Les rugbymen du Mondial sont-ils tous professionnels ?
Sur les vingt nations engagées dans ce Mondial 2011, plus d'un quart connaissent les joies de l'amateurisme ! Les joueurs concernés ne sont donc pas payés lorsqu'ils pratiquent leur passion ; ils cumulent alors activité professionnelle et challenge sportif, calant leurs entraînements tôt le matin, pendant leur pause-déjeuner et à la sortie de leur travail.
Des "petits" qui stagnent
Parmi les nations mixtes (mi-pro mi-amateur) participant à cette Coupe du monde, la Namibie est celle qui occupe le plus faible rang mondial (20e au 12/09/2011), devant la Russie et les Etats-Unis. Seuls quatre de ses joueurs sont professionnels. Parmi eux, le capitaine Jacques Burger, ancien d'Aurignac (Pro D2) et actuel 3e ligne centre des Saracens de Londres, fait figure d'attraction. Déjà présent au Mondial 2007, Burger a fait le choix de jouer pour son pays natal, la Namibie, plutôt que de rejoindre l'Afrique du Sud où il jouait en club (Percy Montgomery a fait un choix différent).
Lors de ce Mondial néo-zélandais, une seule équipe connaît son véritable baptême du feu, à savoir la Russie. Si la majorité des Bears évolue dans le championnat domestique (le club du VVA-Podmoskovye fournit 13 joueurs à la sélection, un record partagé avec le Leinster), cinq Russes jouent à l'étranger... sans pour autant être tous professionnels ! Les deux amateurs dans ce cas, Viatcheslav Grachev et Konstantin Rachkov (meilleur marqueur russe de tous les temps), portent les couleurs de clubs amateurs français.
Irakli Abuseridze, le capitaine de la Géorgie, joue à Auxerre en 5e division (Nationale 3).
D'autres sélections mineures voient leurs meilleurs joueurs s'affûter en France. La Géorgie alignait ainsi 13 joueurs évoluant sur les prés de l'Hexagone lors de son match d'ouverture contre l'Ecosse.
Si certains d'entre eux savourent l'excitation et la médiatisation du Top 14 (Gorgodze à Montpellier, Khinchagishvili à Brive et Zirakashvili à Clermont), d'autres connaissent le labeur de l'amateurisme. Le capitaine des Lelos géorgiens Irakli Abuseridze, troisième Mondial au compteur, joue pour Auxerre en Fédérale 3, la cinquième division française !
Vers un nivellement des sélections ?
Contrairement à la Coupe du monde 2007, où le Portugal n'avait aucun joueur professionnel dans ses rangs, le Mondial présent ne compte aucune équipe 100% amateur. Cette situation nouvelle s'explique par la création de ligues nationales dans ces pays à la culture rugby limitée.
Les Etats-Unis et le Canada, par exemple, ont opté pour un championnat semi-pro (les joueurs sont payés mais exercent un autre métier en complément). Dans cette dernière sélection, huit joueurs sur les trente appelés possèdent un contrat professionnel.
Le Japon, lui, a totalement basculé dans le monde professionnel depuis quelques années. D'une part, les Nippons ont créé une ligue professionnelle dans laquelle jouent tous les internationaux, à une exception près. D'autre part, ils se sont renforcés en intégrant à leur effectif des étrangers, la plupart venant du Pacifique, ayant évolué au minimum trois ans au Japon. Ils sont actuellement dix sur les trente Brave Blossoms présents en Nouvelle-Zélande.
Avec ces nouvelles mesures, couplées à l'exportation des joueurs dans les championnats étrangers majeurs, l'écart auparavant démesuré entre les équipes du gotha mondial et leurs poursuivantes a considérablement diminué. Mais de là à voir la Russie tenir tête aux ogres All Blacks, il y a encore quelques années à patienter...