Des chimpanzés se mettent soudainement à se nourrir d'excréments, ce comportement inquiète les scientifiques

Des chimpanzés se mettent soudainement à se nourrir d'excréments, ce comportement inquiète les scientifiques Des chercheurs ont observé des chimpanzés en train de manger des excréments. Cette alimentation pourrait s'avérer dangereuse.

Les chimpanzés sont les animaux actuels les plus proches génétiquement de l'homo sapiens. Ils sont cependant menacés d'extinction, particulièrement l'espèce du Bonobo, du fait de l'activité humaine qui provoque la destruction de leur habitat ainsi qu'à cause de la chasse. Leur comportement intéresse grandement les scientifiques. Dans la forêt de Budongo, en Ouganda, des chercheurs les ont observés et ont été surpris par un changement dans leur alimentation.

Les chimpanzés étaient en train de se nourrir de guano, soit d'excréments de chauves-souris, comme le rapporte l'étude. 839 cas d'individus se nourrissant de guano ont été relevés ces dernières années, ce qui n'avait jamais été le cas chez des mammifères vivant dans les forêts. Les empreintes relevées au sol et les images montrent que c'était bien une consommation intentionnelle. 

Ces singes ont en fait besoin de minéraux. Auparavant, ils les trouvaient dans les palmiers en décomposition, mais ces arbres ont été abattus en masse dans la région pour servir de cordes de séchage aux feuilles de tabac. En manque, les chimpanzés se sont tournés vers ces excréments, riches en minéraux essentiels à leur santé. La concentration reste néanmoins inférieure à celle trouvée auparavant dans les palmiers. 

Ce comportement n'est toutefois pas anodin. S'il fait écho à la destruction de l'habitat du chimpanzé, les scientifiques s'inquiètent aussi de ses conséquences sanitaires. Les chauve-souris peuvent, en effet, héberger une grande variété de virus et d'agents pathogènes. Le guano de ces animaux nocturnes est plus précisément positif à "27 virus infectieux, avec une moyenne de 14,5 par échantillon".  Un quart ont été identifiés comme des virus de mammifères alors que le reste relevait de virus d'insectes ou d'invertébrés. Si la plupart n'étaient pas liés à des virus pouvant potentiellement être dangereux pour l'Homme, un cousin du SRAS-CoV-2, le virus à l'origine de la pandémie de Covid-19, a été repéré.

"Les activités humaines sont souvent les principaux facteurs d'émergence de virus parmi la faune sauvage et les humains. Elles créent des opportunités pour les virus de franchir les barrières entre les espèces en augmentant les contacts entre les humains, les animaux domestiques et la faune sauvage",  a déclaré à Mongabay Arend de Haas, écologiste de la conservation. 

La solution qui "aurait pu être la plus simple" était de "proposer des alternatives à l'abattage de ces arbres", a précisé Tony Goldberg, professeur d'épidémiologie à l'Université du Wisconsin-Madison et auteur principal de l'étude. Il a toutefois ajouté que les agriculteurs locaux ignoraient les conséquences que cela impliquerait sur la faune.