"De la glace fécale bleue au pouvoir destructeur" : voici où vont les excréments dans les toilettes à bord d'un avion

"De la glace fécale bleue au pouvoir destructeur" : voici où vont les excréments dans les toilettes à bord d'un avion C'est une interrogation récurrente à bord d'un avion : quel est le sort réel de nos déchets une fois évacués des toilettes ?

C'est une question que tout le monde s'est déjà posé après un passage aux toilettes à bord d'un vol long-courrier : que deviennent nos excréments et les eaux usées après avoir tiré la chasse d'eau ?

C'est un vrai défi pour les compagnies aériennes : ainsi apprend-on par un jeune pilote de ligne Garett Ray qu'à bord d'un Boeing 747 long-courrier, "les toilettes sont tirées environ 1 000 fois par les passagers, accumulant plus de 320 gallons (environ 1200 litres)". D'autre donnent le chiffre d'"environ 870 litres de déchets par vol, soit un volume comparable à un grand jacuzzi"... Mais quel sort leur est-il réservé après ?

Garrett Ray, pilote de ligne, a mis fin à une vieille légende via son compte Instagram : non, les excréments ne disparaissent pas dans l'atmosphère après avoir été largués immédiatement dans les airs. Une fois la chasse tirée (et contrairement à ce que le vacarme de l'aspiration laisse penser), les déchets sont en réalité dirigés vers un réservoir de stockage situé dans le fuselage de l'avion, mélangés à un produit chimique désodorisant et désinfectant. Ce n'est qu'une fois que l'avion a atterri que des équipes au sol procèdent à la vidange et au nettoyage complet de ces cuves.

Entretien des toilettes à aspiration des avions. © alhim - stock.adobe.com

Mais cette vérité est loin d'être un miracle : si la goulotte de drainage fécal n'est pas correctement fermée ou en raison de la défaillance d'un composant en plein vol, des déchets peuvent s'échapper. Mélangés au produit désinfectant de couleur bleu et au contact de l'air glacial de la haute altitude, ces fluides gèlent instantanément pour former une "glace bleue" susceptible de se détacher et de chuter au sol sous l'effet de la gravité.

En 2021, un habitant de Windsor près de Londres avait eu la désagréable surprise de voir atterrir ces restes d'excréments dans son jardin, recevant un liquide inconnu sur son parasol et sur lui-même. "Je sais qu'un certain nombre d'incidents se produisent chaque année avec des eaux usées gelées provenant d'avions, mais celle-ci n'était pas gelée et tout son jardin a été éclaboussé d'une manière très désagréable", avait révélé à la BBC un élu local. "Il était dans le jardin à ce moment-là, donc c'était une expérience vraiment horrible."

Cela aurait pu être encore pire puisque cette "glace bleue", si elle ne fond pas, peut avoir un "pouvoir destructeur effroyable" selon le site hongkongais HK01 qui s'était penchée sur la question, révélant que, si les chances sont faibles, ces blocs de glace peuvent endommager gravement les toits des habitations et des véhicules et peuvent même blesser des piétons.

Par le passé, des incidents de fuite se sont déjà produits, même si les technologies de bord minimisent désormais les risques. Comme le rapporte le magazine Slate, l'étanchéité insuffisante des canalisations des toilettes des avions dans les années 70 entraînait fréquemment "des fuites d'urine et d'excréments mélangés au Skykem à l'extérieur de l'appareil, près du train d'atterrissage arrière". Un exemple des plus frappants s'est produit à Londres en 1971 : un "gros morceau de glace bleue" est tombé sur un bâtiment, endommageant la toiture.