Hollande et Taubira : en coulisses, les piques mutuelles fusent

F.D.

Hollande et Taubira : en coulisses, les piques mutuelles fusent Le président de la République et son ancienne ministre arborent tous deux un respect mutuel, sans doute sincère. Mais ils ne manquent pas de s'égratigner en petit comité.

L'exercice exigeant du pouvoir aura lié de manière inextinguible François Hollande et Christiane Taubira. Le soutien qu'elle aura reçu de la part du président lors de ses trois ans Place Vendôme, mais aussi les explications de texte lors des arbitrages difficiles sur les réformes, les bisbilles, tout autant que les moments les plus graves et douloureux du quinquennat, comme lors des attentats survenus à Paris, ont forcément rapproché le chef de l'Etat et son ex-garde des Sceaux. Cette dernière n'a pas manqué de lui rendre hommage dans son livre, "Murmures à la jeunesse", à ce sujet. Mais Le Canrd Enchaîné nous apprend aussi que Christiane Taubira se permet de virulentes critiques, en coulisses. Comme ce sévère jugement qu'elle délivre en petit comité, au sujet de la réforme constitutionnelle : "François Hollande s'est cru machiavélique en proposant la déchéance de nationalité. Il a jonglé entre les opposants et partisans, fait plaisir à la droite et au FN. Il s'est pris pour Mitterrand, mais il lui manque un étage".

François Hollande appréciera la comparaison. Lui-même n'est pas dupe des manoeuvres politiques préparées par son ancienne ministre. "Elle a choisi de publier un livre pour rendre sa sortie plus spectaculaire", regrette-t-il devant des visiteurs, toujours selon Le Canard. L'hebdomadaire nous révèle aussi "l'hommage" rendu à Christiane Taubira en conseil des ministres, le 27 janvier, par le président : "C'est une très belle personnalité qui a fait de très grandes choses à la tête de son ministère. Mais quand on gouverne dans les circonstances actuelles, il faut avoir une seule chose en tête, une seule préoccupation : l'intérêt de la nation, et ne pas essayer de courir après une stratégie électorale. Il n'y a qu'une éthique collective. Quand on est dans un gouvernement, c'est pour servir l'équipe, et pas pour se mettre soi-même en valeur". Heureusement pour elle, l'ex-membre du gouvernement n'était pas présente lors de cet hommage appuyé. Mais d'autres auront peut-être entendu le discours du président comme un avertissement - à peine - voilé. A commencer par Emmanuel Macron et Manuel Valls...

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