Gabriel Attal : un ministre à la hauteur des chantiers de l'Education nationale ?

Gabriel Attal : un ministre à la hauteur des chantiers de l'Education nationale ? GABRIEL ATTAL. L'ancien ministre délégué chargé des Comptes publics a été nommé à l'Education nationale, jeudi 20 juillet 2023. Il succède à Pap Ndiaye. Gabriel Attal a d'ores et déjà fixé "trois priorités" pour guider son action.

[Mis à jour le 21 juillet 2023 à 21h42] Dans le cadre du remaniement ministériel annoncé par l'Élysée le jeudi 20 juillet, un changement est particulièrement remarqué. Gabriel Attal, jusqu'ici ministre délégué chargé des Comptes publics, se voit confier le prestigieux poste de ministre de l'Éducation nationale, succédant ainsi à Pap Ndiaye. Cette nomination était toutefois attendue : les médias annonçaient déjà le départ de Pap Ndiaye dans le cadre de ce remaniement. À seulement 34 ans, l'ancien porte-parole de l'exécutif se voit propulsé à la tête d'un des ministères les plus importants du gouvernement. Connu pour sa loyauté envers Emmanuel Macron, Gabriel Attal connaît déjà les arcanes de l'hôtel de Rochechouart, ayant précédemment occupé le poste de secrétaire d'État auprès du ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse entre 2018 et 2020, sous la direction de Jean-Michel Blanquer. 

Lors de la cérémonie de passation de pouvoir au ministère, jeudi soir, Gabriel Attal a tenu à exprimer ses éloges envers son prédécesseur, louant son engagement, sa rigueur, son intelligence et son courage, selon les informations rapportées par BFMTV. Conscient des défis qui l'attendent, le nouveau ministre de l'Éducation nationale a accepté ce nouveau poste avec humilité, reconnaissant qu'il reste beaucoup à accomplir dans le secteur. Il évoque un défi colossal ainsi qu'une mission difficile qui l'attend.  

L'éducation nationale est un pilier essentiel de la société, formant les générations futures et contribuant à façonner l'avenir du pays. Gabriel Attal aura donc la lourde responsabilité de poursuivre les efforts entrepris par ses prédécesseurs et d'initier de nouvelles réformes pour relever les défis auxquels le secteur est confronté. Parmi les enjeux majeurs figurent la lutte contre le décrochage scolaire, l'amélioration de la qualité de l'enseignement, l'égalité des chances pour tous les élèves, quel que soit leur milieu social, ainsi que le développement des outils pédagogiques adaptés aux besoins de l'époque, notamment en matière de numérique.  

Les "trois priorités" fixées par Gabriel Attal pour l'éducation

Gabriel Attal a fixé, lors de son premier discours en tant que ministre de l'Education nationale, "trois priorités" pour les prochains mois, comme l'indique BFMTV. Il a tout d'abord dit vouloir "remettre le respect de l'autorité et des savoirs fondamentaux au cœur de l'école", en citant les émeutes urbaines qui ont frappé le pays tout entier à la suite de la mort de Nahel. Le deuxième objectif fixé par le nouveau ministre de l'Education nationale est de "garantir que chaque élève aura un professeur chaque jour face à lui, car nous aurons des professeurs heureux au travail". Gabriel Attal doit en effet faire face à un défi majeur : la crise de recrutement d'enseignants, qui menace le bon fonctionnement du système scolaire. Pour y remédier, son prédécesseur, Pap Ndiaye, a proposé le retour des concours dans le premier degré, à bac+3 au lieu de bac+5. 

Gabriel Attal a enfin fixé comme troisième objectif la nécessité que chaque enfant soit "heureux" à l'école, affirmant que "la lutte contre le harcèlement scolaire est une exigence morale absolue", rapporte BFMTV. Celui qui devient à 34 ans le plus jeune ministre de l'Education nationale de la Ve République peut d'ores et déjà se satisfaire du fait qu'Emmanuel Macron place l'école au cœur des sujets sur lesquels l'exécutif doit faire des efforts pour la suite du quinquennat.

En effet, lors d'un discours en ouverture du Conseil des ministres ce vendredi, devant son équipe gouvernementale remaniée, le chef de l'Etat a fixé quatre grands axes pour structurer la politique menée par le gouvernement dans les prochains mois. Parmi ces quatre axes, Emmanuel Macron a évoqué le "progrès", en appelant à rendre "plus efficaces" les services publics et à "corriger les inégalités", notamment à l'école. Des propos rapportés par Challenges. "Du pacte enseignant en passant par la réforme du lycée professionnel, nous avons posé les jalons d'une transformation profonde de notre système scolaire", s'est par ailleurs félicité le président de la République, indique Capital. Une transformation profonde que Gabriel Attal a donc la lourde tâche de poursuivre. 

Outre cette évolution du système scolaire, Gabriel Attal devra aussi faire face aux controverses récurrentes sur la laïcité à l'école, à l'instar du débat sur le port des abayas. Une autre priorité pour le nouveau ministre sera de corriger certains effets jugés néfastes du bac Blanquer, qui entraînent un taux d'absentéisme trop élevé dans les lycées, notamment lors du troisième trimestre.

Gabriel Attal éteint les polémiques sur son âge et son passage dans le privé

A peine nommé, Gabriel Attal a dû composer avec la naissance d'une polémique liée à sa scolarité. En effet, le jeune ministre est passé par l'école privée. Toutefois, il défend l'idée que son passé d'écolier dans le privé ne l'empêchera pas d'accomplir sa tâche. "Oui, j'ai été à l'école privée, et je n'ai pas à renier ou à m'excuser pour ce choix que mes parents ont fait à l'époque. Je ne crois pas que le combat soit de s'excuser pour ce choix", a-t-il assuré lors de la passation de pouvoir, rapporte BFMTV. Et de conclure : "Le combat c'est de garantir que toute l'école puisse apporter à tous les parents l'essentiel de ce qu'ils attendent pour les enfants."

Agé de 34 ans, Gabriel Attal a également dû faire face aux critiques sur son jeune âge, qui le suivent depuis qu'il occupe des postes importants au sein du gouvernement. "Oui, je suis jeune, mais je peux rappeler qu'on peut avoir 34 ans et avoir de lourdes responsabilités", a-t-il affirmé, rappelant qu'"un professeur sur trois a moins de 40 ans" et que ces enseignants "ont, eux, la très lourde responsabilité d'instruire nos enfants". 

Une nomination loin de faire l'unanimité chez les syndicats d'enseignants

A moins de deux mois de la rentrée scolaire, l'arrivée de Gabriel Attal au ministère de l'Education nationale a suscité de nombreuses réactions parmi les différents syndicats d'enseignants. "Gabriel Attal arrive à un moment décisif pour l'avenir de notre école", a tout d'abord estimé sur franceinfo Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU, avant de s'interroger : "Va-t-il accompagner l'effondrement de l'éducation ou aura-t-il le poids politique face à Emmanuel Macron pour changer le cours des choses ?"

"Parce qu'il a l'oreille du président, il saura peut-être lui faire entendre que certains choix ne sont pas les meilleurs", a de son côté espéré Jérôme Fournier, secrétaire national du syndicat SE-Unsa, rapporte franceinfo. Mais pour Fatna Seghrouchni, co-secrétaire fédérale de Sud-Education, cette proximité avec le chef de l'Etat fait qu'il "appliquera à la lettre ce que lui demandera Emmanuel Macron", indique le média.

Gabriel Attal au ministère de l'Education nationale, une consécration ?

L'Education nationale est un ministère que Gabriel Attal connait déjà, du moins en partie. Entre 2018 et 2020, il était secrétaire d'Etat auprès de Jean-Michel Blanquer, il avait notamment la main sur le dossiers liés à la jeunesse et à la mise en place du service national universel (SNU). Désormais, c'est à la tête du ministère que l'étoile montante de la majorité se trouve. Et cette nomination a un goût de victoire, puisque Gabriel Attal n'avait pas caché son désir d'être responsable de ce portefeuille lors du début du second mandat d'Emmanuel Macron.

Cité à plusieurs reprises pour différents ministères, dont celui de l'Education nationale, en 2022, Gabriel Attal, qui était à l'époque porte-parole du gouvernement, avait finalement atterri à Bercy aux côtés de Bruno Le Maire, en tant que ministre délégué chargé des Comptes publics. Une nomination qui ne concernait pas un ministère de plein exercice, comme on pouvait s'y attendre, mais qui sonnait déjà comme une promotion pour le trentenaire. Gabriel Attal a d'ailleurs profité de cette fonction pour montrer ses qualités de politique, de gestionnaire et de communicant.

Biographie

Qui est Gabriel Attal ?

Si Gabriel Attal a du bagout lorsqu'il est question de politique, l'homme est plus discret sur sa vie personnelle et étonnement, rien ne prédestinait le jeune homme à se lancer dans la vie politique. Son père, Yves Attal, décédé en 2015 d'un cancer, était avocat et producteur de cinéma tandis que sa mère, Maire de Couriss, travaillait dans une société de production. Né en 1989 à Clamart dans les Hauts-de-Seine, c'est à Paris que Gabriel Attal grandit avec ses trois sœurs. Depuis la famille Attal s'est agrandie avec l'adoption du fils d'une cousine germaine décédée aux alentours de 2015, Nikolaï, dont le ministre a avoué à Gala être très proche.

L'attrait pour la politique de Gabriel Attal est né lors de la présidentielle de 2002, qui oppose Jean-Marie Le Pen à Jacques Chirac au second tour. Le ministre n'a alors que 13 ans, mais suit ses parents dans une manifestation contre le Front national. Ce sens politique se ressent plus tard dans les choix d'étude de Gabriel Attal, aujourd'hui diplômé de l'Ecole alsacienne, de Science Po Paris pour un master en affaires publiques, et d'une licence de droit passée à l'université Paris II Panthéon-Assas. C'est un stage de fin d'étude obtenu au sein de l'Assemblée nationale qui fera la jonction entre le parcours universitaire et la carrière politique de Gabriel Attal.

De militant socialiste à pilier de LREM au gouvernement

C'est sous l'étiquette du PS que Gabriel Attal a fait ses premiers pas en politique, en 2006, pour soutenir la candidature de Ségolène Royal à l'élection présidentielle de 2007. Mais déjà le jeune homme défendait une vision de la gauche où les valeurs humanistes devaient côtoyer le libéralisme. Après des prises de position et du militantisme politique durant ses études à Sciences Po Paris, Gabriel Attal se fait une place à l'Assemblée nationale puis au cabinet du ministre de la Santé en 2012 et, jusqu'en 2017, auprès de Marisol Touraine. Il y tient le rôle de conseiller politique et est souvent à l'origine des discours officiels.

L'année 2017 est un tournant dans la biographie de Gabriel Attal, qui troque le PS pour LREM et rejoint le mouvement d'Emmanuel Macron dès sa création. Il se lance d'ailleurs dans la course des législatives dans la 10e circonscription des Hauts-de-Seine et l'emporte. Intégré au noyau du parti et remarqué pour son aplomb et son sens politique aiguisé, malgré son jeune âge, il est propulsé au rôle de porte-parole de La République en Marche en 2018 jusqu'à son entrée au gouvernement.

Gabriel Attal est nommé secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale à 29 ans, et devient le plus jeune membre du gouvernement de la Ve République. Un jeune âge qui le fait apparaître aux yeux de certains comme un "prodige" ou une "étoile" de la politique. Loin de faire de la figuration, le jeune homme porte des dossiers importants du quinquennat comme le service national universel. Ses efforts et ses performances dans les médias sont appréciés en haut lieu et lui ouvrent la voix pour devenir porte-parole du gouvernement, soit secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, en juillet 2020, puis ministre de l'Action et des Comptes publics pour le deuxième mandat d'Emmanuel Macron en mai 2022. Gabriel Attal gravti une nouvelle marche le 20 juillet 2023 en étant nommé à la tête du ministère de l'Education nationale.

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