Troupes en Ukraine : quels Français pourraient être envoyés sur le front ?

Troupes en Ukraine : quels Français pourraient être envoyés sur le front ? Emmanuel Macron a récemment déclaré que l'envoi des troupes françaises en Ukraine n'était pas exclu. Qui pourrait être envoyé à la guerre dans l'hypothèse où ce cap serait franchi ?

Emmanuel Macron s'est toujours montré prudent concernant le conflit entre l'Ukraine et la Russie. S'il affirme soutenir l'Ukraine, il s'est toujours refusé à envoyer des troupes françaises sur le territoire européen envahi. Pourtant, ses dernières déclarations laissent entendre un tout autre discours. S'il a estimé, lors d'une conférence à l'Elysée, qu'il "n'y avait pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol", il a nuancé en admettant que "rien ne devait être exclu". "Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre", a assuré le président. Ses propos ont surpris dans le camp présidentiel et ont été très mal accueillis par l'opposition. 

Le porte-parole de l'ambassade de Russie en France, Alexander Makogonov, a également alerté sur BFMTV mardi 27 février, de la portée que pourrait avoir une telle action : "L'envoi de troupes au sol sera la ligne rouge parce que ça peut déclencher la Troisième Guerre mondiale, et ça sera la guerre entre les puissances nucléaires". 

Mais qu'est-ce qu'Emmanuel Macron entendait vraiment par ces mots ? Il a précisé que cet hypothétique envoi des troupes en Ukraine serait surtout lié à des "catégories d'action" identifiées comme prioritaires telles la cyberdéfense, la coproduction d'armement et de munitions, le soutien à la frontière biélorusse ou encore les opérations de déminage. Il ne s'agirait pas d'envoyer des troupes pour combattre directement les Russes, selon une source proche de l'exécutif auprès de l'AFP. Stéphane Séjourné, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, a affirmé que la présence de troupes occidentales en Ukraine ne ferait pas franchir "le seuil de belligérance". Pour sa part, après avoir rappelé que la France n'est pas "en guerre avec le peuple russe ou la Fédération de Russie", Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a rejeté l'hypothèse d'un envoi d'unités de combat terrestres et privilégierait une aide fournie par des conseillers, des experts ou encore des démineurs, comme l'a rapporté BFMTV. Les Etats européens et ceux de l'OTAN se sont toutefois désolidarisés, n'envisageant pas de mobiliser des soldats pour l'Ukraine.

Une simple aide ou une entrée en guerre ?

Selon Jérôme Pellistrandi, directeur de la Revue Défense Nationale, auprès de La Dépêche, le type de troupes que la France pourrait envoyer en Ukraine serait plutôt "un appui du renseignement français, qui permettrait aux forces ukrainiennes de se défendre avec par exemple la définition de cibles de haute valeur stratégique en Crimée ou aux alentours". Pour TF1, Michel Goya, consultant militaire, a également listé les différentes formes que pourrait prendre l'envoi de troupes. "Il y a d'abord la forme clandestine, avec des structures discrètes. En somme, du non-avoué. À partir du moment où vous vous affichez, il existe aussi plusieurs stades", a-t-il expliqué.

Le premier stade concerne l'envoi de conseillers ou de spécialistes à l'arrière du front pour aider les forces armées ukrainiennes. Un pas supplémentaire serait franchi en passant à un appui par des forces aériennes ou d'artillerie pour viser les soldats ennemis. C'est à ce stade qu'il s'agit d'une entrée en guerre même si ce n'est pas par l'engagement direct des forces de combats dans l'action. Or, l'entrée dans une guerre de la France est régie par la Constitution : elle doit être autorisée par le Parlement. L'ultime étape est d'employer tous les moyens pour le combat. 

Comment fonctionne la mobilisation en France ?

Si la France atteignait ce dernier stade, qui pourrait être appelé sur le front ? Selon Vie publique, si la France entrait dans le conflit, les premiers mobilisés seraient les militaires professionnels et notamment les forces opérationnelles de l'armée de terre. Selon un reportage TF1, l'armée française formerait d'ailleurs ses militaires aux combats dans les tranchées, comme ils ont lieu en Ukraine. Ces tranchées ont été bâties deux ans auparavant lors de l'escalade des tensions à l'Est de l'Europe. 

Si l'armée est dépassée, que se passerait-il ? Depuis la suspension du service militaire en 1997, un simple citoyen ne peut pas être envoyé au front. Dans ce cas d'extrême nécessité, un dispositif de renfort d'appoint serait mis en place avec les réservistes. La réserve militaire est composée de volontaires agréés auprès d'autorités militaires en raison de leurs compétences. Si cette réserve ne suffisait toujours pas, il est difficile de savoir si une mobilisation générale serait possible. 

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