Si une femme gagne plus d'argent que son mari, elle court ce risque très particulier

Si une femme gagne plus d'argent que son mari, elle court ce risque très particulier Peu importe votre âge, si vous êtes une femme avec un salaire supérieur à celui de votre conjoint, vous devriez vous méfier.

Aujourd'hui, un quart des femmes ont un salaire supérieur à celui de leur conjoint, contre un sur cinq en 2002. Pourtant, "en 2023, les femmes fonctionnaires qui travaillent dans un ministère sont payées en moyenne chaque mois 435 euros bruts de moins que les hommes, soit un écart de -11,0 %. À temps de travail égal, cette différence de rémunération passe à -9,1 %", indiquent les statistiques du ministère de la fonction publique. En dix ans, l'Insee a tout de même recensé une baisse de 4,7 points de l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes.

Cette diminution, plutôt réjouissante, est malheureusement entachée par le récent rapport de l'Institut national d'études démographiques (Ined). Menée à partir d'un échantillon regroupant des données de près d'un million de couples hétérosexuels, représentatifs de la population française entre janvier 2011 et janvier 2017, l'étude fait état d'un "risque accru" de séparation pour les femmes dont le revenu salarial est plus élevé que celui de leur mari.

Qu'ils soient mariés, pacsés ou en cohabitation, "les couples dans lesquels la part de revenu apporté par la femme est supérieur à 55% sont plus instables que les autres couples, de manière significative", indique le rapport. En comparaison avec les couples aux revenus égaux, le risque de séparation est supérieur de 11 à 40%. Un chiffre en constante augmentation parmi les revenus les plus faibles.

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Le statut du couple peut également avoir une influence sur le risque de séparation. En effet, les couples en union libre présentent un risque de séparation plus élevé que ceux mariés ou pacsés. À l'inverse, "chez les couples pacsés, l'association entre les écarts de revenus et le risque de séparation est moins marquée". Du côté des couples mariés, "la stabilité est plus grande lorsque l'homme est le principal soutien financier du ménage". Même les jeunes couples sont concernés, peu importe qu'ils aient grandi ou non avec des normes plus égalitaires que les générations précédentes.

Les sociologues observent d'ailleurs que les normes traditionnelles déclinent, mais sont aussi valorisées par des mouvements de réaction, avec notamment l'essor des "tradwives". De nombreuses femmes se mettent en scène sur les réseaux sociaux, en train de faire des tâches ménagères, donnant des techniques de nettoyage et des recettes de cuisine. Selon l'Institut national de l'audiovisuel (INA), elles défendent un "modèle stéréotypé de la femme au foyer des années 1950, entièrement dévoué à sa famille et surtout à son mari".

Pour Lucie Quillet, journaliste spécialiste du travail des femmes, ce mouvement est à la fois "très dangereux pour les femmes et pour les hommes qui n'ont pas le droit de sortir d'une partition très genrée". Ils sont ainsi perçu comme les pourvoyeurs de la famille et son principal soutien financier, voire le seul. Une autre interprétation est donnée par l'institut : la séparation pourrait être plus envisageable pour les femmes en cas d'insatisfaction conjugale car elles ont les capacités financières de vivre sans conjoint.