Charlie Hebdo : des caricatures... et une attaque qui mobilise la DGSI
Charlie Hebdo a-t-il été victime d'une attaque informatique ? C'est en tout cas ce qu'affirme ce jeudi 5 janvier Europe 1. Selon les informations recueillies par la radio, le site internet de l'hebdomadaire satirique aurait été attaqué par des pirates mercredi 4 janvier 2023, jour de la publication d'un numéro spécial consacré aux tragiques attentats de 2015 et dans lequel plusieurs caricatures d'Ali Khamenei, Guide suprême de la République islamique d'Iran, se trouvaient. Cela n'a d'ailleurs pas manqué de créer une polémique diplomatique, Téhéran dénonçant des caricatures insultantes.
D'après Europe 1, l'accès à la boutique en ligne ainsi que la page d'accueil du site de Charlie Hebdo auraient été piratés. La radio affirme que des données et des informations personnelles de plusieurs milliers d'abonnés de charliehebdo.fr auraient été mises en vente sur le darkweb. Le journal aurait porté plainte "pour altération d'un système de traitement automatisé des données (Stad)", détaille Europe 1, qui affirme par ailleurs que le dossier serait pris très au sérieux par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Dès mercredi, la section cyber du parquet de Paris aurait en effet ouvert une enquête confiée à la DGSI et à l'office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC).
Les menaces iraniennes contre la France
Dans un numéro spécial dédié aux tragiques attentats de 2015, le média satirique Charlie Hebdo a donc publié ce mercredi plusieurs caricatures d'Ali Khamenei, plus haute personnalité religieuse et politique d'Iran. Ces dessins diffusés dans le cadre d'un concours de caricatures lancé par le média satirique ont été dévoilés dans le premier numéro 2023 de l'année. En marge du concours, Charlie Hebdo a estimé que ces dessins étaient "une manière de montrer [leur] soutien aux Iraniennes et aux Iraniens qui mettent en jeu leur vie pour défendre leur liberté face à la théocratie qui les opprime depuis 1979". Depuis septembre 2022, le pays connaît une vague de contestation contre le régime à la suite de l'arrestation et l'assassinat de Mahsa Amini par la police des mœurs.
Le régime iranien a vivement réagi et désapprouvé ces caricatures jugées "insultantes". C'est sur Twitter que le ministre iranien des Affaires étrangères a critiqué l'"acte insultant et indécent d'une publication française en publiant des caricatures contre l'autorité religieuse et politique", indiquant que "cela ne restera pas sans réponse efficace et ferme" a-t-il prévenu. L'homme politique a également ajouté que l'Iran "ne permettrait pas au gouvernement français de dépasser les bornes".
Numéro spécial du 7 janvier !
— Charlie Hebdo (@Charlie_Hebdo_) January 3, 2023
Retrouvez :
Les gagnants de notre concours international de caricatures #MullahsGetOut
Reportage avec les mutazilites, ceux qui veulent réformer l'islam
La révolution iranienne va-t-elle inspirer le Moyen-Orient ?
En vente mercredi ! pic.twitter.com/HFmo9GGyzK
En réaction à ces attaques contre le gouvernement français, pourtant séparé de tout regard sur la presse depuis la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, Nathalie Loiseau, députée représentante de la France au Parlement européen a réagi sur Twitter : "Que ce soit parfaitement clair : le régime répressif et théocratique de Téhéran n'a aucune leçon à donner à la France", a-t-elle prévenu.
Depuis la diffusion de ces caricatures l'ambassadeur français en Iran, Nicolas Roche, a été convoqué par les autorités locales. Le lendemain, ce jeudi 5 janvier, le régime iranien a annoncé via un communiqué que le ministère des Affaires étrangères mettait "fin aux activités de l'Institut Français de Recherche en Iran (Ifri) comme une première étape". Cet établissement établi en Iran, l'un des 27 centres de recherche français dans le monde, a pour mission première de promouvoir la recherche "dans les domaines de l'archéologie et des sciences humaines et sociales", selon le site internet de l'institut.