Pétain "grand soldat" : le tacle de François Hollande à Emmanuel Macron

Pétain "grand soldat" : le tacle de François Hollande à Emmanuel Macron PETAIN VERDUN - Tous les présidents de la Ve République, de Charles de Gaulle à Nicolas Sarkozy, ont salué l'action de Philippe Pétain durant la Grande Guerre. Pour François Hollande, on ne peut pas dissocier le héros du traître.

Emmanuel Macron ne rendra pas d'hommage à Philippe Pétain, l'Elysée a clarifié les choses quelques heures après qu'une polémique a éclaté à partir de quelques phrases prononcées par le président, en marge de son déplacement à Charleville-Mézières. "Le maréchal Pétain a été un grand soldat de la Grande Guerre, c'est une réalité", a-t-il déclaré, alors que des journalistes voulaient savoir quelle place lui serait accordée dans les hommages rendus aux maréchaux aux Invalides ce samedi 10 novembre. Emmanuel Macron n'a pas affirmé que Philippe Pétain serait honoré, mais il a laissé entendre qu'il était "légitime" que sa place soit reconnue dans les commémorations de l'armistice. "Je reconnais la part que nos maréchaux et notre armée ont joué. Nous lui devons la victoire", a répondu Emmanuel Macron devant les journalistes.

Toute la polémique tient sur cette question : peut-on saluer la mémoire de "l'homme de Verdun" tout en rappelant qu'il fut aussi celui qui dirigea le régime de Vichy, qui collabora avec les nazis et joua un rôle incontestable dans la déportation de milliers de juifs depuis la France ? Tous les présidents français de la Ve République, jusqu'à Nicolas Sarkozy, ont rappelé les faits d'armes glorieux de Philippe Pétain durant la Grande Guerre, à commencer par son plus grand opposant durant la Seconde Guerre mondiale, le général De Gaulle. Tous ont aussi rappelé l'ignominie de la collaboration et sa responsabilité dans les crimes du régime de Vichy (voir ici : Macron sur Pétain : des propos proches de ceux de De Gaulle). Alors que la France commémore les 100 ans de "la Der des Der", la question se pose encore avec acuité. Peut-on dissocier les deux époques ? Peut-on dissocier le héros du traître ? Alors qu'Emmanuel Macron a laissé entendre que oui, son prédécesseur à l'Elysée a tenu à faire valoir sa position sur le sujet, sur un ton pour le moins professoral : "L'Histoire n'isole pas une étape, même glorieuse d'un parcours militaire. Elle juge l'immense et indigne responsabilité d'un maréchal qui a délibérément couvert de son nom et de son prestige, la trahison, la collaboration et la déportation de milliers de juifs de France", a écrit François Hollande sur Twitter.