Marina, journaliste russe arrêtée : une amende pour sa vidéo, la prison pour la pancarte ?

Marina, journaliste russe arrêtée : une amende pour sa vidéo, la prison pour la pancarte ? MARINA OVSYANNIKOVA. La journaliste russe arrêtée pour avoir brandi une pancarte dénonçant la guerre en Ukraine a été condamnée à une amende, mardi 15 mars 2022, pour une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Libérée, elle risque tout de même la prison.

[Mise à jour le 15 mars à 17h27] Première condamnation contre Marina Ovsyannikova. La journaliste russe qui a brandi une pancarte hostile à la guerre en Ukraine en plein journal télévisé a été condamné, mardi 15 mars 2022, à une amende de 30 000 roubles (soit 256 euros). Mais cette peine prononcée ne concerne pas son irruption sur le plateau TV. Il s'agit en effet ici d'une décision prise à la suite de la vidéo qu'elle avait enregistrée puis fait diffuser sur les réseaux sociaux (lire plus bas), appelant notamment à des rassemblements illégaux. "Je continue de croire que la Russie a commis un crime en attaquant l'Ukraine. Je ne retire aucun de mes propos, il s'agissait bien d'une déclaration anti-guerre", a-t-elle affirmé au tribunal, comme le rapporte le média en ligne russe indépendant Médiazona. Libérée, elle n'en a pour autant pas fini avec la justice. En effet, une autre enquête, cette fois pénale, a été diligentée à la suite de son action menée en direct à la télévision, lundi 14 mars. Elle risque, dans ce cadre, jusqu'à 15 ans de prison. Le président Emmanuel Macron a annoncé vouloir lui accorder une protection.

"No war", une pancarte contre la guerre en Ukraine en plein JT russe

"Non à la guerre. Ne croyez pas à la propagande. On vous ment, ici". Ce sont les propos inscrits en cyrillique sur une pancarte brandie lundi 14 mars 2022 par Marina Ovsyannikova en plein journal télévisé sur la principale chaîne d'information russe, Pervy Kanal. Alors que la caméra était braquée sur la présentatrice du JT, la journaliste a fait irruption derrière elle, munie de sa pancarte. Cette dernière est restée quelques secondes à l'écran avant que l'équipe technique de la chaîne ne diffuse dans la précipitation les images d'un hôpital, coupant la présentatrice dans son élan, restée jusque là impassible.

15 ans de prison pour la journaliste russe ?

Arrêtée et placée en garde à vue, elle risque jusqu'à 15 ans de prison au regarde de l'article 207.3 du Code pénal russe réprimant toute "diffusion publique d'informations délibérément fausses sur l'utilisation des forces armées de la Fédération de Russie" selon l'agence de presse russe Tass, citant une source policière. Elle doit être jugée à Moscou, comme le rapporte le média russe Novaya Gazetta.

En marge d'un déplacement, Emmanuel Macron a annoncé, mardi 15 mars, "lancer les démarches diplomatiques pour offrir une protection soit à l'ambassade soit aussi une protection asilaire. J'aurai l'occasion lors de mon prochain entretien avec le président Poutine de proposer cette solution de manière directe et très concrète." 

Une vidéo enregistrée avant de brandir la pancarte

Peu de temps avant son action Marina Ovsyannikova avait enregistré une vidéo, publiée ensuite sur les réseaux sociaux dans laquelle elle explique avoir "honte d'avoir permis que des mensonges soient diffusés à la télévision"  et d'avoir "fai[t] la propagande pour le Kremlin", dénonçant l'invasion de la Russie en Ukraine : "Ce qui se passe actuellement en Ukraine est un crime, et l'agresseur, c'est la Russie. La responsabilité de ce crime pèse sur la conscience d'un homme et d'un seul : Vladimir Poutine". 

Dans cette même vidéo, elle explique les raisons de son action : "mon père est ukrainien, ma mère est russe. Ils n'ont jamais été ennemis. Le collier que je porte est le symbole de la nécessité pour la Russie d'arrêter immédiatement cette guerre fratricide. Notre peuple fraternel peut encore faire la paix."

Autour du même sujet

Ukraine