelle toujours 'la blanche' et en Belgique c'était plutôt 'Tahiti Bob'. (personnage des Simpsons NDRL). Quand j'étais jeune, ça me donnait constamment l'impression d'être un truc de foire."

Apprendre à s'aimer. C'est l'un des enseignements de l'album Beloved et de ce single. "Mamy Nianga, c'est une ode à l'authenticité (...) qui parle de s'aimer sans artifices. On peut aimer la sape, mais notre valeur elle dépend vraiment de qui on est", commente Lubiana. Côté clip, ressort toujours le métissage de la chanteuse, entre les tableaux du Belge Magritte et le "ndop, qui est le tissu de la tribu Bamiléké", dont elle est originaire.

Lubiana, de The Voice à un premier album

Née le 12 décembre 1993 d'une mère belge et d'un père camerounais, Lubiana Kepaou grandit baignée de musique. "J'ai toujours su que je voulais faire de la musique et de l'art. Au début, c'était surtout par rapport au regard des gens (...) pendant longtemps je faisais de la musique pour ça, pour être aimée, avoir une identité, une place. J'ai fait mes études au conservatoire, juste après l'école, c'est là que j'estime avoir vraiment commencé, à 17 ans", détaille l'artiste, qui a participé cette année-là, à la version belge du télécrochet musical The Voice en 2017. Le métissage et l'ambivalence, Lubiana l'assume : "En Afrique on a un ancrage dans la Terre, avec nos ancêtres, avec le sol. En Europe, on a plutôt une élévation vers des mélodies, c'est vraiment ça le contraste de Mamy Nianga : le Nord, le Sud ; l'Afrique, l'Europe, mais aussi le jour et la nuit qui sont deux faces de ma personnalité."

Alors pour "se rencontrer", la chanteuse part seule aux États-Unis. Après avoir écumé les open mics (scènes ouvertes) de Los Angeles, elle rencontre le producteur Frank Ocean, mais quittera cette "mauvaise relation" et le trop fort sentiment de lui être redevable. "Je voulais mon son, pas un truc qui se faisait déjà. C'était moi qui pouvait trouver mon son, personne d'autre. Même les plus gros producteurs ne pouvaient pas savoir ce que je voulais faire si moi je ne le savais pas", se souvient Lubiana, qui sera, à son retour en Europe, repérée et signée par le label de Pascal Nègre, 6&7.

"C'était hyper important pour moi de créer mon univers. Je rêve qu'on puisse dire un jour 'ça sonne Lubiana'. Créer une patte, confie l'artiste. Je pense que c'est ce que j'ai réussi à faire dans cet album, y'a une vraie proposition artistique singulière et c'est pour ça que j'en suis très fière."

Une chanteuse en quête d'amour

Résolument optimiste, Lubiana a décidé de voir le verre à moitié plein. Peu importe ce qu'on en dise. "Depuis toute petite, je n'ai jamais cru ceux qui me disaient que l'être humain est mauvais, que le monde est horrible et que rien ne va. Oui, il y a des atrocités, mais aujourd'hui on met tellement l'accent sur ces choses-là qu'on en oublie toutes les belles qui se passent. J'ai foi en la vie, en l'humanité et j'aime l'être humain. Et je n'ai pas envie de changer cette vision. La beauté est partout, il faut la voir", prône la chanteuse, qui se demande à quel moment cette vision "est devenue has been."

Alors Beloved s'impose comme "un album à la fois profond et solaire, avec une double facette, mais toujours une même quête : l'amour." Et de résumer : "C'est une ode à l'amour au sens large. L'amour est la chose la plus importante au monde et le but même de la vie, peu importe st ce qu'on fait, s'il n'y a pas d'amour, ça n'a pas de sens." Tout est dit.

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