Vol au Louvre : une bonne nouvelle sur des bijoux volés, l'enquête avance

Vol au Louvre : une bonne nouvelle sur des bijoux volés, l'enquête avance Alors que le profil des suspects se précise et permet de privilégier une piste dans l'affaire du vol du Louvre survenu le 19 octobre dernier, une bonne nouvelle concernant les bijoux a été annoncée par la présidente du musée parisien.

Une bonne nouvelle. Ce vendredi 7 novembre, la directrice du musée du Louvre, Laurence des Cars annonce que la couronne de l'impératrice Eugénie, "assez endommagé par l’extraction de la vitrine, va pouvoir être restaurée et exposée. "Il nous faudra un peu de temps pour sa restauration", concède-t-elle, mais ce "sera un très beau symbole de la renaissance du Louvre". "Les pièces les plus importantes, les diamants et les émeraudes, sont intactes. Il manque toutefois quelques petites pièces de diamants et un aigle d’or sur les huit qui étaient présents sur la couronne", précise-t-elle au micro de France Info. Aussi, le musée du Louvre pourra compter sur "des mécènes" pour la restauration de cet objet unique. Plusieurs "se sont proposés pour aider (...) Nous allons constituer un comité scientifique qui suivra cette restauration", conclut Laurence des Cars.

Mais alors, qui se cache derrière le cambriolage du Louvre ? Les enquêteurs n'ont toujours pas toutes les réponses à cette question, malgré l'interpellation et la mise en examen de quatre personnes. Deux suspects, arrêtés le 25 novembre, sont des hommes âgés de 34 et 39 ans et originaires d'Aubervilliers en Seine-Saint-Denis. Ils sont soupçonnés d'avoir fait partie du commando de quatre personnes ayant braqué le musée parisien dans la matinée du 19 octobre et ont été mis en examen pour "vol en bande organisée" et "association de malfaiteurs en vue de commettre un crime". Ils ont été placés en détention provisoire. Une homme de 37 ans et une femme de 38 ans complètent la liste des suspects interpellés et ont également été mis en examen "association de malfaiteurs". Lui, également poursuivi pour "vol en bande organisée", est soupçonné d'avoir fait partie du commando, mais aussi d'avoir volé la nacelle utilisée pour la cambriolage, tandis qu'elle est suspectée de "complicité de vol en bande organisée".

Si le couple a nié toute implication dans le cambriolage du Louvre et le vol d'un butin estimé à 88 millions d'euros, les deux autres suspects "se sont livrés à des déclarations (…) minimalistes par rapport à ce qui nous paraît être démontré par le dossier" avait rapporté la procureure de la République, Laure Beccuau, après leur interpellation. L'un d'eux, un dénommé Abdoulaye N., a reconnu avoir participé au cambriolage et a expliqué avoir agi sur commande d’individus non identifiés. Le second, Ayed G., a fait des déclarations similaires évoquant même la piste d'un commanditaire à l'étranger rapporte Le Parisien.

Outre les déclarations des deux suspects, les profils des personnes interpellées donnent également du poids à l'hypothèse d'un acte commandité. Si Abdoulaye N. compte plus une quinzaine de mentions sur son casier judiciaire, la plupart porte sur des délits comme la détention de stupéfiants, la conduite sans permis, la mise en danger d’autrui, des délits de fuite ou encore de refus d’obtempérer. Une affaire plus sérieuse concerne un vol dans une bijouterie de Barbès, dans le XVIIIème arrondissement de Paris. Mais le cambriolage, qui a donné lieu à une condamnation, n'est sans commune mesure avec le vol du Louvre.

Ni les deux hommes, ni le couple n'apparaissent comme étant les cerveaux de l'opération. Ils ont plutôt le profil d'exécutants peu aguerris au regard de toutes les traces laissées derrière eux et exploitées par les enquêteurs. Reste que les policiers n'ont pas encore réussi à identifier le commanditaire ou le réseau ayant fait appel à ces petites mains. S'agit-il d'une réseau de criminalité organisée, de trafic d'art ou d'une opération orchestrée par un collectionneur peu scrupuleux ? Un autre question reste sans réponse : où sont passés les joyaux de la Couronne ayant été dérobés ? Pour l'heure, aucun n'a été retrouvé, mais "toutes les pistes sont explorées", notamment celles "du marché parallèle" a assuré la procureure de Paris. Le ministre de l'Intérieur s'est cependant dit "optimiste" quant aux chances de retrouver les bijoux. 

Qui sont les suspects du cambriolage du Louvre ?

Si sept personnes ont été interpellées entre le 25 octobre et le 1er novembre, seulement quatre ont été mises en examen. Il y a d'abord eu deux hommes, Ayed G. et Abdoulaye N.. Le premier est un Algérien de 34 ans vivant en France depuis 2010 qui a été arrêté à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle alors qu’il s’apprêtait à quitter la France pour son pays, sans billet retour. Le second est une star des réseaux sociaux connu sous le nom de "Doudou Cross Bitume", une légende du motocross bien connue par les adeptes pour ses vidéos sur YouTube et Dailymotion publiées à la fin des années 2000. L'homme a eu un parcours haché marqué par plusieurs tentatives d'insertion dans la société avec divers petits boulots et un passage en prison après une condamnation à trois ans de réclusion criminelle pour la braquage d'une bijouterie à Barbès en 2015. Cet ancien livreur de 39 ans est d'ailleurs connu des services de police pour des vols aggravés commis en 2008 et en 2014, et il se trouve actuellement sous contrôle judiciaire pour un autre vol aggravé datant de 2019, pour lequel il doit être jugé en novembre au tribunal correctionnel de Bobigny.

Quant au couple arrêté dans un second temps, il est composé d'un homme déjà connu des services de police avec "un casier judiciaire qui porte mention de 11 condamnations, dont une dizaine pour des faits de vols aggravés" et des "délinquances routières" a fait savoir la procureure de Paris. "Une délinquance que l’on n’associe pas généralement avec le haut du spectre de la criminalité organisée" a souligné cette dernière. L'homme a également montré des liens avec Abdoulaye N. puisqu'il a lui aussi été condamné dans l'affaire de la bijouterie de Barbès en 2015. Sa compagne, en revanche, n'est pas connue des services de police.

S'il y a quatre suspects interpellés, seulement trois sont soupçonnés d'avoir fait partie du commando. "Il y a quatre auteurs, il en reste au moins un à retrouver, plus sans doute le ou les commanditaires", a notamment déclaré le ministre de l’Intérieur Laurent Nunez au Parisien. Il faut également rechercher de possibles complices à l'instar de la femme mise en examen, même si pour l'heure, "rien ne permet à ce stade d'affirmer que les malfaiteurs auraient bénéficié d'une complicité au sein du musée" selon Laure Beccuau. Invitée sur France info le dimanche 2 novembre, la procureure de Paris a expliqué : "Nous tirons des fils qui ne sont, pour le moment, absolument pas rompus."

Un des cambrioleurs trahi par son ADN

Samedi 25 octobre, deux suspects avaient été interpellés, puis placés en garde à vue dans le cadre de l’enquête en cours pour "vol en bande organisée" et "association de malfaiteurs en vue de la commission d’un crime", menée par la brigade de répression du banditisme de Paris (BRB) et l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) après le "casse du siècle" du 19 octobre dernier au musée du Louvre.

Selon les informations de BFMTV, de l'ADN a été retrouvé sur les lieux du casse, "déterminant" dans l'identification de l'un des deux malfaiteurs arrêtés.
D'après Le Monde, l’un des deux suspects a été interpellé samedi aux alentours de 22 heures par la BRB et la brigade de recherche et d’intervention à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle tandis qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour l’Algérie. Le deuxième suspect a été interpellé à Aubervilliers. Selon les informations de BFMTV, les deux hommes sont originaires d'Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. "Les deux suspects étaient dans le radar des enquêteurs depuis plusieurs jours avant leur interpellation", précise la chaîne info.

"Le semi-professionnalisme" des cambrioleurs

Pour rappel, jeudi 23 octobre, plus de 150 prélèvements de traces ADN, papillaires et autres ont été réalisés sur les lieux du vol de bijoux, indiquait la procureure de la République de Paris Laure Beccuau, auprès de Ouest-France. "Soit on travaille avec des traces riches - du sang, de la salive, du sperme -, soit on travaille avec des traces pauvres, c'est-à-dire par exemple des traces d'ADN de contact, un peu à l'aveugle, sur des supports susceptibles d'avoir été touchés par un mis en cause", précise au micro de BFMTV Perrine Rogiez-Thubert, commandante de police scientifique à la direction de la police judiciaire.

Dans le feu de l'action, les malfrats ont laissé certains indices supplémentaires aux enquêteurs, notamment sur leur profil. "Il y a une espèce de précipitation à partir du moment où les alarmes sonnent. On sent qu'ils sont stressés, ils descendent trop vite les échelles, ils perdent des bijoux, etc. Effectivement, déjà, ça en disait long sur le semi-professionnalisme de ces individus", indique Frédéric Ploquin, auteur d’Insécurité, stop à la descente aux enfers, au micro de France info. Ce qui met du plomb dans l'aile de la piste selon laquelle le cambriolage aurait été effectué par des professionnels chevronnés.

Quels sont les bijoux volés au Louvre ?

Au total, huit biens avaient été dérobés et deux autres retrouvés dans la galerie Apollon qui abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne de France, avait annoncé le ministère de la Culture. La couronne de l'impératrice Eugénie avait été retrouvée à proximité du musée parisien, endommagée. Le bijou serait "assez endommagé par l’extraction de la vitrine. Le département des objets", avait indiqué la présidente-directrice du musée du Louvre, Laurence des Cars, lors de son audition devant la commission de la culture au Sénat. Un deuxième bijou a, lui, été retrouvé dans la salle où a eu lieu l'effraction.

Parmi les huit objets volés, ont été répertoriés : le diadème de la parure de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, un collier de la parure de saphirs de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, une boucle d'oreille issue d'une paire de la parure de saphirs de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, un collier en émeraudes de la parure de Marie-Louise, une paire de boucles d'oreilles en émeraudes de la parure de Marie-Louise, une broche dite broche reliquaire, un grand nœud de corsage de l'impératrice Eugénie et un diadème de l'impératrice Eugénie.

Les bijoux volés ont une place importante dans l'histoire de France, ils n'ont pas simplement une valeur marchande. "C'est évidemment très cher", mais "c'est surtout une valeur inestimable au point de vue du symbole et de l'importance historique", explique Didier Rykner, fondateur et directeur de La Tribune de l’art, dans les colonnes de franceinfo. "Le seul moyen d'écouler et de blanchir la pièce serait effectivement, ce qui est pour nous le cauchemar absolu, de dépecer les objets, de les dessertir, de retailler les diamants. Mais là, ça nécessite des complicités qui, à mon avis, vont hésiter à se mêler à cette opération", craint Me Alex Giquello, président de Drouot auprès du média.

Dimanche 19 octobre au Louvre, rappel des faits

Un "commando de quatre personnes" est suspecté d'être l'auteur du cambriolage du Louvre a fait savoir le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, au micro de France Inter dès le dimanche 19 octobre. Le locataire de la place Beauvau a précisé que le braquage s'était déroulé en seulement sept minutes et que personne n'a été blessé lors des vols. "Ils ont dérobé des bijoux qui ont une vraie valeur patrimoniale, une valeur patrimoniale inestimable", a-t-il ajouté.

Ces quatre personnes sont celles "qui ont amené la nacelle au pied de la fenêtre, avant de forcer" la vitre du musée du Louvre, a déclaré dimanche la procureure de Paris, Laure Beccuau, précisant que les enquêteurs "ont des images de vidéoprotection du musée" et de la Ville de Paris. Les malfaiteurs ont pris la fuite avec le butin à bord de plusieurs scooters Tmax, mais ils ont laissé derrière eux plusieurs éléments pouvant être clés.

Alors que le vol s’est déroulé en seulement quelques minutes, la fuite des braqueurs a pu être filmée par un témoin de la scène. Sur une vidéo qui dure une trentaine de secondes et que Le Parisien relate, on peut ainsi y voir les voleurs sortir du musée du Louvre en utilisant le monte-charge qu’ils avaient utilisé auparavant pour s’introduire dans le bâtiment. Les deux hommes, habillés tout de noir, portent un gilet jaune pour l’un, et un casque de moto pour le second. Paraissant visiblement calmes sur les images, les deux individus montent sur un scooter afin de prendre la fuite après avoir tenté de mettre le feu au monte-charge, sans y parvenir. "Ils vont quitter, ils vont quitter", peut-on également entendre de la part de la personne qui filme la scène avant que ce dernier n’indique que la police est en train d’arriver sur les lieux du vol, sirène hurlante.

Les enquêteurs ont également mis la main sur plusieurs éléments ayant été utilisés par les malfaiteurs selon les informations du Parisien : un casque de moto et un gant. Autant d'indices qui pourraient permettre de retrouver les coupables. D'autres éléments devant servir au vol et à la destruction des traces ont également été retrouvés, a indiqué TF1 Info : deux disqueuses, un chalumeau, une couverture, un talkie-walkie ou encore un bidon d'essence. Les malfaiteurs avaient a priori en tête d'incendier la nacelle leur ayant permis de pénétrer le Louvre.
Le propriétaire de la nacelle a également été retrouvé.

L'engin a été mis en vente sur Le Bon Coin par une société de la ville de Louvres, dans le Val-d'Oise. Plusieurs hommes se seraient présentés comme de potentiels acheteurs et auraient menacé l'employé chargé de vendre la nacelle avant de repartir avec l'engin. Le vol a été signalé neuf jours avant le cambriolage avec un message sur les réseaux sociaux. L'enquête a permis de confirmer que la plaque d'immatriculation de l'engin avait été changée et les logos de l'entreprise effacés.

Un dispositif de sécurité inadapté et insuffisant

Selon un rapport de la Cour des comptes, des retards "considérables" et "persistants" dans la mise aux normes des installations techniques du musée du Louvre sont pointés du doigt. Dans le secteur Denon - où se trouve la Galerie d’Apollon - un tiers des salles ne dispose d’aucune caméra de surveillance. "Les montants engagés sont de faible ampleur au regard des besoins estimés" et "une tendance à faire du lancement des travaux une variable d’ajustement budgétaire" est dénoncée. Malgré un budget annuel de fonctionnement de 323 000 000 euros, la sécurité n'a pas été suffisante pour mettre à mal les malfrats. Ce rapport, qui sera publié début novembre et qui est cité par France info, précise que dans un autre secteur du musée, le Richelieu, "les trois-quarts des salles sont dépourvus d’équipement de vidéosurveillance".

"Il y a quelques caméras périmétriques, mais qui sont vieillissantes (...), le parc est très insuffisant, ne couvre pas l’ensemble des façades du Louvre, et malheureusement du côté de la galerie d’Apollon" où a eu lieu le vol, "la seule caméra est posée en direction de l’ouest et donc ne couvrait pas le balcon concerné par l’effraction", a déclaré Laurence des Cars, la présidente-directrice du musée, auditionnée au Sénat le mercredi 22 octobre 2025.

Si "les vitrines installées en décembre 2019 représentaient un progrès considérable en termes de sécurité, tant le degré d’obsolescence des anciens équipements était avéré", en revanche, "elles répondaient à un type d'action, une attaque par arme, et non pas aux matériaux lourds qui ont été utilisés pour le drame de dimanche dernier", a-t-elle reconnu devant les sénateurs lors de son audition.

De son côté, la ministre de la Culture Rachida Dati a reconnu que "des failles sécuritaires ont bien existé et il faudra y remédier", lors de son audition par la commission des Affaires culturelles du Sénat. "C'est un échec, un tel événement ne peut pas rester sans conséquences", a-t-elle poursuivi.

La ministre de la Culture Rachida Dati a promis ce vendredi la mise en place de dispositifs anti-intrusion "avant la fin de l'année". "Ça fait plus de 20 ans que les risques intrusion et vol ont été structurellement sous-estimés" au Louvre, désormais, des "mesures d'urgence" s'imposent. "On ne peut pas continuer comme ça", a ajouté la ministre sur TF1. Pour y remédier, elle a annoncé la mise en place de "dispositifs anti-voiture-béliers, anti-intrusion", vendredi 31 octobre sur TF1, et ce, "avant la fin de l'année".